Algérie : qu’est devenu Hassan Hattab, le fondateur du GSPC ?

Algérie : qu’est devenu Hassan Hattab, le fondateur du GSPC ?

Quatorze ans après la grâce présidentielle, que sont devenus les émirs des années 1990 ? Certains, comme Hassan Hattab, fondateur du GSPC, coopèrent avec les services de sécurité algériens.

Au téléphone, Hassan Hattab explique ne pas pouvoir donner une suite favorable à notre demande d’entretien. « La situation du pays n’est pas propice à un rendez-vous, dit-il. Une prochaine fois, vous serez le bienvenu chez moi. » Chez lui, c’est une villa à Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger, dont l’adresse reste confidentielle. L’ex-émir des Groupes islamiques armés (GIA), fondateur en 1998 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique en 2007), a renoncé à la lutte armée depuis sa reddition, en septembre 2007.

Elle est loin l’époque où Hassan Hattab, dont la tête fut mise à prix 3 millions de dinars (l’équivalent de 28 000 euros aujourd’hui), ordonnait massacres et tueries contre policiers, gendarmes, militaires et civils. Aujourd’hui, cet homme de 47 ans est un précieux allié des services de sécurité, avec lesquels il tente de convaincre les jihadistes de déposer les armes. La collaboration de Hattab a « permis d’empêcher plusieurs crimes », selon Tayeb Belaïz, le ministre de l’Intérieur.

Assigné à résidence et placé sous contrôle judiciaire, Hassan Hattab a bénéficié de mesures de clémence dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il n’empêche, son statut reste particulier. Certes, il est libre de ses mouvements, mais il est protégé jour et nuit par les autorités. « Il ne sort jamais seul, il est toujours encadré par des hommes armés qui craignent une attaque de la part d’un repenti, d’un civil ou d’un terroriste encore en activité », témoigne le journaliste Malik Aït Aoudia, qui l’avait interviewé dans un salon de l’hôtel El Djazaïr, à Alger, dans le cadre d’un documentaire sur l’enlèvement et l’assassinat des moines de Tibhirine. Hassan Hattab était alors accompagné de deux amis, dont un ex-médecin dans les maquis qui s’est aujourd’hui reconverti dans le business du paramédical.

Hattab reçoit famille, proches, officiers et hauts responsables

De quoi vit ce père de trois enfants ? Est-il vrai qu’il est à la tête d’une fortune amassée aux cours de ses années de sang et de terreur ? « Ce sont des racontars, assure Badis Laouamar, un visiteur régulier. Il vit de la retraite de son père, 13 000 dinars par mois, et des aides d’amis et de fidèles. Il a sollicité un petit prêt dans le cadre d’un dispositif d’aide aux chômeurs pour monter une société de transport, mais il n’a pas encore obtenu de réponse. »

Dans sa villa de Ben Aknoun, qu’il quittera bientôt pour un appartement, Hattab reçoit famille et proches, officiers et hauts responsables, ex-compagnons d’armes et anciens dirigeants du Front islamique du salut (FIS). Quand il ne lit pas d’ouvrages de théologie, il passe des heures au téléphone ou sur internet. S’il refuse de se rendre dans le maquis, comme certains anciens émirs, pour prêcher la fin du jihad, il ne rechigne pas à offrir ses services. « Il en a convaincu certains de descendre en leur garantissant la vie sauve, témoigne un visiteur. Mais il refuse de se porter garant de leur avenir une fois les armes déposées. »