Le 30 juillet dernier, les directions commerciales d’Algérie Télécom (AT) étaient destinataires d’une correspondance adressée par la direction générale dans laquelle il leur était donné l’instruction de procéder à une uniformisation des moyens d’évaluation et techniques et commerciaux afin de procéder à partir du 1er août à une augmentation de la taxe habituelle. Celle-ci devait passer du simple au double.
Aucun parmi les cadres rencontrés et avec lesquels a été abordé le sujet n’était enthousiasmé par l’idée.
D’abord en raison du choix de la période, de la date à laquelle l’instruction était donnée et des délais relativement courts pour appliquer la mesure sur le terrain.
Cela étant, à un moment où l’opérateur historique se devait de faire face intelligemment à la concurrence même s’il garde le quasi-monopole de la téléphonie fixe en engageant une stratégie par laquelle le secteur se dirigerait vers des prix plus attractifs, c’est plutôt l’inverse qui est choisi.
En fait, «une décision prise en totale méconnaissance de la réalité du marché… une insulte faite aux abonnés et à une potentielle clientèle… impensable parce qu’absurde», nous dira l’un de nos interlocuteurs.
A peine organisées, les équipements et les hommes adaptés à cette nouvelle mesure, ne voilà-t-il pas que, le 5 août, les directions commerciales sont de nouveau sollicitées par une autre correspondance de leur direction générale où il leur est enjoint cette fois-ci de «remettre à une date ultérieure l’application de la note du 30 juillet»… une manière comme une autre de dire aux… calendes grecques et sans doute une annulation pure et simple que les pontes de la DG ne veulent pas assumer directement… problème d’ego sans doute.
Les responsables des services techniques et commerciaux n’auront qu’à se plier de nouveau à l’instruction émanant de la hiérarchie tout en ne manquant pas de s’interroger et d’évoquer entre eux cette mesure incongrue qui leur fait dire ou les fait douter «de l’existence d’une quelconque stratégie commerciale à même de permettre à AT, exception faite de sa proximité naturelle avec l’Etat, d’être à la hauteur d’une concurrence… une vraie».
Une mesure de ce genre a-t-elle des conséquences financières sur les abonnés, pèserait-elle à défaut d’avoir perturbé momentanément le fonctionnement des structures concernées d’AT ?
Selon les cadres à qui nous a été donné l’heur de nous entretenir, il semblerait que les conséquences financières «auraient pu avoir lieu une fois le bimestre bouclé et la facture parvenue à l’abonné.
Cette mesure n’aura finalement que fait faire des efforts supplémentaires et sans raison au personnel de l’entreprise. Quant au manque à gagner, cela dépend du point de vue duquel on se place.
Il y a manque à gagner si l’on tient compte de ce qui aurait pu rentrer dans les caisses d’AT si la double taxe, parce qu’il s’agit de la matérialisation d’une taxe égale à celle déjà existante sur les appels aussi bien vers le fixe que vers le mobile. Nous vous laissons la latitude d’apprécier le gain ou le manque».
Une telle improvisation et à un tel niveau de direction et de réflexion de l’entreprise fait également rager nos interlocuteurs qui considèrent «comme relevant du plus profond manque de considération si ce n’est de mépris du consommateur la prise d’une telle décision» et, précisant leur pensée, ils ajoutent : «Une opération de ce genre parce qu’elle met dans une vraie gêne les clients aurait gagné à être précédée d’une campagne de sensibilisation, voire d’information obligatoire parce que entraînant une modification dans une relation contractuelle prestataire/client. Comme elle aurait gagné également à être débattue avec nos partenaires commerciaux que sont les taxiphones et autres kiosques multiservices les plus directement concernés… la modulation de n’importe quel artifice sur la téléphonie étant plus perceptible chez eux qu’ailleurs, sachant que l’usager, contrairement à l’abonné qui ne règle sa facture qu’à chaque bimestre, s’acquitte sur place de sa communication».
L’autre question qui se pose alors est : «Il a donc bien fallu que ceux qui ont appelé entre le 1er et le 5 du mois d’août paient cette deuxième taxe puisque, sur le plan technique, les directions commerciales d’AT se sont tout de suite mises au diapason. Et quel pourrait être l’impact financier d’une telle situation ?».
Une question à laquelle tous nos interlocuteurs ont décliné la ou les réponses pour éviter une quelconque disproportion.
Nous saurons ailleurs que cette annulation serait le fait d’une contestation de l’association des gérants de KMS, une concentration feutrée… très feutrée même.
Ce qui justifierait sans doute la reculade d’AT d’autant plus qu’est toujours d’actualité la question de l’augmentation unilatérale des coûts chez les opérateurs de la téléphonie mobile depuis la promulgation de la LFC.
AT, jugeant plus rationnel de ne pas ouvrir un autre front.
Un autre dossier serait à l’origine d’un grand malaise parmi les troupes. Celui de la distribution du courrier… nous y reviendrons.
Abdelhamid Lemili