Algérie : Les procès pour terrorisme discrédités par les retards (HRW)

Algérie : Les procès pour terrorisme discrédités par les retards (HRW)
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L’Algérie a encore une fois été épinglé par une Organisation Non Gouvernementale (ONG) internationale, mais cette fois sur un secteur spécifique; celui de la justice. L’organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a, en effet, remis en cause dans un rapport certains procès pour terrorisme en Algérie, notamment pour les retards accusés pour porter devant la justice d’importantes affaires de terrorisme

« Les retards accusés par les autorités algériennes pour porter devant la justice d’importantes affaires de terrorisme portent atteinte au droit des inculpés à un procès équitable » indique HRW évoquant l’affaire de l’enlèvement de 32 touristes européens dans le désert algérien 2003, dont s’est rendu coupable le groupe terroriste dirigé à l’époque par Abderezzak El Para, de son vrai nom Amari Saïfi.



«Le président Abdelaziz Bouteflika parle souvent de la réforme de la justice, pourtant quand il s’agit de juger des terroristes présumés, la réforme ne se traduit pas encore par l’équité », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

L’affaire de l’enlèvement de touristes en plusieurs procès

LG Algérie

Pour cette ONG américaine, suite à la levée de l’état d’urgence l’année dernière, « l’Algérie a enfin traduit en justice des hommes placés en détention secrète pendant des mois ou des années », notamment l’affaire d’El Para en détention depuis 2004.

« Le système judiciaire a divisé l’affaire de l’enlèvement de 2003 en plusieurs procès. Certains ont été mis en suspens pendant plus d’un an parce que le tribunal a refusé les requêtes de la défense de citer comme témoin le meneur présumé de l’opération, qui est en détention », en l’occurrence El Para, a souligné l’ONG.

«L’Algérie doit montrer que même ceux qui sont accusés de crimes odieux ont accès au système judiciaire », a conclu Sarah Leah Whitson dont l’organisation a évoqué la violation du droit d’Abderezzak El Para d’assister à son procès.

El Para jugé et condamné par contumace alors qu’il était en détention

« Bien qu’il soit avéré que Saïfi était détenu au secret à partir de 2004, les tribunaux algériens l’ont tout de même jugé par contumace. Ils l’ont condamné à mort lors d’un procès, et à la prison à vie lors d’un autre, violant ainsi son droit d’assister à son propre procès »est-il affirmé dans le rapport.

HRW aborde dans le même dossier la présentation d’El Para devant un juge d’instruction en 2011 et son transfert à la prison de Serkadji, en précisant qu’il n’a toujours « pas été présenté devant un tribunal, alors que la loi algérienne lui donne droit à un nouveau procès après les condamnations in absentia » et que les juges ont également refusé « de le citer comme témoin dans les procès des hommes qui étaient supposés être sous ses ordres lors de l’enlèvement ».

«La façon de traiter Amari Saïfi suggère que dans les grandes affaires de terrorisme, les tribunaux ne sont pas disposés à respecter les droits des inculpés, ou bien en sont incapables », a déclaré Sarah Leah Whitson estimant que «les tribunaux devraient respecter le droit à un procès en bonne et due forme, en citant des témoins et en jugeant les inculpés sur la base d’un examen objectif de toutes les preuves disponibles. »

Aucune enquête sur les allégations de torture

Human Rights Watch a également abordé le cas de Malik Medjnoun et Abdelhakim Chenoui qui ont passé 11 ans en détentions provisoire et qui sont accusés de complicité dans l’assassinat en 1998 du chanteur engagé Matoub Lounes, près de Tizi Ouzou.

Dans cette affaire, les accusés ont été condamnés en juillet 2011 à 12 années de prison et ont récemment purgé leurs peines. « Les deux hommes ont déclaré qu’ils étaient innocents et qu’ils avaient été torturés pendant des mois en détention secrète, avant d’être traduits en justice en 2000 et inculpés » a souligné l’organisation qui a précisé qu’elle « n’a trouvé aucun signe indiquant que le tribunal avait enquêté sur les allégations de torture ».