Algérie : ma fortune pour un yacht !

Algérie : ma fortune pour un yacht !

yacht110.jpgDernière tendance algéroise : se procurer un bateau et s’échapper en mer le week-end. Médecins, avocats… Pour quelques dizaines de milliers d’euros, ils sont de plus en plus nombreux à craquer.

Son bijou à 50 000 euros, Saïd est parti l’acheter en Espagne. Homme d’affaires prospère qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, ce quadragénaire s’est offert un bateau de plaisance de 8 mètres pour fuir le stress du boulot aux larges des côtes de Béjaïa. Villa avec piscine, grosse berline, appartement à Paris, vacances en Suède, en Thaïlande ou aux États-Unis…

Saïd mène grand train. « Ce n’est guère du luxe pour un investisseur qui gagne très bien sa vie, se justifie-t-il. Je paie mes impôts, je crée de la richesse et de l’emploi, il est donc normal que j’en profite et que j’en fasse profiter ma famille et mes amis. »

Taxe sur la possession et les importations de bateaux

Posséder un yacht est devenu très tendance chez les gens fortunés, tant et si bien qu’Alger possède son Algeria Boat Show, salon international des équipements et services pour la plaisance et le nautisme, dont la cinquième édition s’est tenue en mai. Autre signe de cet engouement, la marina de Sidi Fredj, seul port de plaisance du pays, situé à 20 km à l’ouest d’Alger et pouvant abriter 400 bateaux, croule sous les demandes de ces nouveaux propriétaires qui souhaitent amarrer leurs joujoux.

De son côté, le gouvernement a décidé, en 2001, d’instaurer une taxe sur la possession et les importations de bateaux pouvant aller jusqu’à 4 800 euros par an. Une petite fortune dans ce pays où le salaire minimum ne dépasse pas 180 euros.

Construits en Algérie ou importés d’Europe, environ 500 bateaux de plaisance sont vendus chaque année dans le pays. Constructeur naval depuis 1972, la société Polyor en fabrique plus d’une centaine par an dans son usine à Oran. « Mes clients ne sont pas tous millionnaires, tempère la gérante. Des médecins, des avocats ou d’autres professions libérales achètent des bateaux parce qu’ils sont passionnés de navigation ou pour faire plaisir à leur famille.

Les riches, eux, viennent s’enquérir des tarifs, mais achètent en Espagne, où les prix ont fortement chuté pour cause de crise économique. » De là à ce que la filière locale prenne l’eau…