Le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a demandé, il y a quelques semaines, au président de la République Abdelaziz Bouteflika de mettre fin à la mission de Nordine Cherouati à la tête de Sonatrach. En attendant une réponse qui semble tarder, il lui a envoyé un signal très fort : il s’est passé du PDG de Sonatrach à la réunion de l’OPEP à Vienne, les 7 et 8 juin derniers.
Le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, ne veut plus de Nordine Cherouati à la tête de Sonatrach. Tout le monde dans le secteur le sait mais une source interne a affirmé à « Maghreb Emergent » que le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est désormais formellement saisi par le ministre d’une requête documentée demandant son intervention pour le départ de l’actuel PDG de Sonatrach.
Pour montrer le caractère pressant de sa demande, le ministre de l’Energie a décidé de ne pas convier Nordine Cherouati à la dernière réunion ministérielle de l’OPEP qui s’est tenue dans la capitale autrichienne, les 7 et 8 juin derniers. « Une tradition bien établie veut que le patron de Sonatrach et au moins le vice-président chargé de la Commercialisation accompagnent le ministre dans ces réunions », nous a déclaré un ancien cadre du ministère du temps de Chakib Khelil, pour confirmer que l’absence du PDG de Sonatrach à Vienne est bien « le signe que rien ne va plus entre les deux hommes ».
« Maghreb Emergent » a pris attache avec la direction de la communication de Sonatrach ; un de ses responsables lui a affirmé ne pas être au courant d’une crise entre le ministre de l’Energie et le patron de la compagnie nationale des hydrocarbures. Le président Bouteflika a été déjà sollicité par divers canaux pour tourner la page Cherouati à la tête de Sonatrach et il aurait rétorqué qu’« on ne peut changer le PDG de Sonatrach tous les six mois ». Mais des mois se sont succédé depuis, et l’atmosphère à l’intérieur de la première compagnie d’Afrique par le chiffre d’affaires n’a fait que se détériorer.
Les griefs des cadres de Sonatrach à Cherouati
Selon de nombreuses sources au sein de la grande entreprise publique, Nordine Cherouati a été incapable de lui imprimer un cours nouveau ni même de redynamiser l’activité. L’adhésion à un code de l’éthique dont il a fait son cheval de bataille a plus été perçue comme une campagne démagogique que comme un moyen de rassurer le management, moralement affaibli par les affaires de corruption qui ont éclaté au sein de Sonatrach. Décrit comme « peu ouvert » et autoritaire, il lui est reproché de privilégier le « passage en force » et d’avoir instauré un « climat de terreur » qui, loin de mettre les cadres en confiance, a aggravé une démobilisation qui semble s’installer dans la durée.
Dès l’arrivée, il y a un an, de Youcef Yousfi à la tête du ministère, les observateurs du secteur avaient prédit qu’il introduirait des changements importants dans la composition du secteur de l’énergie et des mines. Depuis, la dynamique de changement promise a été très largement ralentie autant par l’étroitesse du champ de manœuvre dont il dispose que par les solides appuis dont bénéficie l’actuel PDG de Sonatrach. Nordine Cherouati a été nommé à la tête de Sonatrach début mai 2010, quelques semaines avant l’éviction de Chakib Khelil du poste de ministre de l’Energie qu’il occupait depuis dix ans.