ALGÉRIE POSTE,Les dessous d’une grève

ALGÉRIE POSTE,Les dessous d’une grève

Ce sont d’abord les usagers qui sont sanctionnés Elu le 12 avril dernier, le syndicat d’entreprise d’Algérie Poste n’a pas encore reçu son procès-verbal d’installation.

Même si leurs revendications sont aussi légitimes que recevables, l´organisation de leur grève, déclarée illimitée de surcroît et déclenchée à l´insu du syndicat d´entreprise affilié à la Centrale Ugta (Union générale des travailleurs algériens), est entachée de nombreuses zones d´ombre. La fédération a pourtant élaboré deux plates-formes de revendications identiques pour les deux entités, Algérie Poste et Algérie Télécom, dont les négociations sont prévues le 13 juin en cours avec le ministère de tutelle. Alors, comment expliquer cette sortie inattendue des grévistes d´Algérie Poste sans couverture syndicale?

Retour sur l´historique du mouvement de grève. Aucun préavis de grève ni même une déclaration annonçaient un mouvement de protestation pour le samedi 27 mai 2011; la journée s´annonçait ordinaire pour les usagers d´Algérie Poste. Une fois sur les lieux, ces derniers sont priés de rebrousser chemin dans les grands bureaux de poste de quelques wilayas à l´instar d´Alger la capitale, Oran, Béjaïa…«Qu´est-qui se passe?» se demandent-ils? «Nous sommes en grève illimitée à partir d´aujourd´hui jusqu´à satisfaction pleine et entière de notre plate-forme de revendications», répliquaient les grévistes sur place.

La Fédération de l´Ugta qui regroupe les deux sociétés Algérie Poste et Algérie Télécom s´est déclarée surprise de la spontanéité du mouvement. «Je suis à la fois surpris et étonné de la spontanéité de ce mouvement de grève qui se déclare illimité», déclara M.Choulak pour exprimer son avis sur la grève. Une déclaration, en somme, qui nous amène à nous poser un tas de questions sur les tenants et les aboutissants de la grève.

Comment se fait-il qu´un mouvement qui se déclare national se déclenche d´une manière aussi spontanée, sans préavis ni déclaration au préalable, de surcroît? Quelles sont les arrière-pensées de ce mouvement au-delà des revendications des travailleurs aussi légitimes que recevables? Pourquoi le syndicat d´entreprise, installé récemment, qui a fait, pour rappel, l´objet d´un rejet de plusieurs syndicats de wilaya, n´a pas essayé de contenir ou plutôt de canaliser le mouvement? Qui est à la tête de ce mouvement?

Les travailleurs grévistes d´Algérie Poste échappent-ils à la Centrale Ugta sur le plan organique, même s´ils se déclarent organiquement liés?

Les grévistes d´Algérie Poste se rebellent-ils contre leur tutelle syndicale ou plutôt, veulent-ils lui prouver leur volonté de fer? Va-t-on vers un syndicat autonome dans le secteur des postes? Sinon, comment expliquer le silence assourdissant de l´historique Centrale Ugta devant un mouvement déclaré unique en son genre?

Devant une situation aussi confuse que complexe sur les deux plans, organique et social, la Centrale n´a ni démenti ni affirmé la validation ou plutôt l´invalidation de la conférence d´installation du syndicat d´Algérie Poste qui semble être le point de départ de la confusion ou plutôt du bras de fer entre les différentes instances et structures de l´Ugta.

Tout semble faire croire que depuis cette installation, somme toute contestée par une grande partie des conseils syndicaux de certaines wilayas, le secteur des postes est plongé dans un engrenage. Le syndicat d´entreprise reçu par Sidi Saïd au lendemain de ladite installation, ce dernier décide d´invalider la conférence d´installation, suite au compte rendu exposé par les sept conseils syndicaux sur les irrégularités en matière organique qui ont entaché ladite conférence, présidée, pour rappel, par l´organique de la Centrale et le secrétaire général de la Fédération. Une décision qui reste officieuse, alors que le brouhaha gagne le secteur de la poste aussi névralgique que nécessaire pour une grande partie de la société constituée d´usagers forcés de la Poste algérienne.

Tout porte à croire que ce mouvement véhicule des objectifs autres que les revendications socioprofessionnelles que même la direction juge légitimes. En effet, installé le 12 avril dernier au complexe des Andalouses, dans la paisible station balnéaire d´Oran, le syndicat d´entreprise d´Algérie Poste n´a pas encore reçu son procès-verbal d´installation.

Or, la grogne avait déjà gagné les mécontents du déroulement des travaux de ladite conférence d´installation qui ont eu raison auprès du patron de la Centrale, laquelle a invalidé ladite conférence, au grand dam du responsable de l´organique, le deuxième homme de la Centrale.

La guéguerre entre les deux protagonistes a poussé le bouchon au point de déclencher un mouvement sans entité syndicale ni collectif de travailleurs par l´une des deux parties, ce qui explique la partialité qui entoure le taux de suivi de la grève.

Le bras de fer engagé entre les deux protagonistes d´Algérie Poste n´est autre que la projection de celui engagé entre la Fédération et la Centrale sur la question organique, notamment.

En attendant de trancher cette question purement organique et syndicale, ce sont les citoyens devenus des usagers forcés, à l´instar des retraités qui n´ont le droit de percevoir leurs pensions que dans les guichets postaux, et qui paient les frais d´un conflit organique..