Algérie – Libye ,Quelle charnière centrale contre la Libye ?

Algérie – Libye ,Quelle charnière centrale contre la Libye ?
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Après l’intervention chirurgicale subie par le défenseur et capitaine des Verts, Madjid Bougherra, hier à Paris, pour soigner une pubalgie et surtout la longue convalescence qui va assurément lui faire manquer la confrontation face aux Libyens, en septembre prochain, où il sera encore trop juste, si on tient compte du temps normal pour se rétablir d’une telle opération, Vahid Halilhodzic devra vite mettre en place un plan pour pallier cette défection de son défenseur capitaine.

Autrefois, l’absence de Bougherra aurait constitué en soi un gros préjudice, voire un handicap insurmontable pour l’équipe nationale, mais aujourd’hui, même si l’apport de «Magic» est encore substantiel, surtout sur le plan de l’expérience et du métier, particulièrement lorsqu’il s’agit d’aller jouer en Afrique subsaharienne, il y a une relève talentueuse qui existe et qui a prouvé qu’elle répondait présente lorsqu’on lui faisait confiance. Car il faut bien se rendre à l’évidence, la charnière Antar Yahia-Madjid Bougherra, qui faisait peur à l’Afrique entière, n’est plus depuis la retraite internationale du joueur de Kaiserslautern. Madjid Bougherra, depuis sa signature à Lekhwiya, et les multiples blessures qu’il a subies, en particulier cette pubalgie tenace, n’est plus aussi incisif que le «Magic» des Glasgow Rangers qui avait donné le tournis à Wayne Rooney en UEFA Champions League, après l’avoir fait en Coupe du monde. Bougherra l’a lui-même reconnu plusieurs fois en interview, son but dorénavant est d’accompagner le rajeunissement du groupe Algérie en lui apportant ses compétences et son expérience lors des éliminatoires de la prochaine Coupe du monde, surtout dans le domaine défensif, jusqu’à la qualification pour se retirer avec le sentiment du devoir accompli. C’est d’ailleurs ce que Vahid Halilhodzic attend de lui et des rescapés de la génération Ziani. Le Bosniaque qui sait depuis ses premières minutes de stage, à Marcoussis, qu’il doit rajeunir le groupe pour réussir et que cela passe par la charnière centrale qui sera amenée à gérer Brésil 2014. Vahid Halilhodzic a depuis lors fait son chemin et dispose aujourd’hui de 4 défenseurs centraux de talent, Carl Medjani, Ismaïel Bouzid, Essaïd Belkalem et un certain Rafik Halliche qui est en train de revenir dans la danse après être revenu dans les dessins de Fulham, son club, qui ne le faisait pas jouer depuis deux ans. Même avec un Bougherra hospitalisé, avec ce quatuor-là, il n’y a pas péril en la demeure pour jouer la Libye.

Carl Medjani, l’ADN harrachie

Ce joueur a failli connaître le destin que bien d’autres avant lui avaient connu, celui d’éternel espoir du football. Ce défenseur central formé à Saint-Etienne et parti très jeune au grand Liverpool de Gerard Houiller, et qui a végété en Ligue deux avant de revenir au premier plan grâce à son club actuel l’AC Ajaccio a failli passer à côté d’une carrière prometteuse. Même en équipe nationale, où il est arrivé à la veille de la Coupe du monde 2010, on lui promettait un avenir de remplaçant permanent, se contentant des miettes de temps de jeu que lui laisseraient Yahia, Bougherra et Halliche lorsqu’ils étaient blessés. Mais ce joueur a su prendre ses responsabilités et a su faire pencher le destin en sa faveur. On parle souvent de «l’ADN du Barça» pour les joueurs du FC Barcelone, en ce qui concerne Medjani, on peut parler d’ADN harrachi, le quartier d’où est originaire son père, puisque «Carlito» a su passer la surmultiplié au bon moment. Il a su élever son niveau de jeu en arrivant en Ligue 1, ce qui n’est pas facile après plusieurs années en Ligue 2, pour devenir un titulaire indiscutable en club, multipliant les bonnes performances, surtout lors des chocs télévisés du championnat de France. Et cela a coïncidé avec l’arrivée d’un certain Vahid Halilhodzic, qui avait justement décidé une redistribution des cartes en équipe nationale. Medjani devient si fort, que lors des entraînements il commença à talonner sérieusement Antar Yahia et Madjid Bougherra qui sentaient arriver ce jeune défenseur central pas très grand par la taille, mais qui compense par son placement, son anticipation et sa grinta et son ambition débordante. Medjani ne veut pas être un titulaire, il veut devenir un cadre en équipe nationale. Il le prouve de la meilleure des façons en rejoignant le stage de l’équipe nationale, 48h avant son arrivée planifiée, dès qu’il a appris la retraite internationale d’Antar Yahia. Un message fort en direction du sélectionneur et des supporters pour dire, : «Je suis là, je vais avoir ma chance et je vais la saisir !» Et effectivement, il la saisira puisque ses matchs face au Niger, au Rwanda et à la Gambie ont été un sans-faute, mis à part le cauchemard malien vécu par la défense et le milieu des Verts à Ouagadougou.

Ismaïel Bouzid, l’expérience et le physique

Cet athlétique défenseur formé au FC Metz est, avec Madjid Bougherra, le plus expérimenté en équipe nationale où il évolue depuis un certain match amical face à la Libye en 2007. La Libye ? Est-ce un signe ? Ce joueur a toujours fait de très bons matches en équipe nationale à chaque fois qu’on l’a fait jouer à son véritable poste, celui de défenseur central et a souvent été condamné par les observateurs et les supporters sur des matchs, où ses prestations étaient certes plus moyennes, mais où il «dépannait» au poste d’arrière droit, qui est un poste spécifique, à part entière, et qui est loin de sa formation d’origine. Ismaïel Bouzid a dépanné des années, sans broncher, au poste d’arrière droit, accomplissant son devoir et essuyant moult critiques, alors qu’il n’y avait personne à l’époque pour faire ce travail. Mais observons de plus près ses dernières prestations en temps que défenseur central. Impérial à Annaba face au Maroc, face au Niger et face au Rwanda, aux côtés de Medjani, il a prouvé qu’il répondait présent lorsqu’on lui faisait appel. Bouzid n’est certes pas très technique, son profil c’est plutôt athlétique et rugueux sur l’homme, des qualités qui sont aussi très recherchées surtout en Afrique face à des attaquants à fort gabarit. Sa dernière qualité est son hygiène de vie hors du commun, qui le préserve des vilaines blessures, et une mentalité professionnelle sans faille qui fait que le sélectionneur et le groupe peuvent à tout moment compter sur lui. Le seul handicap d’Ismaïel Bouzid, c’est qu’il joue aux Emirats Arabes Unis, un pays qui n’est pas réputé pour le rythme et le niveau de son championnat, et chez Halilhodzic, ça risquera de peser tôt ou tard dans la balance.

Rafik Halliche, le plus doué de tous, mais…

Depuis son entrée en scène à Dakar, en mai 2008, il n’a plus quitté la place de titulaire. De l’avis de tous les spécialistes, le plus grand défenseur central algérien c’est bien lui. Rafik Halliche, c’est le surdoué par excellence, le joueur repéré depuis son plus jeune âge et qui a franchi les étapes normalement comme tous les jeunes footballeurs pétris de qualités jusqu’à cette accident de parcours nommé Fulham FC, qui lui a lourdement porté préjudice. Rafik Halliche n’a pas été formé au poste de défenseur central, il avait ça dans le sang. Ses sorties sont justes, jamais le geste de trop, de la technique, de la sobriété. On pourrait montrer ses gestes dans les écoles de football en disant aux enfants : «Voilà ce qu’il faut faire.» Vahid Halilhodzic, qui a visionné beaucoup de cassettes en est pleinement conscient et a dit à Halliche, lors du stage de Marcoussis, qu’il comptait sur lui, mais le « hic » était le temps de jeu de l’ancien Nahdiste qui vient de faire quasiment deux saisons blanches. Mais la donne semble avoir changé et Halliche cette saison est en train d’effectuer une très bonne préparation avec son club Fulham à tel point qu’il a convaincu son entraîneur qui l’a déjà aligné deux fois en match amical, ce qui est de bon augure pour la suite. Du temps de jeu pour Halliche qui signifierait un retour en équipe nationale et une option de choix pour le sélectionneur national qui disposerait à la fois d’un joueur jeune et expérimenté.

Essaïd Belkalem, le talent, la jeunesse et la classe

Il est le benjamin de ce quatuor, le «mazouzi» comme on dit chez nous, mais le plus important chez Essaïd Belkalem, c’est qu’il n’est pas seulement la «classe biberon», il est la classe tout court. Essaïd Belkalem a tout pour lui. Il a un caractère et une humilité qui font qu’il peut se fondre dans un groupe sans problème, il a le gabarit et l’engagement physique qui sont les qualités principales d’un défenseur central et l’expérience africaine internationale puisqu’il a fait à la fois partie de l’épopée de la JSK, son club, en Ligue des champions et l’épopée des espoirs d’Aït Djoudi. Vahid Halilhodzic a côtoyé les plus grands et il est difficilement impressionnable, mais il a été impressionné par la condition physique et le professionnalisme par rapport à son jeune âge du défenseur kabyle, à tel point qu’il devait débuter le match amical face au Niger s’il n’y avait pas eu cette vilaine blessure de dernière minute. Belkalem, qui savait pourtant qu’il ne jouerait pas face au Rwanda, au Mali et à la Gambie, Vahid ne l’ayant pas vu à l’œuvre, a pourtant fait un stage et des séances d’entraînement phénoménales avec les Verts. Et grâce au programme d’entraînement de la JSK avec des stages au Maroc et en France, avec le sérieux qui l’anime, Halilhodzic pourra compter sur lui aussi en septembre face aux Libyens. Madjid Bougherra peut se rétablir tranquillement, la relève est là et prête à faire le travail pour l’équipe nationale.

M. B.