Algérie-L’insuffisance des marchés et la passivité devant l’informel nourrissent l’inflation (UGCAA)

Algérie-L’insuffisance des marchés et la passivité devant l’informel nourrissent l’inflation (UGCAA)

Pour l’Union des commerçants et artisans algériens, la hausse des produits alimentaires trouve son origine aussi bien dans l’insuffisance marchés de détail que dans la multiplication des commerces informels. Son porte-parole, El Hadj Tahar Boulenouar, préconise la multiplication des espaces commerciaux de proximité et la réforme du Code du commerce de façon à mieux protéger les commerçants réguliers. Selon lui, 80% des produits qui transitent par le circuit irrégulier sont périmés, en voie de l’être ou contrefaits

Le nombre de marchés est très réduit par rapport au nombre de commerçants, en constante augmentation, ce qui engendre une restriction de l’offre chez les détaillants et, par ricochet, une augmentation des prix. C’est l’explication des hausses récurrentes des prix des produits alimentaires fournie par le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA).



« Le prix des fruits et légumes, explique El Hadj Tahar Boulenouar, est établi sur la base de la quantité des marchandises disponibles sur les marchés de proximité. Il augmente non pas de 10 ou 20% mais de 50 à 100% depuis le marché de gros au marché de détail parce que le gros de la marchandise reste aux marchés de gros, faute de marchés de détail et de proximité. »

Pour le porte-parole de l’UGCAA, la spéculation n’est pas la cause de la volatilité des prix. Elle est, estime-t-il, le résultat de la rareté du produit chez les commerçants de détail. Afin de venir à bout de ce problème, il recommande de construire plus de marchés de proximité et de lutter contre le commerce informel qui, précise-t-il, représente un danger pour le commerce formel, l’économie nationale et la santé du consommateur.

Selon El Hadj Tahar Boulenouar, il est recensé, au niveau national, pas moins de 2.000 points de vente informels, auxquels s’ajouteront certainement des centaines d’autres durant le mois de ramadhan. « 80% des produits qui transitent par ce circuit sont périmés, en voie de l’être ou contrefaits », révèle-t-il, indiquant que plus de 50% des produits alimentaires consommés durant l’été et le ramadhan notamment passent par le marché informel.

Le commerce informel « protégé par un vide juridique »

Le représentant de l’UGCAA relève l’absence d’une loi qui permettrait de contrôler le commerce informel. Celui-ci est protégé par un vide juridique, souligne-t-il. Le silence du législateur sur le contrôle de l’activité commerciale exercée par un non-commerçant est, à ses yeux, une protection implicite de cette activité foncièrement illégale.

La « formalisation » de la sphère parallèle et l’éradication du commerce informel ne sont pas du ressort du seul ministère du Commerce et de l’UGCAA, explique El Hadj Tahar Boulenouar. « Il faut que cet objectif soit aussi celui du gouvernement », soutient-il.

Cette situation qui fait que les commerçants informels ne sont pas « inquiétés » dans l’exercice de leur « activité illégale » – et néanmoins très lucrative – attise la colère des commerçants réguliers. « Nous demandons de revoir le Code du commerce de façon à ce qu’il incite à la formalisation, en offrant la protection au commerçant formel et non à l’informel », souhaite le porte-parole de l’UGCAA, qui s’interroge sur le rôle des APC dans la lutte contre le commerce informel : « Quel est le rôle des services de santé et de prévention des APC s’il n’est pas de lutter contre les marchés informels qui menacent la santé et l’intégrité physique des citoyens ?»