Algérie – Le pays où l’immolation par le feu se banalise

Algérie – Le pays où l’immolation par le feu se banalise

immolation_senegal1.jpgVoilà une histoire qui ressemble à celle de Mohamed Bouazizi, ce jeune Tunisien qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010, il y a un an. Des Mohamed Bouazizi, il en existe des centaines. Le désespoir et l’humiliation n’a pas de frontière. L’Algérie a son lot d’immolés, ce qui en dit long sur la société algérienne elle-même.

L’histoire du jeune Algérien Mohamed Reghisse remonte au 18 décembre dernier. «Ce jeune lycéen âgé de 18 ans a tenté de s’immoler par le feu après s’être vu refuser le dépôt de sa plainte par un policier à Ouargla, à 800 km au sud d’Alger», rapporte le site Dernières Nouvelles d’Algérie (DNA).

Récit. Mohammed qui s’était récemment offert une moto, se fait arrêté devant un barrage de police. Les policiers lui réclament les papiers du véhicule. Sauf que le propriétaire ne lui a pas fourni les papiers lors de la vente. La moto confisquée, Mohammed retourne chez le propriétaire mais celui-ci refuse de lui donner un quelconque papier. Devant ce refus, Mohamed décide alors de porter plainte contre lui.

Mais ni le commissariat, ni la gendarmerie n’ont accepté d’enregistrer sa plainte. Outre le refus d’enregistrer la plainte du jeune homme, c’est l’accueil méprisant et la provocation des policiers qui ont mis le feu aux poudres. Mohamed menace de se suicider. «Si vous ne prenez pas ma plainte, je vais me brûler», dit-il aux policiers. On lui rit au nez.

«Un policier lui a dit « tu n’as pas de piston et tu n’es pas capable de te mettre le feu ». Ils l’ont provoqué», confie son frère Adel.

«Le jeune lycée quitte le commissariat, y revient avec un bidon d’essence, craque une allumette et se transforme en torche humaine devant les policiers», raconte le site algérien.

Son frère Adel n’apprend la nouvelle qu’en fin de journée et retrouve, après une longue recherche, son frère brûlé au troisième degré. «Ils ont voulu le cacher pour que le scandale n’éclate pas», affirme Adel.

Adel a également voulu porter plainte, mais toutes les portes lui sont fermées. Au bureau du procureur de la République, on lui demande d’aller voir ailleurs. «Ils m’ont dégagé comme un misérable, raconte-t-il . A la wilaya, personne n’a voulu me recevoir ou m’écouter. On dirait que nous ne sommes pas des Algériens comme eux…»