L’Etat algérien est passé à la vitesse supérieure dans sa lutte contre la corruption. La célébration du 51ème anniversaire de la fête de la Victoire a été l’occasion pour le chef d’Etat de réitérer la ferme résolution des autorités de réclamer des comptes à ceux qui s’y adonne.
Le dossier « corruption » refait surface en Algérie à l’occasion d’une autre date symbole. En marge du 19 Mars, jour de la Victoire, le chef d’Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, persiste et signe que l’Etat « n’hésitera pas à demander des comptes à toute personne coupable aux yeux de la loi, tout en veillant à recouvrer les droits spoliés ». Déjà le 24 février, date de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de l’union générale des travailleurs algériens (UGTA), le président de la République s’est exprimé sur le dossier de la corruption. Mais la commémoration du 19 Mars, date de signature des Accords historiques d’Évian, semble symboliser la guerre contre la corruption qui ronge l’économie du pays. « La justice jouit aujourd’hui de la compétence qui la conforte dans son action ».
Ce message lu, au nom de Bouteflika, par Mohamed Ali Boughazi, conseiller à la Présidence de la République, en marge du séminaire national sur « l’évolution de l’Armée de libération nationale (ALN) durant la Révolution du 1er Novembre 1954 », organisé à Tébessa , est clair et sans ambages. Bouteflika qui s’est voulu rassurant quant à ses aptitudes d’assurer la protection de l’économie et les sources de revenu du pays contre ce mal rongeur, durcit le ton. Ceux qui s’enrichissent, donc, illégalement sur le dos de leur concitoyens et au préjudice des deniers publics, auront à faire à la force de la loi qui « s’appliquera dans toute sa rigueur car l’État est déterminé à imposer le sérieux et l’intégrité dans le travail et n’hésitera pas à demander des comptes à toute personne coupable aux yeux de la loi, tout en veillant à recouvrer les droits spoliés ».
Malversations devenues banales
En Algérie les malversations sont devenues par la force des choses banales au point où il n’y a aucun projet réalisé sans saignée et sans trou béant dans le budget de l’Etat. Il n’est aussi étranger pour personne que les projets inscrits dans la dynamique de reconstruction nationale entamée il y a dix ans dans le pays ont tous nécessité des budgets additifs. Ce que même le premier magistrat du pays semble reconnaître. « Des erreurs et des lacunes ont émaillé la réalisation de certains projets : nombre de ces défaillances peuvent être expliquées par diverses raisons alors que pour d’autres un examen minutieux s’impose à l’effet de demander des comptes à ceux qui ont failli à leur mission, quels que soient leurs postes ».
Beaucoup de hauts cadres de la nation ont tiré des dividendes du pays, devenu depuis l’embellissement financier, une vraie vache à traire. Ils ont acquis des biens immobiliers se chiffrant à des millions d’Euros dans des quartiers chics des principales villes européennes. Aussi, les représentants du peuple ont fini par courber l’échine et s’emploient à défendre leurs intérêts. L’assemblée de gloutons qui leur sert de tribune d’expression par excellence est devenue une simple chambre d’enregistrement alors que le pays est au bord de la faillite.
Ce réveil tardif de la machine judiciaire suscite quand même de l’espoir parmi les Algériens qui veulent voir les hauts responsables du pays traîner devant les tribunaux. « La victoire mémorable dont nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire n’était autre que le prélude d’un nouveau processus historique, en l’occurrence le combat pour la construction du pays qui puisera l’intégralité de son essence dans cet esprit qui a marqué le processus de recouvrement de la souveraineté nationale pour soustraire le pays de l’occupation étrangère », a laissé entendre le chef de l’Etat. Cette volonté qui l’anime de mettre l’intérêt de la nation au-dessus de toute autre considération ne semble pas s’user puisque même la société civile commence à en prendre conscience.