Les échanges économiques intermaghrébins sont très bas; ils affectent le développement de l’économie de la région. C’est l’avis émis hier par Slim Othmani, vice-président du cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (Care), en marge d’un débat organisé à l’hôtel Hilton.
La fermeture des frontières est l’un des facteurs qui bloquent notamment entre l’Algérie et le Maroc. On subit mutuellement et douloureusement les conséquences. Il a appelé à cet effet à l’instauration d’un corridor économique entre l’Algérie et ses voisins. Les choses peuvent changer en se basant sur une approche qui fait passer en premier lieu les intérêts des pays maghrébins loin des antagonismes politiques.
Tous les chefs d’entreprises sont d’accord sur le principe de créer des corridors sinon des points de passage entre les pays du Maghreb notamment à la frontière algero- marocaine lesquels seront supervisés par une commission mixte. Les experts et hommes d’affaires présents à cette rencontre ont plaidé pour l’instauration d’un « corridor économique » entre l’Algérie et ses voisins pour réaliser « une intégration régionale réussie » d’abord sur le plan commercial ensuite l’industrie.
Ils ont estimé que la réalisation de ce corridor est devenue « une nécessité incontournable » pour faire face aux enjeux de la mondialisation. Ils ont souligné dans ce contexte l’importance pour l’Algérie de s’inspirer de l’expérience du corridor Hong-Kong/ Shenzhen (Chine) pour l’établissement de relations économiques et commerciales bénéfiques avec les autres pays de la région du Maghreb. Selon Joël Ruet, économiste et chercheur français, « on commerce toujours mieux avec son voisin » et le succès de la zone de Shenzhen « en est la preuve éclatante », a-t-il soutenu.
« En vingt ans, la région de Shenzhen a capté un énorme volume d’investissements extérieurs grâce à ce corridor économique qui a aussi rendu possible des investissements de Chine à Hong-Kong impossibles jusqu’alors », a indiqué cet expert. Pour cet économiste, l’avantage du corridor économique réside dans sa «flexibilité», relevant qu’aucune étude de faisabilité n’est nécessaire au préalable.
Il a affirmé que l’Algérie conserve des marges de manoeuvres dans les choix du modèle mondial d’insertion dans l’économie internationale qu’elle voudra effectuer. « Avec une bonne stratégie, elle pourrait bénéficier de l’avantage d’entrant tardif, bénéficiant du retour d’expériences d’autres pays », a-t-il ajouté.
Pour l’expert Lakhdar Kheldoun, de l’association des industriels algériens, l’intégration économique régionale réussie est considérée comme facteur de croissance et de développement à long terme, soulignant que « la création de zones économiques spéciales signifie forcément l’établissement d’une intégration économique maghrébine ».
Kheldoun estime que l’espace économique maghrébin dispose de nombreux atouts qui peuvent être mis à profit pour le développement économique de la région pour peu que les dirigeants parviennent à dépasser toutes les contingences.
Il a soutenu que la mise en place des zones économiques spéciales en Algérie (ZES), qui sont des enclaves industrielles privées exemptées d’impôts, avec de solides infrastructures pour attirer des entreprises étrangères et locales, offrira la possibilité de créer un pôle économique régional. Il a regretté toutefois que l’Algérie ne dispose pas d’un ministère de l’Economie pour gérer ces mégazones.