Le Fonds monétaire international (FMI) semble satisfait des efforts déployés ces dernières années par l’Algérie en matière économique, même si les hydrocarbures constituent toujours l’essentiel des revenus du pays.
« Le défi réside dans la diversification de l’économie de l’Algérie », a déclaré Joël Toujas-Bernaté, chef de division du département Moyen- Orient et Asie centrale, à l’occasion d’une conférence de presse animée jeudi dernier à l’hôtel El-Aurassi à Alger.
Le chef de mission, qui a conduit une délégation du FMI dans notre pays du 20 octobre au 2 novembre dernier, dans le cadre des consultations annuelles, a fait état d’une « bonne performance économique » de l’Algérie.
« Dans un contexte de reprise de l’économie mondiale, l’Algérie continue d’enregistrer une bonne performance économique tirée par les dépenses publiques », note le FMI dans un communiqué distribué à la presse.
Le FMI soutient que les politiques macroéconomiques prudentes suivies par le passé ont permis à l’Algérie de constituer une position financière confortable avec des niveaux d’endettement très faibles.
« Les performances macroéconomiques restent solides en 2010 », note encore le Fonds monétaire international, dont le premier responsable, Dominique Strauss-Kahn, avait fait état la veille d’une « croissance économique impressionnante en Algérie ces dix dernières années ».
La croissance hors hydrocarbures devrait atteindre plus de 5% en Algérie, et ce grâce à une bonne performance des secteurs tirés par le programme d’investissement publics (PIP), a déclaré Joël Toujas-Bernaté, qui souligne que la production des hydrocarbures devrait se stabiliser et conduire à une croissance du PIB global de l’ordre de 3,3%.
Pour ce qui est de l’inflation, le conférencier soutiendra qu’elle est en baisse (4,6% en moyenne annuelle) en raison de la baisse des prix des aliments frais, alors que l’inflation hors aliments frais demeure, affirme-t-il, relativement modérée grâce à une politique monétaire prudente, un soutien aux prix de certains produits de base et le contenu élevé en importation des dépenses publiques. Le chef de mission du FMI note encore que la position extérieure de l’Algérie s’est améliorée par rapport à l’année 2009, avec des réserves de change atteignant les 157 milliards de dollars à la fin du mois de septembre 2010.
« Le solde courant s’est fortement amélioré en raison de la hausse des prix des hydrocarbures et une légère baisse des importations », soutient encore la mission du FMI, qui note cependant que malgré l’augmentation des recettes des hydrocarbures, la position budgétaire restera déficitaire en raison d’une augmentation soutenue des dépenses publiques. Toutefois, l’institution financière prévoit une baisse du déficit budgétaire à 4% du PIB en 2010, contre un déficit de 6,8% du PIB en 2009. L’augmentation de la fiscalité pétrolière devrait réduire le déficit budgétaire, prévoit par ailleurs le responsable du FMI pour la région Moyen-Orient et Asie centrale.
LES PRÉVISIONS DU FMI POUR 2011
Le secteur hors hydrocarbure devrait continuer en 2011 à enregistrer une « bonne performance », équivalente à celle de cette année, prévoit le FMI, qui souligne en outre que pour ce qui est des hydrocarbures, le secteur devrait également connaître une légère amélioration de son activité et contribuer à une croissance globale de 3,7%. « La politique budgétaire en 2011 devrait avoir comme principal objectif de poursuivre l’effort de modernisation des infrastructures, tout en continuant à renforcer la maîtrise des dépenses », soutient encore la mission du FMI. Cette dernière conseille cependant que dans le but d’assurer la viabilité à long terme des finances publiques, il serait indiqué de « rationnaliser davantage et de mieux cibler les dépenses publiques courantes, ainsi que de poursuivre le renforcement de la mobilisation des recettes hors hydrocarbures ». L’orientation dominante de la politique monétaire en 2011, est-il indiqué dans le communiqué du FMI, devrait être de continuer à contrôler l’excès de liquidités et les pressions inflationnistes qui pourraient apparaître après les importantes hausses des salaires dans la fonction publique et les principaux secteurs économiques. Le FMI relève en outre que la Banque d’Algérie continue à maintenir le taux de change effectif réel proche de son niveau d’équilibre.
LE DÉFI DE L’EMPLOI ET LES IDE
Comme partout dans le monde, la création de postes d’emplois constitue également un défi pour l’Algérie. « Malgré des progrès importants, le défi principal pour l’économie algérienne demeure de créer suffisamment d’emplois pour les nouvelles générations en s’appuyant sur une diversification de l’activité économique », soutient la mission du FMI, qui note que les perspectives à moyen terme restent favorables, même si « l’activité hors hydrocarbures pourrait se ralentir quelque peu, avec la stabilisation des dépenses d’investissements publics et un secteur privé qui ne semble pas être entièrement en mesure de prendre le relais comme moteur de la croissance ». Dans le but de renforcer les perspectives de croissance à moyen terme pour réduire le taux de chômage et augmenter les niveau de vie des populations, le FMI conseille à l’Algérie de poursuivre son programme d’investissements publics, tout en veillant à son efficacité et à approfondir les réformes structurelles visant en particulier à améliorer le climat des affaires.
L’amélioration du climat d’affaires permettra de développer un secteur privé performant, a fait savoir Joël Toujas-Bernaté. Ce dernier, dans le même cadre, dira que l’Algérie a besoin des investissements directs étrangers (IDE) pour le transfert de technologie et le savoir-faire nécessaires pour le développement et la diversification de son économie. Le responsable du FMI soutiendra par ailleurs qu’en 2009, il a été constaté une baisse de 60% des IDE en Algérie. Les mesures prises par le gouvernement algérien, dans le cadre notamment de la loi de finances complémentaire 2009, ont eu un impact sur les IDE en Algérie, a déclaré le représentant du FMI, qui ajoute plus loin, pour ce qui est du crédit documentaire, que « cela a posé des problèmes d’adaptation mais qu’en définitive la phase de transition est largement dépassée ».
Enfin, le FMI déclare qu’il va continuer à soutenir les efforts importants du gouvernement et de la Banque d’Algérie pour renforcer la solidité et l’efficacité du secteur bancaire. « La mission encourage les autorités à poursuivre leurs efforts d’intégration de l’Algérie dans l’économie régionale et mondiale », conclut le FMI dans sa déclaration.