Des chômeurs de 25 villes algériennes ont manifesté samedi, « jour de colère », pour réclamer du travail, quatre manifestants ont été interpellés à Alger et les chômeurs menacent de durcir leur mouvement, a déclaré un de leurs représentants à l’AFP.
La coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) qui avait appelé à cette manifestation pacifique « s’insurge contre les pratiques policières » et l’arrestation de quatre de ses sympathisants à Alger.
Tahar Belabès, coordinateur national de la CNDDC a déclaré à l’AFP que « des centaines de chômeurs ont manifesté à travers plusieurs wilayas (préfecture) », notamment dans la ville pétrolière de Ouargla où il se trouve.
La CNDDC a menacé, dans un communiqué transmis à l’AFP, d’une « prochaine action qui sera en fonction de la réaction de l’administration à cette journée de colère (..), la coordination usera d’autres cartes comme fermer les routes nationales, les centres vitaux du pays et les puits pétroliers qui sont devenus pour nous une calamité au lieu d’une bénédiction ».
M. Belabès, joint au téléphone, a affirmé que la très faible participation à Alger, moins d’une vingtaine de personnes était « liée à l’absence de base de la CNDDC dans la capitale ».
Pour lui, l’Etat d’urgence est toujours en vigueur dans la capitale, ceux qui ont tenté de manifester ont vite été dispersés par l’impressionnant dispositif policier ».
Les manifestations sont interdites à Alger malgré la levée de l’état d’urgence en 2011 dans le pays.
Le 11 mars dernier, tentant d’apaiser la colère des jeunes chômeurs avant une manifestation qui s’est tenue trois jours plus tard dans la principale ville économique du sud, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait annoncé que les entreprises du Sud devront recruter prioritairement des employés locaux. « Le recrutement d’une main-d’oeuvre hors wilayas n’est autorisé que pour les postes n’ayant pas de profil correspondant localement », selon une instruction de M. Sellal concernant les wilayas du Sud.
Le coordinateur de la CNDDC a estimé samedi que « ces dispositions ne sont pas applicables sur le terrain », d’où cette journée de colère.
« Nous voulons du concret et non des décisions sur du papier », a lancé M. Belabès au téléphone.
Le chômage touche de plein fouet la jeunesse algérienne. Selon les pouvoirs publics et le FMI, 21,5% des moins de 35 ans sont sans emploi, contre environ 10% pour l’ensemble de la population. La situation des jeunes s’avère encore plus difficile dans le sud, du fait du faible développement de la région et de la concurrence de travailleurs venus du nord, voire de l’étranger.