En l’espace de trois ans, près de 2 000 débits et autres points de vente de boissons alcoolisées ont été fermés, notamment dans l’Algérois, indique une source au niveau de l’Association des producteurs de boissons alcoolisées.
À Tizi Ouzou, durant le seul mois de septembre, dix arrêtés de fermeture de débits de boissons alcoolisées ont été exécutés par la police. Dans la capitale, les autorités mènent une véritable guerre contre les bars et les débits de boissons. Des raisons d’hygiène et de non-conformité à la réglementation régissant le commerce sont venues justifier officiellement ces rétorsions.
Pour le wali d’Alger, Mohamed Kebir Addou, ces fermetures sont tout à fait normales et ne constituent aucun dépassement de la part des autorités. Il minimise également l’importance de l’influence des islamistes sur ces décisions prises par le gouvernement.
« Il n’a jamais été question pour l’administration que nous gérons de céder à un chantage exigeant la fermeture d’un établissement si le propriétaire respecte la loi en vigueur. Encore moins lorsque ce motif est lié à des pseudo-considérations religieuses », affirme-t-il.
Mais Ali Hamani, président de l’Association des producteurs algériens de boissons (APAB), suggère que la décision d’adopter des mesures sévères contre la vente d’alcool a résulté « des poussées d’un mouvement de gens ».
Les islamistes algériens ont récemment redoublé leurs campagnes en faveur de plus de moralité, enivrés par les succès remportés par les religieux dans la région.
30 % des mosquées d’Alger sont passées sous le contrôle des Salafistes, a déclaré à Magharebia un responsable du ministère des Affaires Religieuses, qui a requis l’anonymat.
« La bataille enclenchée par la mouvance salafiste pour s’emparer des mosquées est telle qu’un contrôle rigoureux s’impose », a-t-il indiqué. » Des imams Salafistes sont bel et bien à la tête de quelques mosquées. Des imams qui ne sont jamais déclarés comme étant des Salafistes mais dont les convictions se sont révélées par la suite.
L’ancien membre dirigeant du Font islamique du salut (FIS), Hachemi Sahnouni, en compagnie d’Abdelfatah Zeraoui Hamadache, a appelé les jeunes des quartiers ouvriers à passer à l’action.
« Le nombre des crimes ne cesse d’augmenter, les bagarres sont de plus en plus nombreuses entre consommateurs d’alcools et habitants honnêtes des quartiers », ont fait savoir dans un communiqué écrit en octobre dernier Sahnouni et Hamadache.
Ces deux dirigeants se présentent par ailleurs comme les auteurs de l’initiative « éveil des enfants des mosquées d’Algérie ».
« Nous soutenons et encourageons les comités de quartiers à initier davantage de pétitions et de plates-formes de revendications pour être adressées aux autorités concernées dans le but d’exiger la fermeture définitive des magasins de boissons alcoolisés, considérées comme illicites dans la religion de notre Prophète », poursuivent les rédacteurs de cet appel.
Sahnouni, a démenti les rumeurs selon lesquelles il incitait avec son camarade Abdelfatah Zeraoui Hamadache les comités de quartiers à se révolter contre les bars et les cabarets dans les zones urbaines.
Pour sa part, Hamani, président de l’APAB, met en garde contre les risques de fermeture de commerces légaux qui favoriseraient le marché noir.
« Un bar ou un débit de fermé, ce sont trois lieux clandestins de consommation qui se créent », avertit Hamani. « Concernant l’alcool, la vente clandestine représente un danger. Il faut encadrer et contrôler cette activité. Dans un bar clandestin, il y a aussi la prostitution et beaucoup d’autres activités illégales. La clandestinité va nous coûter très cher. »
« On est des plus favorables à la réglementation de ces commerces mais que celle-ci ne prenne pas des allures de campagnes anti-alcool », dit Hamani.
Hamani ne s’explique pas pourquoi cette même administration qui encouragea les tenanciers de bistrots à maintenir leurs activités durant les années noires du terrorisme travaille aujourd’hui à les décourager.
« L’Algérie n’est pas prête à céder au chantage des islamistes, pour la simple raison que le pays a une amère expérience en matière d’islamisme politique et que le peuple algérien n’est pas prêt d’oublier ce qu’il a enduré à cause de ces gens là », explique la présidente du Parti des Travailleurs Louisa Hanoune.