Algérie : Le règne des « tricheurs » !!

Algérie : Le règne des « tricheurs » !!

Quelques informations (vraies ou fausses ? info ou intox ?) récentesqui en disent long sur l’ambiance socio-politique du moment : un responsable d’une grande entreprise publique est mis « sous mandat de dépôt » pour avoir fourni des faux diplômes.

Un individu, se faisant passer pour un officier supérieur de l’Anp (colonel ? général ? et pas de n’importe quel corps,…..du Drs/Mdn, s’il vous plaît ? Décidemment, le culot des « tricheurs » et des escrocs n’a plus de limites lorsqu’on se souvient, il y a deux décennies, que l’on n’osait pas dépasser le grade de capitaine. Officier supérieur, pas touche ! ) est arrêté alors qu’il voulait pénétrer dans une résidence universitaire (de jeunes filles ?).

Des étudiants et/ou anciens étudiants (deux cent personnes environ entre faux bacheliers et témoins) accusés de faux et usage de faux , de corruption et de vaste tricherie. Des responsables universitaires accusés d’avoir permis des inscriptions à des personnes n’ayant pas obtenu leur « bac » ou ayant falsifié leurs moyennes pour accéder à des filières supérieures… etc… etc… On « chuchote » même, dans les couloirs de certains établissements, à propos de diplômes vendus, et de notes généreusement accordées contre ???????.

Des (grosses) gouttes, de plus en plus nombreuses, qui font déborder les vases… d’autant que, parfois, le scandale qui nous éclabousse éclate (comme pour la corruption, par exemple) d’abord…. à l’étranger.

Et, on vous l’assure, cela n’a rien à voir avec « les complots ourdis de l’extérieur ». Car, il y a beaucoup de vrai, ne serait-ce qu’au niveau de la problématique. Depuis l’indépendance du pays, on a connu plusieurs vagues de « tricheurs ». On le savait. On le voyait. On en parlait. On en riait. Parfois même, on applaudissait les prouesses du malfrat.

Un « malin » qui s’est « joué » du beylik ! Comme si ce n’était qu’un simple jeu, celui du « chat et de la souris », Tom et Jerry, chacun ne pensant aucunement à la gravité de la chose et, surtout, aux effets à long terme sur le développement du pays et l’état moral et intellectuel de la société.

Saison 1 :

D’abord, les tricheurs de la Révolution. Tous ceux qui, juste après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, sont « montés au maquis » ou « planqués » à l’extérieur, bien loin des douleurs du pays, sont arrivés, par la suite, à se faire recenser « ancien moudjahid ». Ils ont rejoint la cohorte des filous-faussaires parmi lesquels on retrouve aussi bien le « collabo » que l’opportuniste et l’attentiste. Ceci leur a permis de se placer dans la course aux postes administratifs, de procéder, pour certains, à des alliances avec la néobourgeoisie par le biais d’épousailles « arrangées » et d’accaparer des biens dits « vacants » dans des villes tout d’un coup vidées de leur population européenne. Haja oua Houidja !

Saison 2 :

Ensuite, jusqu’en 1990, la triche des postes et des grades. C’est à qui se fera passer pour un proche du premier cercle des pouvoirs politique et militaire du pays, le clanisme de la « famille révolutionnaire » et de la « famille en uniforme » couvrant toutes les dérives et pardonnant tous les dépassements. Pour accéder aux postes et grades supérieurs, il suffisait d’en être, de manière ou d’une autre. Ainsi, le chauffeur-militant est devenu ingénieur ou journaliste, le greffier a été bombardé magistrat, le moniteur promu professeur, l’agent administratif désigné wali, le simple adjudant a été chargé, par les « services » (? ???), de « l’écoute, du contrôle et du fichage » du citoyen… Aux licences de taxis ou de bars se sont ajoutés les licences universitaires (généreusement octroyées, sans que les « impétrant (e) s » ne suivent un cours) et le nombre de « douktours » a subitement cru…avec des thèses parfois rédigées ailleurs ou par des « directeurs de recherche » étrangers jouant aux « nègres », contre de bonnes et belles vacances en Algérie.

Saison 3 :

Enfin, à partir de 2000, la triche aux attestations communales dépassée et celle des diplômes enfouie dans la paperasserie et la bureaucratie (presque entretenue volontairement pour ne pas permettre de débusquer les « faussaires », devenus des « personnalités respectables » au-dessus de tout soupçon), on est passé à la triche économique et financière. Faux importateurs (de produits de consommation bien souvent contrefaits et douteux, parfois dangereux pour la santé), faux exportateurs (surtout de devises fortes ou de dinars « blanchis »), faux contrats…… vraie double nationalité (le temps de faire « son beurre », puis, en cas de pépin, de se réfugier ailleurs, chez les « protecteurs » anglais ou luxembourgeois ou suisses ou français ou canadiens ou orientaux ou étatsuniens. N’est-ce pas, Messieurs….. ? Excusez, il y a en a trop) 2012-2013 :

L’exception étant devenue la règle, la coupe est désormais archipleine. Elle déborde, avec des conséquences désastreuses pour le pays. Le résultat de ces toutes courses maudites est là, désespérant, stressant, « tuant », mais que nulle prospérité financière ne saurait couvrir, que nulle réalisation goudronnière ou bétonnière ne saurait cacher, que nulle immunité parlementaire ne saurait toujours protéger. Sur le plan économique, les « tricheurs », occupant parfois, sinon souvent, des postes clés de décideurs, passent leur temps à « taper à côté » et, le système politique les « couvrant », ils passent leur temps à aller et à venir dans les fauteuils de « chefs », et au fil de séminaires et des colloques, parfois aux dénominations aussi ridicules que compliquées pour le commun des mortels, et qui nous coûtent « la peau des fesses », nous serinant toujours le même refrain dans des emballages verbeux différents. Résultat, une croissance (parfois forte, parfois faible, mais tout juste moyenne) mais pas de progrès…sauf dans leurs comptes en banque… à l’étranger.

Sur le plan culturel, les « tricheurs » passent leur temps, eux aussi, afin de cacher leur ignorance, à ressasser toujours les mêmes critiques à l’endroit de tous ceux qui « doutent », qui « pensent », qui veulent « être », qui « travaillent », qui « produisent » des biens ou du sens. Bien d’entre-eux ont largement contribué, pour ne pas dire participé à l’éclosion des drames de la décennie rouge. De simples Mouadhen ou Quayim encore imberbes ne se sont –ils pas érigés en « grands » imams, distribuant des fetwas, parfois assassines, à tour de bras. Comme en musique, le « cheb » qui se transforme en « cheikh ». Comme en journalisme, avec le reporter devenant, du jour au lendemain, « éditorialiste

chroniqueur » ou « commentateur ». Comme l’international de foot qui se soit entraîneur national. Comme … Une liste bien longue de dérives comportementales. Sur le plan politique, les « tricheurs » passent leur temps à tomber à bras raccourcis sur tout ce qui gêne leur parcours autocratique.

La démocratie représentative ou participative ou républicaine est leur « tête de turc »…. dès qu’ils ont accès au « koursi ». Sortis par la porte, ils reviennent par les fenêtres. Il est vrai que les « parrains » ont toujours besoin d’un faire-valoir qui, le cas échéant, servira de bouée ou de bouc-émissaire. Certains enseignants et/ ou journalistes ont souventes fois soulevé les problèmes, mais ils furent assez vite soit traités de jaloux et d’envieux, soit d’incapables (malgré leur compétence avérée, c’està- dire bardés de diplômes obtenus à la régulière), soit de « manipulés », soit d’« empêcheurs de tourner en rond ». Parfois « bloqués » dans leur carrière, ils abandonnèrent un combat qu’ils découvrirent presque perdu d’avance… et s’en allèrent mourir, encore jeunes, malgré tout, dans leurs « trois-pièces cuisine », « à petits feux ». Devant la gangrène, on en vient à se poser les habituelles questions liées à la totale incapacité à résoudre le problème ou à notre désormais comportement de « fuyards en avant » : Qui blâmer ? Tous coupables ? Culpabilité d’un système gagné par la pourriture ? Faut-il ouvrir une (autre) boîte de Pandorre au risque de réveiller les démons de l’émeute généralisée ou de la contestation corporatiste ? Conclusion amère (empruntée à Mohammed Beghdad, le Quotidien d’Oran, jeudi 21 février 2013 ) : Khali Elbir Beghtah (Laisse le puits avec son couvercle) ! Encore une fuite en avant. En attendant la saison 4. Une suite ? La dernière ? Le spectacle, désormais en mondiovision, continue !