Les pouvoirs publics ont décidé d’encourager l’octroi de crédits immobiliers pour un plus grand nombre de citoyens, en vue de contribuer à résorber la crise du logement.
Mais plusieurs embûches se dressent sur le chemin d’un large accès des Algériens au prêt immobilier.
Il y a d’abord une offre insuffisante de logements, en dépit du lancement d’un programme de 1 million d’unités au cours de la période 2005-2009.
Ensuite, il existe un grand décalage entre les prix des biens immobiliers et les revenus des citoyens, observe un expert.
Un appartement de trois à quatre pièces dans une cité de banlieue à Alger coûte 10 millions de dinars, soit un milliard de centimes.
Il faut dans cette situation avoir un revenu mensuel de 10 à 30 millions de centimes par mois pour accéder facilement au crédit immobilier pour acheter ce logement sur la base d’une durée de remboursement de 15 à 20 ans.
Pour le logement social participatif, qui coûte 300 millions de centimes, l’apport de l’État étant de 70 millions de centimes, il reste à mobiliser 230 millions de centimes dont les remboursements devront être étalés sur 20-30 ans.
Eu égard au seuil de 30% du revenu appliqué généralement par les banques, il faudrait avoir un salaire d’au moins 40 000 dinars pour pouvoir s’y inscrire sans gros risque de surendettement.
Or, le problème de fond de cette offre de l’État pour aider les citoyens à revenus moyens d’accéder à leur logement reste la distribution.
Combien de citoyens éligibles ont déposé des dossiers dans différentes communes sans pouvoir recevoir de réponse positive ?
“Des personnes proches de petits et grands décideurs accaparent ces logements dits sociaux participatifs et vont jusqu’à les revendre”, lance une autre source sûre.
Le marché immobilier est donc dominé par la spéculation et par des acquéreurs malhonnêtes.
Ce qui explique cette flambée des prix sur le foncier et des logements dans les grandes villes.
L’intervention de L’État est donc devenue indispensable pour faciliter l’accès au logement à des millions d’Algériens.
Il s’agit pour les pouvoirs publics de subventionner les prix des terrains, les taux d’intérêt et d’agir pour freiner la spéculation sur le marché.
La loi de finances complémentaire 2009 prévoit des mesures en ce sens. Une disposition prévoit une bonification des taux d’intérêt : 1% de taux d’intérêt pour les bénéficiaires ayant des revenus correspondant à plusieurs fois le SNMG.
Une autre énonce que le Trésor public est autorisé à accorder des prêts aux fonctionnaires.
Le montant du crédit sera fixé par un texte d’application qui sera promulgué incessamment.
UNE SOLUTION : LA CONTRIBUTION DES EMPLOYEURS
Une autre solution suggérée est la contribution des employeurs, en un mot des entreprises qui peuvent subventionner une partie des mensualités pour faciliter à ses salariés l’accès au crédit immobilier.
Quant aux banques, leur hantise est la capacité de remboursement, le risque d’impayés.
En particulier, les dossiers d’une partie de la clientèle trouvent des difficultés pour recevoir le feu vert, en raison des prises d’hypothèques.
Souvent, les promoteurs immobiliers donnent le terrain en hypothèque. Les clients qui achètent le logement vont être propriétaires du bien et non du terrain.
Ce qui va poser des problèmes, ce n’est pas la banque du promoteur qui va forcément accepter la prise d’hypothèque.
Il y a cependant un marché qui se crée : celui des salariés des entreprises étrangères et des grandes entreprises privées qui peuvent plus facilement postuler au crédit immobilier.
Ces cadres qui sont bancables sont la cible de plusieurs établissements bancaires.
En tout état de cause, ce qui est sûr aujourd’hui, c’est qu’une grande partie des banques vont s’orienter vers le crédit immobilier.
Les financements immobiliers vont augmenter. Mais pour l’heure, à moins d’une intervention de l’État et des employeurs, les bas et moyens revenus trouveront des difficultés à accéder au crédit immobilier.
Cette question d’une aide de l’État plus conséquente pour un accès plus large à ce produit fait l’objet d’un examen attentif des autorités.
Espérons que les décisions qui seront arrêtées prochainement seront à la hauteur des attentes.
K. REMOUCHE