L’Algérie mobiliserait beaucoup de moyens pour les relevés des prix des produits agricoles sur le marché mondial mais pour un résultat peu probant. La solution ? Mettre en place une veille commerciale des cours internationaux des produits agricoles et agroalimentaires.
Le chef du projet de jumelage algéro-européen, Dominique Pelissié, a critiqué les méthodes utilisées par les institutions algériennes pour relever les prix et qui, selon lui, ne permettent pas de croiser les différentes bases de données.
Rencontré lors d’un séminaire sur le développement de l’Observatoire des filières agricoles et agroalimentaire (projet de jumelage européen avec l’Algérie), cet expert français indique que les relevés des prix des produits agricoles en Algérie ne sont pas identiques car il y a plusieurs réseaux qui s’en occupent. Selon lui, ceux du ministère de l’Agriculture et des Chambres d’agriculture, « pour certains nombre de produits, ne relèvent pas forcement les mêmes choses ».
Plusieurs institutions algériennes, explique-t-il, produisent des bases de données dans le secteur agricole et agroalimentaire mais il n’existe pas un schéma directeur, ou un identifiant commun qui permet d’appareiller ces bases de données. Pourtant, déplore-t-il, « beaucoup de moyens sont mobilisés pour ces relevés ».
Dominique Pelissié préconise une amélioration de ces méthodes : « On doit reposer les questions : ce qu’il faut relever, à quel moment on doit le faire, et à quel endroit ? » Pour lui, « on pourrait optimiser l’ensemble des enquêtes et avoir de meilleurs résultats au final » et, surtout, « faire des économies ».
Notre interlocuteur estime nécessaire de mettre en place une veille commerciale des marchés internationaux des produits agricoles et agroalimentaires. Il rappelle que l’Algérie est parmi les premiers pays importateurs de blé et le deuxième importateur mondial de poudre de lait après la Chine, avec en face, un marché international marqué par l’imprévisibilité, la volatilité et la hausse des prix des produits agricoles. L’absence d’information ou une mauvaise méthode de collecte d’informations, souligne-t-il, ne permet pas de faire des simulations, avec des combinaisons transversales des facteurs clés de l’importation (offre international, qualité, cours, fret, taux de change, etc.)
« Moderniser les méthodes d’estimation des récoltes »
Dominique Pelissié précise que les méthodes d’estimation des récoltes en Algérie sont aussi peu développées : « Il faut améliorer ces estimations par les nouvelles technologies de l’information, par les images satellitaires, avec, notamment, des équipes d’expertises réguliers lors de chaque campagne. » Il rappelle qu’il y a des méthodes qui sont expérimentés en Europe, en Méditerranée et qui pourraient être utilisées en Algérie.
Notre interlocuteurs affirme que les partenaires algériens se sont dits favorables à ce genre d’expertise « mais on veut le faire dans un cadre qui soit clair ». Et d’ajouter : « Le cadre le plus clair, c’est que l’Observatoire algérien agricole et agroalimentaire, projet de partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie, soit une entité juridique. Le but est de conclure des conventions juridiques avec les autres entités juridiques telles que les Douanes, l’Office national des statistiques, le ministère de l’Agriculture et de le ministère de l’industrie. »