Algérie, L’obligation du chèque menacée par les émeutes

Algérie, L’obligation du chèque menacée par les émeutes
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A partir du 1er avril prochain, toute transaction financière égale ou supérieure à 500.000 dinars ne pourra être réglée que par virement ou chèque bancaires. Les grossistes de l’agroalimentaire ont « généralisé » TVA et TAP dans leur nouveau prix de 2011 aux détaillants. C’est une des causes annoncées du dernier saut des prix des produits de base. Si le gouvernement tiens à réduire les prix des produits de base, il pourrait être amené à renoncer à l’obligation du chèque en avril prochain. Même si Ahmed Ouyahia ne l’entend pas ainsi.

Le ministre du commerce Mustapha Benbada a demandé jeudi dernier aux opérateurs du secteur de suspendre l’application des nouvelles conditions exigées dans leurs transactions. Ces conditions imposées par loi, font basculer l’activité de la distribution des produits de base dans la transparence comptable. Le recul du ministre du commerce pourrait donc conduire directement au gel des dispositions qui imposent registres de commerce et présentation de comptes sociaux préalablement à l’approvisionnement des grossistes puis des détaillants par les grossistes. Une entrée dans l’économie formelle d’une partie immergée de cette activité qui a eu comme conséquence une hausse de 10% à 15% des prix en bout de filière. L’explication des émeutes qui ont embrasé le pays depuis mercredi dernier ne peut bien sûr pas tenir à cette seule péripétie qui a rendu plus chers le sucre et les huiles en particulier. C’est cependant celle que veut privilégier le RND (rassemblement national pour la démocratie) du premier ministre Ahmed Ouyahia.

Un des leaders de ce parti, le vice président de l’assemblée nationale Seddik Chiheb a déclaré chez notre confrère TSA, que les émeutes étaient le fruit de manipulations pour empêcher l’Etat de jouer son rôle de régulateur. Il a fait directement allusion à la mesure du règlement obligatoire par chèque des transactions supérieures à 500 000 dinars « les spéculateurs et les lobbys d’intérêts sont derrière les émeutes ». A un peu moins de trois mois de l’entrée en vigueur de cette décision du gouvernement Ouyahia, prise en juillet 2010, le débat ne fait que commencer sur une mesure qui, c’est vrai, n’a pas que des partisans dans les réseaux d’affaires.

Le cash a rendu sur-liquide l’économie

L’interdiction des transactions financières de plus de 500.000 dinars autres que par les banques, a été prise par le gouvernement pour notamment luter contre les opérations financières douteuses ou illicites, le blanchiment d’argent et son utilisation par les réseaux terroristes. Mais, officieusement, les milieux financiers parlent d’une bataille contre les opérations commerciales en liquide, qui ont pris des proportions inquiétantes pour les autorités. En Algérie, les opérations financières, les grandes opérations de négoce se font de plus en plus en ‘’Cash’’. Du coup, la masse d’argent en liquide qui circule dans les circuits informels donne le tournis. Dans les bureaux de poste, c’est la crise des liquidités : il n’y a plus assez d’argent pour payer tous les clients. Le dernier DG de Algérie Poste a perdu son poste pour ne pas avoir su l’anticiper en novembre dernier. Selon M.Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l‘association des banques et établissements financiers, le recours au chèque contre le cash ne sera appliqué que ‘’progressivement’’.

Cité mardi par l’APS, il estime que cette mesure du gouvernement ne donnera de résultats dans l’immédiat. Pour l’heure, les opérations bancaires ne vont concerner que le secteur public, laissant le privé et les particuliers gérer ‘’leurs affaires’’ en dehors du circuit bancaire, où les délais très longs des transferts, virements et recouvrements pénalisent l’économie algérienne, selon des banquiers. Le chèque, restera encore l’outil financier indispensable des milieux d’affaires en Algérie, selon les mêmes milieux.