Cette opération, revendiquée par des islamistes, interviendrait en réaction à l’intervention française au Mali.
La crise malienne a pris mercredi 16 janvier une nouvelle dimension internationale, avec une prise d’otages massive sur un site gazier en Algérie, organisée en représailles à l’intervention, dans les airs puis au sol, des soldats français contre les bastions islamistes au Mali.
Des combattants liés à Al-Qaïda ont attaqué à l’aube le site d’In Amenas, dans le centre-est de l’Algérie, près de la frontière libyenne, à environ 1.300 kilomètres d’Alger, exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach.
Un Britannique et un Algérien ont été tués et six personnes ont été blessées, selon les autorités algériennes. Quarante-et-un « Occidentaux », « dont sept Américains, des Français, des Britanniques et des Japonais », ont été pris en otage, a affirmé un porte-parole des assaillants, cité par deux sites d’informations mauritaniens, Agence Nouakchott information et Sahara Medias.
Quelque 150 employés algériens sont également retenus, selon leur employeur, le groupe français de logistique CIS Catering. Certains d’entre eux ont été libérés, a indiqué une source officielle.

A Washington, le département d’Etat a confirmé que des Américains figuraient parmi les otages. Un Irlandais et un Norvégien sont également pris en otage, d’après Dublin et la presse norvégienne.
« Le borgne »
Selon le porte-parole islamiste, cette opération intervient « en réaction à l’ingérence flagrante de l’Algérie autorisant l’usage de son espace aérien par l’aviation française pour mener des raids contre le nord du Mali ». « Les ravisseurs réclament la libération de 100 terroristes détenus en Algérie pour relâcher leurs otages », exigeant que ces islamistes soient conduits dans le nord du Mali, a indiqué par téléphone un employé du site, ayant requis l’anonymat, qui a pu écouter des échanges entre Algériens et ravisseurs. Mais le ministre algérien de l’Intérieur Dahou Ould Kablia a affirmé que les autorités « ne répondront pas aux revendications des terroristes et refusent toute négociation ».
« Nous sommes des membres d’Al-Qaïda et nous sommes venus du nord du Mali », a assuré l’un des combattants, joint par téléphone, ce qu’a démenti le ministre Ould Kablia, affirmant qu’il s’agissait d’un groupe d’ »une vingtaine d’hommes issus de la région ». Les assaillants ont dit être sous les ordres de Mokhtar Belmokhtar, dit « le borgne », un des chefs historiques d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qu’il a introduit dans le nord du Mali. « Le borgne » a cependant été récemment écarté du groupe jihadiste et a créé sa propre katiba (unité combattante).
« Les plus fanatiques »
Au Mali même, les forces spéciales françaises ont combattu « au corps à corps » avec les islamistes à Diabali (ouest) où l’armée malienne était également présente, selon des sources de sécurité régionales. Diabali, à 400 km au nord de Bamako, a été prise lundi par les islamistes, qui y seraient dirigés par l’Algérien Abou Zeid, un des chefs d’Aqmi.
> L’évolution de la situation ce mercredi
La progression vers le Nord des troupes françaises et les combats au sol constituent une nouvelle étape dans l’engagement de Paris après des raids aériens menés depuis le 11 janvier dans le centre et le nord du pays pour empêcher une avancée des islamistes vers la capitale Bamako (sud). A Diabali, « nous avons les groupes les plus durs, les plus fanatiques, les mieux organisés, les plus déterminés et les mieux armés », selon le ministre français de la Défense. Plus de 800 soldats français sont d’ores et déjà déployés au Mali, et leur nombre devrait à terme s’élever à 2.500.
Une centaine de soldats français circulant dans une quinzaine de blindés qui avaient quitté Bamako mardi, sont par ailleurs arrivés mercredi à Markala, près de Ségou, à 235 km au nord-est de Bamako, afin d’y sécuriser un pont sur le fleuve Niger et en empêcher l’accès aux jihadistes qui se trouvent à 80 km plus au nord.