Islam, laïcité, Daech… Une étude réalisée par l’agence tunisienne Sigma Conseil apporte un éclairage édifiant sur la relation que les citoyens des pays d’Afrique du Nord entretiennent avec la religion.
Dans un contexte social et géopolitique tourmenté, l’étude intitulée « Les affaires religieuses et la politique dans le monde arabe », réalisée par l’agence tunisienne Sigma Conseil en partenariat avec l’Observatoire arabe des religions et des libertés (OARL) et la fondation allemande Konrad Adenauer, apporte un éclairage exceptionnel sur son sujet ainsi qu’elle démonte bon nombre d’idées reçues.
Résultat d’un sondage téléphonique réalisé en décembre 2015 dans chacun des cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte) auprès d’un panel représentatif d’un millier d’individus en âge de voter (plus de 18 ans), l’enquête cible trois questions brûlantes : la nature de la relation des sondés avec l’islam et l’islam politique, comment ceux-ci perçoivent la notion d’extrémisme religieux et enfin leur jugement de l’État islamique (EI) et de son action. Etude révélée par Jeune Afrique.
Voici les résultats concernant l’Algérie:
Tout d’abord, la majorité des Algériens (58.5%) se sentent en premier lieu musulmans avant d’être citoyens algériens, 30.1% des Algériens se sentent « d’abord citoyens », 6.6% se sentent « d’abord arabes », 2.8% se sentent « d’abord berbères » et 1.9% se sentent autres (méditerranéen, africain, chrétien, etc.). Les tendances entre les cinq pays nord-africains sont sensiblement les mêmes. Seule la Tunisie, avec 53.2%, dispose d’une majorité de Tunisiens se sentant d’abord citoyens avant d’être musulmans. L’immense majorité des Algériens sondés (93.8%) considèrent cependant que quelle que soit leur religion, les citoyens d’un même pays doivent avoir les mêmes droits.
Quant au port du voile intégral (niqab), 37.6% des Algériens ont exprimé un « refus total », 21.6% ont exprimé « plutôt un refus », 8.3% ont exprimé « plutôt un soutien » et 25.6% des Algériens ont exprimé un « soutien total ». Les tendances présentes en Algérie à l’égard du voile intégral sont sensiblement les mêmes qu’au Maroc, en Égypte et en Libye. La Tunisie se détache néanmoins des autres pays, 84.3% des sondés ayant exprimé un « refus total » à l’égard du voile intégral.
Par rapport à la séparation entre la religion et la politique, 40.5% des Algériens ont exprimé être « tout à fait d’accord » pour une séparation, 16.% sont « plutôt d’accord », 10.8% sont « plutôt pas d’accord » et 27% des Algériens sondés affirment être « pas du tout d’accord » pour une séparation entre le religieux et le politique. En parallèle, 62,9% des Algériens sondés approuvent l’application de la charia comme unique source des lois. Un paradoxe présent dans tous les autres pays d’Afrique du Nord sondés, à l’exception de la Tunisie.
Enfin, l’étude révèle que 85.4% des Algériens sondés ont une « très mauvaise » image de Daech (l’État Islamique), 5.2% ont une image « plutôt mauvaise » et seulement 0.7% ont une « très bonne » image de l’État Islamique. La condamnation de Daech est unanime dans les cinq pays d’Afrique du Nord sondés.