Algérie : le royaume des intouchables !

Algérie : le royaume des intouchables !
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Ils sont partout et fourmillent tous les secteurs. Ils sont maîtres et imposent leur diktat. Ils font tout ce qu’ils veulent et tout ce qu’ils désirent sans reconnaître ou respecter la hiérarchie. Ils sont là, pace qu’ils ont des protecteurs. Ils ne travaillent pas et ne rendent aucun compte… Ce sont ce qu’on appelle les intouchables !

L’absence de l’Etat dans le sens républicain du terme a donné naissance à une certaine anarchie.

Ils sont partout ces intouchables. Cela commence par un guichetier à la poste ou à la banque, par un agent de sécurité au poste de police d’une entreprise ou d’une administration, par un planton ou un chauffeur d’un quelconque responsable, par un agent administratif dans une administration locale ou centrale, par un enseignant d’école ou d’université…On les voie, on les croise et l’on ferme lâchement l’œil.

L’on est confronté souvent à la nonchalance et au mépris d’un guichetier postier ou banquier qui refuse, au su et eu vu de son chef, de fournir un service sans prétexte fondé. Il balance et transgresse les usagers à sa guise sans qu’il soit rappelé à l’ordre. Il est protégé et son chef est ainsi neutralisé par un haut fonctionnaire protecteur. Parfois le même service refusé pour une personne, est rapidement fourni à une autre personne parce qu’il s’agit d’une connaissance ou d’une amitié. Le guichetier harangue son chef et fait comme si la boîte lui appartient.

L’on est aussi refoulé souvent par ces sentinelles postées aux accès des grandes entreprises, institutions et administrations. Des sentinelles armées jusqu’aux dents d’arrogance et de dédain, repoussent les visiteurs comme de vulgaires intrus. Ils refusent violemment l’accès, même parfois en pleines journées de réception ou en pleins horaire d’entrée. Ces veilleurs empêchent et ferment les passages même dans les cas les plus urgents et ne sont guère inquiétés. Ils ont l’appui et l’impunité pour filtrer et nettoyer, comme eux disent, les portes officielles.

L’on a subi également la violence verbale d’un agent dans un service d’une administration locale, wilayale ou centrale, renvoyant bredouille un demandeur de renseignement. Le fonctionnaire, s’il n’est pas là, arrivera vers la fin de journée, au dernier quart d’heure et n’aura plus le temps pour recevoir quiconque. L’attente se prolonge alors durant des mois et une fois ce fonctionnaire aura été rencontré, il ne fournira qu’à moitié les informations voulues. Il ne les a pas, pace qu’il est coupé de son travail depuis longtemps. Il vient dans l’administration qui l’emploie en touriste, deux ou trois fois par mois. Il est pistonné et il est à l’abri de toute sanction !

L’on observe la passivité d’un enseignant qui pavane, dehors, aux moments des cours, laissant les élèves ou les étudiants seuls livrés à l’anarchie, à la lassitude et au désordre. Sans conscience ni lucidité, l’enseignant en question s’il est en classe, ne fournit pas d’effort et prend à la légère le métier d’inculquer les valeurs et le savoir. Un laisser aller total s’empare de la classe et les esprits frais sont désorientés, désarçonnés, troublés et désemparés. Le maitre ou le professeur a l’esprit démissionnaire parce qu’il a d’autres chats à feuilleter en dehors de l’établissement scolaire ou universitaire qui l’emploie. Il est parachuté, imposé et possède l’immunité qui le protège. Il n’a ni regrets ni remords ni même pas un infime souci de conscience professionnelle !

L’on a encore remarqué le pouvoir que possède un planton ou un chauffeur d’un haut responsable. Ce planton ou chauffeur se comporte en vrai chef en faisant le beau temps et la pluie dans une administration. Il a la permission, plutôt la complicité de son supérieur, pour faire régner la terreur et la peur parmi les autres employés. Il est toujours indicateur et mouchard constituant un véritable confident sur lequel le chef peut compter pour punir et mettre hors état de nuire les mauvaises langues. En contre partie, le planton ou le chauffeur bénéficie d’une protection inégalée le préservant de toute crainte ou inquiétude !

Combiens alors de braves directeurs, d’honnêtes gestionnaires, ou de compétents chefs de service ont-ils payé l’hypocatie de ce système malveillant et malsain ? Ils sont poussés à la porte parce qu’en parallèle, il y a des gestionnaires invisibles qui bloquent, pas par compétence mais par protection et soutien. Ils ont baissé les bras parce qu’ils ne parviennent pas à venir au bout d’un groupe de protégés et d’introduits qui forment une véritable horde pour résister et casser les plus dures volontés. Ils se sont confiné dans un long silence, parce qu’ils se font insulter, crier au visage, outrager et offenser au vu et su de tous, à chaque fois qu’ils tentent de rappeler à l’ordre un épaulé ou un introduit. Ils ont fui le pays pace qu’ils ont marre de subir des humiliations quotidiennes et de leurs subordonnés pourris et de leurs supérieurs impitoyables.

Mais plus grave en remontant la pyramide étatique ! Là, les intouchables sont de véritables roitelets. Ils ne reconnaissent ni les institutions ni les lois de l’Etat qu’ils prétendent représenter. Ces roitelets ont choisi la permissivité au détriment du droit comme mode de fonctionnement. Ils se permettent toutes les folies pour assouvir leurs interminables fins. Ils ont le pouvoir et l’argent alors ils se taillent à leur guise les législations et les règles. Ils ont la mainmise sur tout ce qui bouge et le monopole sur toutes les activités, politiques, économiques, sociales, scolaires, universitaires, commémoratives, culturelles, artistiques…

Le royaume des intouchables est ainsi érigé par un système malsain qui perdure et qui arrange certainement trop de monde. Sa longévité est, de ce fait, assurée. Les intouchables d’en haut protègent et soutiennent ceux d’en bat. Ceux-là en guise de servitude, perpétuent la médiocrité en pourchassant la compétence. Chacun y trouve son compte et l’on ne sait toujours pas combien sont-ils ces intouchables au royaume de l’impunité ?

Zoubir Zerarga