En Algérie le malaise s’installe à l’université. Le courroux et l’ire des étudiants s’exacerbent et s’étend avec un effet boule de neige sans précédent. Sit-in, marches et rassemblements sont l’unique mode d’expression laissé à la communauté estudiantine.
Le mouvement de grève déclenché par les étudiants des différentes universités, auxquels se sont joints ceux des huit grandes écoles, n’est pas près de connaître son épilogue.
L’université connaît un malaise profond : grèves continues et qui perdurent, avec des incidences inévitables sur la pédagogie, franchises universitaires bafouées, insécurité grandissante dans les campus et les citées U, banalisation de la violence au sein même de la famille universitaire, notamment entre les étudiants. En termes plus exhaustifs, la situation se complique davantage et s’enlise. L’annulation du décret 10-315 n’a pas apaisé la colère des étudiants. Au contraire, ces derniers demeurent mécontents.
Plus que cela, c’est décision qui a eu un effet d’entraînement. Elle est à l’origine de la protestation des étudiants du LMD. Ainsi, le mot d’ordre de la grève est reconduit à l’unanimité par les délégués des différentes universités et grandes écoles, qui se sont réunis dimanche dernier à Boumerdès. Ont pris part à la réunion de la coordination, les universités de Blida, Boumerdès, Oran, Tlemcen, Mostaganem, USTHB, Constantine, Sétif, Chlef, Dély Ibrahim, et les écoles : ENSA, ENSH, ENSP, ENSSEA, ENSSMAL, ENSTP, EPAU et l’EMSI.
« La contestation sera relancée de plus belle, et ce jusqu’à satisfaction de nos revendications », affirme Massinissa, délégué d’Oran. « Des étudiants d’autres universités nous ont fait part de leur élan de solidarité, dont ceux de Tizi Ouzou et de Béjaïa qui sont solidaires et approuvent nos décisions », ajoute le délégué. La proposition de maintien de la grève a été reconduite et adoptée par la majorité.
Selon les délégués contactés par nos soins, un durcissement de ton est à envisager si le ministère de tutelle ne prend pas compte des points soulevés par les étudiants, à savoir la participation des étudiants aux conférences régionales et nationale. « Que voulez-vous, on fait la sourde oreille et on nous répond par la matraque. Si l’on nous répond pas jeudi (aujourd’hui, ndlr), on prévoira des sit-in devant le palais du Gouvernement ou carrément devant le siège de la présidence », réitèrent avec insistance les étudiants. Par ailleurs, les délégués de la coordination ont prévu un point de presse, aujourd’hui, à la maison de la Presse
La fuite en avant organisée de la tutelle
Les étudiants dénoncent le traitement que réserve le ministère de tutelle à leurs revendications. Rachid Harraoubia a récemment promis de prendre en charge le dossier de l’équivalence des diplômes entre le système LMD et le système classique. Il a élaboré, en ce sens, un planning qui s’étale sur trois phases, du 27 février au 27 mars. Les étudiants estiment que cette initiative a visiblement échoué.
Le décret présidentiel n°10-315 du 13 décembre 2010 qui fixe la grille indiciaire des traitements et les régimes indemnitaires et de rémunérations des fonctionnaires. En effet, son abrogation n’a point atténué la colère des étudiants, dans la mesure où elle ne répond pas de manière claire aux doléances des étudiants des différentes spécialités.
De plus, soutiennent les délégués, « elle ne peut être effective (l’abrogation du décret) qu’après sa publication au Journal officiel », a noté Mehdi, étudiant à l’ex- ENI. « La démarche du ministre Harraoubia est unilatérale et n’a répondu aux doléances des étudiants qu’après de longues grèves et sit-in », relève Adel, étudiant à l’EPAU. « La répression violente, devenue monnaie courante dont usent les pouvoirs publics face à la communauté universitaire, est intolérable.
Plus grave, la violence est banalisée, même à l’intérieur des franchises universitaires », s’indigne un enseignant. « Ce qui s’est passé à Bouzaréah est grave. La fuite en avant et la sourde oreille de la tutelle ne régleront rien. Attitudes qui ne creuseront que davantage le faussé entre la communauté universitaire et leur tutelle », fait-il remarquer.