Tout s’est bien passé pour l’autoroute est-ouest, il n’y a eu ni surcout, ni retard dans la réalisation a affirmé hier, devant le Conseil de la nation, M.Amar Ghoul, ministre des travaux publics.
Le ministre a avancé que le cout moyen de réalisation du kilomètre d’autoroute réalisé en Algérie s’élève 8 millions d’euros contre 27 millions € en Italie, 15 millions en France et 47 millions en Suisse. Des chiffres qui laissent dubitatifs.
Quel est le cout moyen de la réalisation d’un kilomètre d’autoroute en France ? 15 millions d’euros selon le ministre algérien des travaux publics, soit presque le double que le cout du kilomètre autoroute en Algérie. Un rapport français officiel publié en 2006 par la Documentation française et qui fait des comparaisons à l’échelle européenne donne des chiffres très différents de ceux avancés par M.Ghoul. Selon ce rapport, le cout moyen de construction sur le réseau non concédé au privé « est de l’ordre de 5,4 M€HT par km (valeur 2006) pour une route à 2×2 voies ». Le même rapport fait état d’études réalisées par le Setra (Service d’études techniques des routes et autoroutes) sur plusieurs années (1991, 1997, 2005) sur le coût des autoroutes concédées. « Toutes ces études convergent vers des données voisines des précédentes. Ainsi l’étude de 2005 fait état d’un coût variant de 3,8 M€ à 6 M€ HT, pour des autoroutes en site peu contraint et d’un coût variant de 4,9 M€ à 7,6 M€ HT dans un site à environnement contraignant ». Ainsi pour le Setra, un kilomètre d’autoroute coûte en moyenne France environ 6,2 millions € 2. Même en tenant compte d’une éventuelle augmentation des couts entre 2006 et 2011, les chiffres officiels français sont fort éloignés de ceux avancés par M.Ghoul qui a maintenu qu’il n’y a eu aucun surcout du projet et a avancé que le taux de réalisation a atteint 96%. « Il n’y a eu jusqu’à présent aucune augmentation du coût de réalisation du projet de l’autoroute Est-Ouest plafonné en vertu de l’appel d’offres international, à 752 milliards de dinars (près de 11 milliards de dollars)». M.Ghoul semble s’en tenir au prix initial du contrat. Or, à demi-mots, le patron du groupement chinois CITlC-CRCC, Wang Jiangsheng, a évoqué, dans un entretien à Maghreb Emergent, des travaux non prévus dans la convention contrat-programme qui ont été pris en charge.
Citic-Crcc a pris en charge des travaux non prévus
« Au plan financier , le groupement s’est retrouvé dans la situation de devoir prendre en charge et de terminer les travaux complémentaires demandés par le maître d’ouvrage non prévus par la Convention Contrat – Programme, à savoir la réalisation du réseau multitubulaire sur tout le tracé de l’autoroute Est-Ouest , et des ponts enjambant les lignes ferroviaires , le rétablissement du réseau routier local , ainsi que la réalisation des échangeurs ». Wang Jiangsheng soulignait que le « groupement, a résolument demandé aux sociétés mères de lui prêter main forte. Cette initiative a contribué à créer des conditions garantissant la poursuite des travaux, ainsi que l’agrandissement de facto, du volume des fonds investis dans les projets d’infrastructure en Algérie ».
Dans les « délais »
Sur les délais de réalisations, M.Ghoul affirme que travaux, a-t-il dit «connaissent une bonne cadence» en dépit du relief accidenté qui caractérise le tronçon restant, notamment au niveau de l’axe Skikda, Constantine et El Tarf. Il a indiqué que 91% de la totalité du projet d’une longueur de 1270 km «ont été livrés avant les délais contractuels». 96% du projet ont été réalisés et ouverts à la circulation et il ne reste plus que 4% du tronçon qui se situe à Constantine, Skikda et El Tarf et le deuxième tronçon des tunnels de Bouzegza qui nécessitent encore 30 jours de travaux pour être totalement ouverts à la circulation. A l’est du pays, sur le tronçon pris en charge par le japonais Cojaal, le taux d’avancement des travaux des tunnels de Djebel Ouahch (Constantine) a atteint 92 % et celui des deux tunnels situés au pic d’El Kentour à Skikda 90 %.