Les récentes déclarations du ministre de l’Intérieur affirmant que le marché noir des devises étrangères ne doit pas être interdit parce que « les citoyens y trouvent leur compte » n’ont pas été du goût des députés.
Hier, à l’assemblée nationale, plusieurs d’entre eux ont critiqué l’existence de ce marché et appelé à la mise en œuvre de la directive 96-08 de la Banque d’Algérie qui régit l’ouverture de bureaux de change légaux.
Plusieurs députés algériens ont interpellé hier le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, sur la position de cette institution vis-à-vis du marché noir des devises, et ce, lors de la présentation de son rapport annuel de conjoncture économique et monétaire pour 2011.
Juste après l’intervention de Mohamed Laksaci à l’Assemblée, l’attaque a été lancée par les députés du Front de la justice et du développement (FJD). La plupart des députés qui sont intervenus lors de cette séance parlementaire ont interpellé le patron de la Banque centrale sur l’existence de ce marché parallèle des devises et sur ce qu’il compte faire pour l’interdire. Rappelant que ce marché est « nuisible à l’économie nationale » ils ont appelé à l’ouverture de bureaux de change officiels.
« La légalisation du marché parallèle des devises est un feu vert donné à la mafia du blanchiment d’argent », a affirmé Lakhdar Ben Khellaf, député du FJD. Il a estimé que cela serait « une reconnaissance des canaux de fraude et un moyen de repousser les investisseurs étrangers qui ne font pas confiance à une monnaie à deux valeurs ». Pour lui, « la tolérance qui semble s’afficher vis-à-vis de ce marché, au moment où la lutte contre les autres marchés informels bat son plein, témoigne de l’absence d’une vision stratégique autour de la gestion financière en Algérie ». « Qu’est-ce qui empêche l’Etat algérien de créer des bureaux de change, alors que la réglementation le permet ? », s’est-il interrogé.
Pour la députée Meriem Derrah, du même parti, il faut mettre en œuvre la directive 96-08 de la Banque d’Algérie qui fixe les conditions de création des bureaux de change et qui devrait mettre un terme à l’anarchie actuelle qui caractérise le marché des devises. Elle a déploré elle aussi « le message politique donnant le feu vert au marché parallèle des devises ». Les députés FLN et de AHD54 n’ont pas été en reste et ont également interpellé Mohamed Laksaci sur les raisons qui font que le dinar algérien soit échangé « en plein air au Square Port Saïd ».
La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, avait mis tout le monde dans l’embarras en affirmant que le marché parallèle du change ne doit pas être interdit car « les citoyens y trouvent leur compte ». « Tout ce qui n’est pas légal doit être interdit », a répliqué le président de la commission des finances à l’APN, Mahi Khellil.