Développer la micro-finance pour créer de petites entreprises familiales, est le nouveau »credo »’ du ministère algérien de l’industrie, de la PME et de l’investissement. Donner de l’argent à de petites ou très petites entreprises pour financer leurs activités est une piste que l’Algérie veut prospecter. Le débat est ouvert, entre spécialistes, sur la création de….très petites entreprises (TPE).
Dimanche dans un des palaces de la capitale algérienne, le débat était ouvert sur la pertinence de la micro-finance pour booster la création de PME, même de taille modeste, c’est à dire familiales, et donner un coup de fouet à l’industrie. Les avis sur la pertinence de cette stratégie, appliquée en Asie et plus ou moins en Amérique du Sud, sont partagés.
Pour beaucoup de participants à cette journée sur la micro-finance, cet outil financier est « très limité » et « contribue peu » à la création d’entreprises. »Même si la micro-finance constitue un important instrument pour le financement des PME, elle n’est pas une panacée universelle et a un coût que paient les clients », estime un expert marocain en micro-finance, Fouad Abdelmoumni. Selon ce spécialiste, de nombreux échecs ont été relevés dans les pays ayant introduit ce mode de financement au sein de leur sphère bancaire et financière, notamment en Inde ou au Bangladesh.
Cependant, la micro-finance reste « fondamentale » pour une large frange de la population qui n’a pas accès aux circuits classiques de financement, a-t-il concédé. Si dans le monde, le secteur de la micro-finance compte plus de 10.000 institutions pour près de 65 milliards de dollars d’encours en 2009, et offre des services financiers à plus de 150 millions de personnes dont 70% de femmes, il reste faible au plan du nombre des établissements dans les pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord (MENA, 56 au total). Seuls le Maroc et l’Egypte rassemblent une « très forte concentration » de ce genre d’institutions, selon l’expert marocain.
Et, si le secrétaire général de la banque Al-Baraka d’Algérie, M. Nasser Hideur, estime que les résultats obtenus dans la cadre de la mise en place de dispositifs de micro-finance sont « relativement satisfaisants », le P-dg de la société d’assurance « Commercial Insurance » du Liban, M. Max Zaccar, estime lui qu’il faut souscrire une assurance même dans le cadre d’octroi de micro-crédits pour assurer la pérennité de cette activité qui, a-t-il dit, « demeure importante pour une certaine catégorie de la population ». « Tandis que la micro-finance prend soin des besoins immédiats des emprunteurs, la micro-assurance garantit leurs besoins financiers futurs », a-t-il affirmé. La micro-finance ne sera donc pas un moyen de lancer des entreprises rentables dans l’immédiat en Algérie, et, en général au Maghreb.
Parcours du combattant
Pour le ministre algérien de l’industrie, M. Mohamed Benmeradi, la micro-finance a des vertus sociales. Elle est un outil, selon lui, »contre l’exclusion sociale et économique car elle encourage le développement des professions libérales et appuie la création des très petites et petites entreprises ». Seul problème: l’accès aux financements est un parcours du combattant pour les postulants à ce genre de crédits, allant du petit prêt de survie (PNR, prêt non rémunéré ou prêt à taux zéro), avec un plafond de 100.000 DA jusqu’aux prêts plus importants qui peuvent atteindre un million de DA.