Sur leur pelouse fétiche et devant un public moins hostile, les Verts n’ont pas le droit de décevoir !
Les sceptiques vous diront toujours de rester vigilant face à des équipes dites faibles et de surcroît inconnues. Mais il y a des matchs qui ne trompent pas, comme celui de demain soir entre l’Algérie et la Tanzanie, tellement la différence est de taille entre les deux protagonistes. D’un côté, les Verts, plus mûrs que jamais, sortant d’une Coupe du monde qui les a vu tenir tête à l’Angleterre de Rooney, Gerrard et Lampard, qui aspirent à rester au sommet et gravir d’autres paliers à même de leur permettre de s’installer carrément au sommet du football africain. De l’autre côté, les Taïfa Stars, plus modestes que jamais, qui savent qu’ils n’auront aucune chance de prendre un point face à un adversaire du calibre de l’Algérie.
Mais en football, aucun match n’est gagné d’avance et c’est cela qui va pimenter cette rencontre pour lui donner ce goût d’incertitude qui fait tout le charme de cette discipline.
Les Taïfa Stars décomplexés depuis qu’ils ont affronté Kakà et Robinho
La Tanzanie tente en fait de relever la tête, à la demande du peuple, profondément déçu par son équipe après une série de résultats médiocres, ponctuée par un match nul (1-1) à Dar Essalam face au Kenya.
Une demande à laquelle a répondu prestement M. Jakaya Mrisho Kikwete, le président de la République en personne, qui a viré l’ancien entraîneur national, le Brésilien Marcio Maximo, pour le remplacer par le Danois Jan Poulsen. Un investissement lourd qui a eu le mérite de calmer un peu la colère des supporters des Taïfa Stars et leur a redonné bien des espoirs de voir leur équipe nationale arracher une qualification à la CAN-2012.
C’est aussi dans ce même élan que l’Etat a accepté de casser la tirelire en accueillant au mois de juin dernier, l’équipe du Brésil avec toutes ses stars mondialistes (Robinho, Kakà, Lucio, Maicon, Dani Alves et les autres). Un match qui avait eu le mérite de voir les Tanzaniens marquer un but à la Seleçao, et sauver l’honneur de ce cinglant 1-5 essuyé à domicile
Ils veulent jouer les trouble-fêtes
Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les joueurs de Jan Poulsen joueront leur match complètement décomplexés. Ils savent très bien qu’ils vont affronter les récents mondialistes et quatrièmes Africains de la dernière CAN. Mais cela ne les impressionnera pas le moins du monde.
Et comment l’être lorsqu’on a affronté en moins de deux ans, de gros calibres comme le Cameroun, le Sénégal, l’Egypte (au Caire) et la sélection du Brésil ! C’est cela l’atout majeur de cette équipe de Tanzanie qui jouera crânement ses chances dans cette partie, tout en sachant que les Verts traversent une période de doute, qui les met dans une position inconfortable, psychologiquement du moins. Car malgré cet air d’intrus qu’ils affichent dans ce groupe qui paraît facile pour le Maroc et l’Algérie qui y règnent en maîtres de cérémonie, les Taïfa Stars gardent le fol espoir de jouer les trouble-fêtes, tout comme la République centrafricaine, le quatrième prétendant
Poulsen rappelle des «bannis» et écarte des cadres de l’équipe
A cet effet, Jan Poulsen a opéré quelques changements que réclamaient les supporters à travers la presse tanzanienne. Comme le rappel de Juma Kaseja, écarté par Marcio Maximo pour indiscipline. Le coach danois a par ailleurs rayé de la liste sept anciens piliers de l’équipe, parmi lesquels quelques cadres comme Jerrson Tegete, Uhuru Seleman, Abdulhalim Humud, Kelvin Yondani et Juma Jabu, jugés inaptes pour ce match pour des raisons diverses. Le milieu offensif des Mtibwa Sugar, Abdulhalim Humud, n’a pas convaincu le sélectionneur qui le trouve moins en forme que d’autres, comme Nurdin Bakari ou Henry Shindika. Enfin, Jan Poulsen a tenté aussi de faire l’unanimité autour de lui, en sélectionnant un autre joueur «banni» par son prédécesseur.
Il s’agit de la coqueluche des Young Africans, Athuman Addi, plus connu sous le pseudonyme de Chuji. Mais à son grand malheur, ce dernier, blessé, n’a pu récupérer ses forces pour le déplacement à Blida. C’est dire donc si cette équipe est en pleine révolution. Chaque joueur se donnera donc doublement pour assurer sa place pour la suite des éliminatoires.
Poulsen va tenter de surprendre par des contres et des balles arrêtées
Jan Poulsen dont c’est le premier match officiel à la tête de l’équipe nationale, tentera également de son côté le tout pour le tout, afin de fausser les données à Rabah Saâdane et son équipe.
Un dispositif ultra défensif sera mis en place à coup sûr par l’entraîneur danois, qui misera sur les contres et les balles arrêtées pour créer la surprise face à l’ogre algérien.
Une partie peu aisée, connaissant la force de la défense algérienne dans les airs. La seule issue possible était la défense à trois, prônée par Saâdane et dont il va sans doute se débarrasser aujourd’hui, après avoir fait appel à Chakouri, un arrière latéral droit de métier. Mais malgré toutes ces agitations de la part de Poulsen, l’Algérie reste quand même le grand favori de cette rencontre. Les supporters des Verts s’imaginent mal Matmour et ses camarades rater leur premier match des éliminatoires de la CAN-2012 qui sera organisée, conjointement, par le Gabon et la Guinée équatoriale.
Sur leur pelouse fétiche et devant un public moins hostile, les Verts n’ont pas le droit de décevoir !
Personne ne s’imagine, en effet, que les Verts peuvent perdre le match de ce soir, ou même faire un nul devant une équipe aussi modeste. Après avoir été hués par des supporters très en colère au stade du 5-Juillet à Alger, à la suite de la défaite contre le Gabon, les joueurs de Saâdane se doivent de renouer avec les victoires qui les ont hissés au rang d’idoles du peuple. Le stade Tchaker de Blida leur offre toutes les commodités pour marquer des buts et reprendre confiance.
Tout plaide pour cela assurément, car ils retrouveront leurs repères sur leur pelouse fétiche, tout en ayant également un public moins hostile que celui d’Alger qui ne leur pardonne malheureusement jamais rien. Les joueurs et leur entraîneur l’ont désiré et la FAF le leur a accordé.
D’abord redescendre du nuage sud-africain !
Ils rejoueront à Tchaker et se remémoreront leurs inoubliables souvenirs. Et cette fois en plus, l’adversaire ne sera ni l’Egypte, ni la Serbie, ni le Gabon et ni le Maroc. Il s’agit d’une simple petite équipe en voie de développement qui sait qu’elle a peu de chances de bousculer l’Algérie. Maintenant, il reste à savoir si les protégés de Rabah Saâdane seront assez intelligents pour redescendre de leur nuage sud-africain et remettre les pieds sur terre, afin d’affronter humblement cette Tanzanie qui ne paye pas de mine. Ils feront sans doute mieux de se rappeler que l’Algérie non plus ne payait pas de mine il y a tout juste deux ans, en affrontant le Sénégal, lui aussi alors, récent mondialiste. A méditer…
