Algérie : Pas de réaction énergique face à la pandémie

Algérie : Pas de réaction énergique face à la pandémie

Au niveau des hôpitaux et des secteurs sanitaires, les praticiens attendent les consignes de la tutelle.

Le monde entier est en alerte, l’Organisation mondiale de la santé a averti qu’aucun pays ne peut être épargné. « À une époque où les gens voyagent en avion très rapidement à travers le monde, il n’y a aucune région où le virus pourrait ne pas s’étendre », a expliqué Keiji Fukuda, un responsable de l’OMS. Des pays européens ont relevé d’un cran le niveau des mesures de préparation et de prévention contre le risque de pandémie de grippe d’origine porcine. Ils recommandent, également, à leurs ressortissants de limiter leurs voyages.

L’Algérie est-elle à l’abri de la grippe porcine ? Quelles sont les mesures de prévention prises par notre gouvernement, notamment par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière concernant cette épidémie mondiale ? Si concrètement rien n’a été encore décidé, les autorités publiques se mettent en état d’alerte.

« Veuillez rappeler vers 18h30. Les responsables sont en réunion au ministère de la Santé. » C’est la réponse que nous avons obtenue, durant toute la journée d’hier, à l’Institut national de la santé publique (INSP), ministère de l’Agriculture, et notamment au niveau du département de Barkat. Au-delà du communiqué émanant du ministre de la Santé déclarant que « les moyens nécessaires à la lutte contre cette épidémie sont disponibles en Algérie (…) et toutes les mesures nécessaires seront prises au moment opportun », sur le terrain, en revanche, rien n’est encore fait. « Pour le moment, nous n’avons reçu aucune consigne de la tutelle concernant la plan de prévention contre l’épidémie de grippe d’origine porcine qui touche le monde », a déclaré le Dr Merabet, praticien au service de prévention du secteur sanitaire de Larbaâ dans la wilaya de Blida.

Au niveau des hôpitaux, tout le monde parle de la « fameuse grippe mortelle », patients ou professionnels de la santé, mais aucune personne n’est réellement au courant de ce qui se passe. Aucune information n’est encore donnée au niveau des hôpitaux, secteurs sanitaires ainsi que des Directions sanitaires inter-wilayas. Même si les praticiens de la santé publique déplorent le manque d’information et de communication, ils déclarent qu’un dispositif d’urgence existe déjà ; il a été mobilisé lors de la grippe aviaire.

« Les praticiens et les épidémiologistes connaissent le plan d’action, mais c’est au ministère de la Santé de le réactiver, de donner l’alerte et de mobiliser les moyens. Sans cela rien ne peut se faire », ont-ils averti. Interrogé dans le cas où il existerait un patient suspect avant le déclenchement du plan d’urgence, le Dr Khilel du CHU de Bab El-Oued a répondu que « la procédure habituelle sera automatiquement suivie. Le suspect va être dirigé vers les services épidémiologies ou infectieux où il sera pris en charge. Un rapport sera envoyé à la tutelle. Ce n’est qu’une hypothèse, j’imagine que d’ici demain le dispositif sera réactivé ». Selon lui, la prévention contre cette épidémie commence d’abord par l’information au sujet des symptômes de cette maladie qui se confondent facilement avec les syndromes grippaux.

« C’est normal que nous prenions du retard, comparé à d’autres pays, le ministre vient d’être reconduit », ironise-t-il. En outre, le groupe pharmaceutique suisse Roche s’est dit prêt à distribuer son médicament antiviral, le Tamiflu, dans le monde. Est-ce que Saidal est en mesure de faire face à une éventuelle demande en Tamiflu, sachant qu’un projet existe, il a été lancé au moment où la grippe aviaire faisait des ravages dans le monde.