Après plusieurs jours de spéculations et de rumeurs, Mouloud Hamrouche a confirmé jeudi qu’il ne voulait pas se présenter à la présidentielle du 17 avril. L’ancien Premier ministre continue néanmoins d’appeler l’armée à la discipline républicaine.
L’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche, 71 ans, a annoncé jeudi 27 février à Alger qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle du 17 avril 2014, comme l’avait déjà expliqué Jeune Afrique en janvier. Ancien colonel, chef de l’exécutif entre 1989 et 2001, Mouloud Hamrouche a expliqué lors d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Safir (ex-Aletti), au centre d’Alger, que cette élection ne réglera pas la situation de blocage dans laquelle se retrouve aujourd’hui le pays.
« J’insiste encore sur le fait que les facteurs du blocage sont là, que le mandat du président soit renouvelé ou pas », a-t-il déclaré aux nombreux journalistes présents dans la salle. Ce blocage recèle de graves dangers, des menaces, nourrit la division et paralyse le travail de nos institutions. »
Sortant d’un très long silence qu’il s’était imposé depuis quinze ans, Mouloud Hamrouche a rendu public le 17 février dernier une lettre pour interpeller l’opinion et les décideurs sur les divisions qui peuvent miner la cohésion et l’unité de l’armée qui fait l’objet de vives polémiques dans les médias locaux et étrangers. Une sortie qui avait été perçue comme un appel à l’institution militaire pour appuyer son éventuelle candidature à la magistrature suprême.
« Faire tomber le système mais d’une manière pacifique »
« Ma déclaration a été interprétée comme une offre à l’armée, a-t-il encore expliqué. Politiquement j’ai déjà dit que chaque solution consensuelle requiert la participation de l’institution. La mission de l’Armée est de défendre le peuple et l’État. L’armée ne doit pas entrer dans les luttes politiques et idéologiques. » Du coup, Hamrouche a dû présenter ses « excuses » pour ceux et celles qui avaient cru que sa lettre du 17 avril était un prélude à sa candidature.
« Je veux faire tomber le système mais d’une manière pacifique, avec le concours de toutes les composantes de la société (…) Le moment est venu de tourner la page du page et ouvrir une nouvelle pour l’Algérie », a-t-il poursuivi.
>> Lire Le top 10 des probables candidats à la présidentielle algérienne
Au cours de cette conférence de presse, Hamrouche a appelé l’armée, « une forteresse constituée d’Algériens et d’Algériennes », à la discipline malgré les « pressions » qui s’exercent sur elle dans le contexte de cette élection présidentielle. L’ex-chef de l’exécutif, issu du rang du FLN, s’est également défendu d’appeler à « un coup d’État » ou à ce que les militaires empêchent le président de succéder à lui-même.
Une allocution de Bouteflika enregistrée ?
La sortie médiatique de celui qu’on surnomme « l’homme des réformes » intervient alors que le président Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, au pouvoir depuis 1999, n’a pas encore officiellement rendu publique sa déclaration de candidature pour briguer un quatrième mandat. Samedi dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait annoncé lors d’un déplacement à Oran que le chef de l’État allait se représenter pour solliciter un quatrième bail au Palais d’El Mouradia.
Depuis cette annonce qui a provoqué une onde de choc dans le pays et une vague de moqueries dans les médias étrangers, plusieurs publications algériennes croient savoir que M. Bouteflika, en convalescence depuis son AVC du 27 avril 2013, aurait enregistré une courte allocution pour annoncer sa candidature. Toutefois, ce prétendu enregistrement tarde à être diffusé par la télévision nationale alors que la date de clôture des dossiers de candidatures auprès du Conseil Constitution est fixée pour mardi 4 mars à minuit.
Lundi prochain ou au plus tard mardi, le président algérien devrait se rendre au siège du Conseil, sis à Ben Aknoun sur les hauteurs d’Alger, pour y déposer en personne, comme le stipule la réglementation, son dossier de candidature qui doit impérativement contenir un certificat médical délivré par un ou par plusieurs médecins assermentés.