Mouloud Hamrouche sort enfin de sa tanière. Celui que la rumeur publique a toujours présenté comme une alternative possible à l’actuel chef de l’Etat a pendu, ce lundi matin, un long communiqué pour alerter l’opinion publique en général et l’armée en particulier sur les dangers immédiats qui guettent le pays.
Surtout que depuis plusieurs semaines, la polémique ne concerne pas que les partis politiques, mais les clivages opposent au moins deux ailes de l’armée, à savoir l’Etat-Major et le Département de renseignement et de sécurité (DRS). Les deux pôles les plus importants de l’armée se livrent, en effet, à une guerre de positionnement en vue de l’élection présidentielle d’avril prochain, l’Etat-major se plaçant derrière le chef de l’Etat dans sa quête pour un quatrième mandat, alors que le DRS, à sa tête le très puissant Général Toufik, serait contre une éventuelle prolongation pour le président de la République.
Alors que des rumeurs de plus en plus insistantes l’ont donné partant pour accepter le poste de vice-président dans le cas où Abdelaziz Bouteflika réviserait la Constitution après sa réélection, Mouloud Hamrouche, ancien Chef du gouvernement, s’est muré dans un silence total. L’homme, réputé pour être l’homme ayant conduit les réformes politiques du début des années 1990, fait un large consensus au sein de la classe politique nationale. L’homme ratisse large. Du FFS aux islamistes, en passant par les réconciliateurs de tous bords, Mouloud Hamrouche est la synthèse parfaite de tous les courants de la classe politique algérienne.
Malgré cette réputation, l’enfant de Skikda n’a jamais pis position sur la scène politique. Depuis son retrait de l’élection présidentielle de 1999 en compagnie de 6 autres candidats, Hamrouche n’a donc rien dit. Ni de bon ni de mauvais.
La déclaration d’aujourd’hui sonne, pour beaucoup d’observateurs, comme une volonté de Hamrouche de se replacer sur l’échiquier politique. D’autres analystes estiment que l’homme a fait cette sortie dans l’optique de jouer, dans les jours à venir, un rôle politique majeur. Sera-t-il le candidat de consensus? Très probable. Même si Bouteflika n’a toujours pas enterré son vœu de mourir sur le trône.
Essaïd Wakli