De violents affrontements ont opposé de jeunes manifestants aux forces de l’ordre dans plusieurs villes algériennes mercredi soir, après une hausse de produits alimentaires en début d’année.
Des émeutes ont éclaté ce mercredi dans plusieurs quartiers d’Alger (Bab El Oued, Casbah, Laquiba, Bachdjarah) où des dizaines de jeunes ont manifesté contre la récente flambée des prix de plusieurs produits alimentaires de base (sucre, huile et farine) rapporte Le Soir d’Algérie repris sur le site Algeria Watch. Des jeunes appellent à de nouvelle manifestations ce jeudi annonce le site Le quotidien d’Algérie qui a mis en ligne plusieurs vidéo des émeutes.
Les manifestations avaient commencé dans la petite ville de Douaouda, dans la wilaya (département) de Tipaza à l’ouest d’Alger dès mardi soir, rapporte Le Temps d’Algérie. La ville « a connu ses premières émeutes depuis ces vingt dernières années. Jamais les habitants de cette partie de la wilaya de Tipaza « n’ont manifesté avec une telle virulence », décrivent des témoins » cités par le journal.
Plus rien ne va nous retenir cette fois-ci
« Le quartier populaire de Bab El-Oued, est devenu ces derniers temps un véritable bastion pour la protestation populaire. » explique El Watan qui témoigne de la colère des jeunes: « Plus rien ne va nous retenir cette fois-ci. La vie est devenue trop chère et la disette menace nos familles alors que les apparatchiks détournent des milliards et s’enrichissent sur notre dos. Nous ne voulons plus de cette vie de chien. Nous réclamons notre part aux richesses de ce pays ». Le quotidien rapporte que de nombreux commerces sont restés fermés ce jeudi matin par crainte de nouvelles émeutes.
La contestation aurait gagné Oran souligne Le Soir d’Algérie: « des dizaines de citoyens à travers plusieurs quartiers populaires de la ville d’Oran, sont sortis dans la rue hier dans un mouvement spontané pour crier leur désarroi face à la flambée des prix des produits alimentaires de large consommation. »
Les émeutes se sont propagées à plusieurs autres villes du pays. Le Matin cite notamment Djelfa, Boumerdes, Annaba, Tipaza, Staoueli, Fouka.
Spéculateurs
L’Expression, journal proche de Bouteflika, qui accuse les spéculateurs de la hausse des prix des produits de base subodore un complot: « lorsque on sait la place qu’occupe le pain dans la société et les habitudes culinaires des Algériens, on est forcé de se poser cette question: qui veut nuire à la paix sociale? »
Pas un mot sur les émeutes dans El Moudjahid, la voix du régime, qui précise en revanche: « L’Etat poursuivra sa politique de subvention des prix des produits de large consommation qui ont connu ces derniers jours de fortes hausses dues notamment à « l’augmentation des cours sur les marchés mondiaux et à l’exagération des marges bénéficiaires pratiqués par certains commerçants » selon le ministère du Commerce. Le journal explique que « le ministère se penche sur la promulgation rapide des textes d’application relatifs à la loi sur la concurrence et les pratiques commerciales à travers « le plafonnement des prix et la limitation des marges de bénéfice des produits de large consommation ».
Pénurie de logements
Les émeutes de Bab el Oued s’inscrivent dans une contestation sociale sporadique qui touche régulièrement le pays. Fin décembre, des incidents dans plusieurs quartiers périphériques d’Alger ont opposé durant trois jours les forces de l’ordre à des manifestants réclamant de meilleurs logements.
L’attribution de logements sociaux provoque régulièrement des protestations en Algérie. La population a triplé depuis l’indépendance en 1962 et atteint quelque 36 millions d’habitants actuellement, mais la construction n’a pas suivi. « Bon nombre d’élus » utilisent la promesse de logements « comme monnaie d’échange et promettent monts et merveilles aux citoyens s’ils sont élus. Une fois installés, ils oublient leurs promesses et se consacrent à des activités autres que celles pour lesquelles ils ont été désignés. dénonce L’Expression. « Les logements tardent à venir et ceux qui arrivent sont détournés au profit de tierces personnes qui n’habitent parfois pas la commune. » explique L’Expression.