Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a reçu hier à Alger le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergueï Lavrov.
L’entretien s’est déroulé à Djenane El Mufti en présence du ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, et du ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, M. Abdelkader Messahel.
Le chef de la diplomatie russe est arrivé lundi soir à Alger pour une visite de travail s’inscrivant dans le cadre des consultations politiques entre les deux pays, liés par une Déclaration de partenariat stratégique signée à Moscou en avril 2001.
M. Sergueï Lavrov
“La Russie condamne le recours à la force en Libye”
Le ministre russe des Affaires étrangères, M. Sergueï Lavrov, a réitéré hier, à Alger la condamnation de son pays au « recours à la force » en Libye.
« Nous avons une position commune avec l’Algérie en ce qui concerne le respect du droit fondamental à la vie humaine. Et, donc, nous condamnons tout recours à la force » dans tout pays, a déclaré M. Lavrov à l’issue d’une audience que lui a accordée le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika.
Le chef de la diplomatie russe a indiqué avoir eu avec le Président Bouteflika des « consultations stratégiques sur tous les aspects des évènements qui se déroulent aujourd’hui dans la région ».
Il a affirmé que la position de son pays « coïncide tout à fait » avec celle de l’Algérie concernant « le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, d’être les maîtres de leurs destins et de déterminer les réformes politiques nécessaires ». « La Russie a soutenu la demande de la Ligue arabe au Conseil de sécurité de l’Onu pour l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne (en Libye) avec l’objectif unique de protéger la population civile », a-t-il encore rappelé, appelant au respect de cet objectif.
Tête-à-tête Medelci – Lavrov
Le ministre des Affaires étrangères M. Mourad Medelci, s’est entretenu hier à Alger en tête à tête avec le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergueï Lavrov.
Ces entretiens, qui se déroulent à la résidence Djenane El Mithaq, devaient être ensuite élargis aux membres des délégations des deux pays.
Une conférence de presse conjointe entre les deux hommes est prévue à l’issue de ces entretiens. M. Lavrov est arrivé lundi soir à Alger pour une visite de travail de deux jours, s’inscrivant dans le cadre des consultations politiques entre les deux pays, qui sont liés par une Déclaration de partenariat stratégique signée à Moscou en avril 2001.
M. Medelci
“L’Algérie appelle à la « cessation immédiate » des hostilités et de l’intervention étrangère”
L’Algérie appelle à la cessation immédiate des hostilités et de l’intervention étrangère en Libye, a indiqué M. Mourad Medelci.
M. Medelci a souligné que la « crise profonde » que traverse la Libye « s’est aggravée avec l’entrée en action des forces aériennes » des pays prenant part à l’établissement de la zone d’exclusion aérienne dans ce pays.
« Nous jugeons disproportionnée cette intervention par rapport à l’objectif assigné par le Conseil de sécurité de l’ONU dans sa résolution 1973 », a-t-il ajouté.
M. Medelci a affirmé que l’Algérie saisit cette occasion pour appeler, une nouvelle fois, à « la cessation immédiate des hostilités et des interventions étrangères, afin d’épargner la vie de nos frères libyens et de leur permettre de régler pacifiquement et durablement la crise dans le respect de la préservation de leur unité, leur intégrité territoriale et leur pleine souveraineté ». Le ministre des Affaires étrangères a indiqué aussi que l’Algérie associera ses efforts à ceux de l’Union africaine, appelée à se réunir le 25 mars à Addis-Abeba (Ethiopie), et suit avec un « intérêt certain » les efforts du secrétaire général des Nations unies qui doit réunir le Conseil de sécurité de l’ONU jeudi prochain, pour procéder à une « évaluation objective » de la situation sur le territoire libyen.
M. Medelci a, par ailleurs, confirmé que le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, avait eu un entretien téléphonique avec le vice-président américain, M. Joe Biden, à la demande de ce dernier.
Le ministre a indiqué que cet entretien était intervenu après que l’Algérie s’est exprimée de manière officielle sur la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, en déclarant avoir « pris acte » de cette décision.
« L’Algérie est membre de la communauté internationale et de l’ONU et est donc justiciable de la mise en œuvre de cette décision, a-t-il fait remarquer. M. Medelci a tenu aussi à préciser que cet entretien téléphonique avait eu lieu après la réunion de la Ligue arabe du 12 mars dernier et après celle du Conseil de sécurité de l’ONU. Dans ce contexte, Il a rappelé que l’Algérie avait participé de « manière intense » au débat de la réunion du 12 mars à la Ligue arabe, ajoutant que la décision sanctionnant cette réunion –en faveur de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne sous l’égide de l’ONU –n’avait pas été votée mais avait résulté d’un consensus.
« L’Algérie n’a pas émis de réserves formelles mais juste exprimé son point de vue » à cette occasion, a-t-il ajouté. Evoquant la situation en Tunisie et en Egypte, M. Medelci a indiqué que l’Algérie et la Russie se félicitaient que ces deux pays « s’inscrivent résolument dans une phase de transition démocratique ».
« Nous avons renouvelé notre disponibilité à soutenir ces deux pays dans cette phase critique de leur histoire », a-t-il déclaré.
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M. Lavrov : “Protéger la population civile libyenne doit être le seul objectif de la résolution 1973”
La protection de la population libyenne doit être le seul objectif de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, conformément à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, a affirmé M. Sergueï Lavrov.
M. Lavrov a rappelé que son pays a soutenu la décision de la Ligue arabe appelant à l’instauration de cette zone d’exclusion avec pour seul objectif la protection des civils libyens.
« L’objectif de la résolution 1973 était sans ambiguïté, à savoir protéger la population civile, car il était inacceptable que les autorités libyennes aient recours à l’usage de la force contre les civils », a-t-il indiqué, soulignant que les Etats qui assurent l’instauration de cette zone « doivent se limiter à cet objectif ».
Le chef de la diplomatie russe a ajouté que la réunion du Conseil de sécurité, prévue jeudi prochain, permettra l’évaluation de la mise en oeuvre de cette résolution.
Tout en estimant qu’il est prématuré d’évaluer les conséquences de la crise libyenne, M. Lavrov a, toutefois, averti, que « si on perdait le contrôle de la situation, il pourrait y avoir de nouvelles manifestations de terrorisme » dans la région.
« L’attachement inconditionnel au droit international doit être le seul critère de l’effort consenti par la communauté international pour régler les crises », a-t-il encore souligné.
« Nous insistons sur le fait que tous les problèmes doivent être réglés par des moyens pacifiques sur la base de la recherche d’un large consensus national sur ce qu’il faut entreprendre » dans les pays du monde arabe, a-t-il poursuivi.
« C’est sur la base de ces principes que le processus démocratique en Algérie se développe et que la Russie soutient », a affirmé M. Lavrov, ajoutant que son pays espère que la situation en Tunisie et en Egypte « va évoluer de la même façon ».
« La Russie veut voir les pays du Proche-Orient stables et leurs populations s’exprimer de manière démocratique », a-t-il dit.
Medelci : Des “avancées remarquables » dans le développement du partenariat algéro-russe”
Des « avancées remarquables » ont été enregistrées dans le processus du développement du partenariat algéro-russe, devenu stratégique depuis une décennie, a indiqué M. Mourad Medelci.
M. Medelci, qui animait une conférence de presse conjointe avec son homologue russe, a déclaré que les entretiens qu’il a eus avec M. Lavrov ont permis d’évaluer les avancées enregistrées par rapport aux perspectives de la Déclaration commune, rendue publique à l’occasion de la visite à Alger en octobre dernier du président russe, M. Dmitri Medvedev.
Il a ajouté, que la coopération bilatérale évolue dans des vecteurs « extrêmement sensibles », comme ceux de la défense et de la lutte contre le terrorisme.
« C’est-là un des domaines les plus sensibles et les plus importants de notre coopération surtout dans la conjoncture actuelle », a-t-il souligné.
M. Medelci a fait remarquer que la coopération économique, « également importante », se décline dans différents domaines, notamment celui de l’énergie.
Il a précisé que l’Algérie et la Russie travaillent sur deux objectifs principaux, à savoir développer le partenariat entre les entreprises des deux pays, dans les domaines de coopération déjà identifiés, comme ceux de l’industrie minière et de l’agriculture et faire participer de « façon plus large » les entreprises russes à l’effort de développement économique et social de l’Algérie,notamment dans la réalisation du programme quinquennal 2010-2014.
Le ministre a annoncé, à cette occasion, la visité à Alger dans « les prochaines semaines » d’une délégation d’opérateurs économiques russes.
M. Medelci a fait savoir que la coopération bilatérale s’étend aussi au domaine de la technologie, où les deux pays, a-t-il dit, ont convenu de travailler ensemble dans différentes applications technologiques, notamment dans le domaine spatial.
Lavrov : “De nombreux grands projets”
Pour sa part, M. Lavrov a déclaré avoir discuté » en détails » avec M.Medelci de la mise en oeuvre des accords bilatéraux conclus entre les deux parties dans les domaines économique, commercial et de l’investissement.
Il a ajouté que la coopération bilatérale comprend aussi les domaines de la défense et de la lutte contre le terrorisme.
« Nous avons noté, avec satisfaction, que les deux pays sont en train de réaliser de nombreux grands projets dans les domaines des hydrocarbures, l’énergie nucléaire et les infrastructures », s’est félicité M. Lavrov.
Le chef de la diplomatie russe a souligné que le « résultat principal de nos consultations d’aujourd’hui est que nous avons établi un calendrier pour la mise en oeuvre de nos projets dans tous ces domaines ».
Il a fait part, à cette occasion, de la « ferme volonté » des deux parties de concrétiser leurs projets dans le cadre de la Déclaration du partenariat stratégique signée par les deux pays en 2001.
Une coopération élargie à tous les secteurs
La visite à Alger de M. Sergui Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, a revêtu un double caractère politique, en raison de la conjoncture qui sévit dans le monde arabe, principalement, dans la région mais aussi éminemment économique. La Russie comme l’Algérie comptent promouvoir leur coopération dans le secteur de l’énergie, comme l´a laissé entendre a déclaré Mourad Medelci qui a informé la presse que « nous avons décidé que la délégation russe en charge de questions économiques pourrait venir en Algérie dans les semaines qui viennent », pendant que les ministres des Affaires étrangères des deux pays seraient amenés à se rencontrer régulièrement deux fois par an, une fois en Algérie, l’autre en Russie, conformément aux ententes enregistrées lors de la visite du président russe Dmitri Medvedev en Algérie.
Cette volonté de renforcer la coopération économique entre les deux pays, M. Sergueï Lavrov l’a confirmé, de son côté, en annonçant que Moscou et Alger avaient établi le calendrier des contacts sur toutes les questions de la coopération bilatérale. Cette coopération se renforcera sans doute avec la visite que Medelci effectuera en Russie, à l´invitation de son homologue russe.
Consultations politiques régulières, coopération économique chaque fois plus renforcées, ce choix est à la base de la politique d’amitié et de coopération qui a toujours existé entre l´Algérie et la Russie. Des relations historiques qui remontent au temps de la lutte de Libération nationale dans notre pays auquel l´ex-URSS avait apporté tout son soutien face à un occident entièrement acquis à la puissance coloniale de l´époque, la France. Avec l’accès à l´indépendance de notre pays ces liens de solidarité se sont encore davantage raffermis et permis de forger une solidarité sans faille avec l’Union soviétique puis avec la Russie dont le président, Dmitri Medvedev s’est rendu en visite à Alger. En octobre 2010, une visite qui intervenait après celle que le Président Abdelaziz Bouteflika avait effectuée, en 2009 , à Moscou, laquelle visite avait succédé à celle que Vladmir Poutine avait effectuée quelque temps auparavant.
La haute qualité des relations qui existent entre l´Algérie et la Russie s´est vérifié durant tous ces rendez-vous importants dans les relations bilatérales entre Moscou et au plan international où les deux capitales se comportent en alliés. Ces relations bilatérales ont été passées en revue, hier par le Président Bouteflika et le ministre russe des Affaires étrangères, tout comme la situation dans la région et au plan international. La coopération militaire, énergétique, commerciale et économique dans son ensemble, Moscou et Alger lui ont donné une impulsion sans précédent ces dernières années.
Les deux pays sont actuellement engagés dans une phase de relance économique qui rend plus indispensable que jamais leurs liens de solidarité et de coopération, spécialement dans cette phase de crise que traverse l´économie mondiale et qui les met à l´épreuve de la mondialisation. Au plan international, l´enjeu est tout aussi important et les deux pays ont toujours parlé d´une même voix, comme ils l´ont fait une fois de plus hier sur la Libye.
B. R.
