Algérie- Le patronat propose une modulation de la TVA pour maitriser les importations

Algérie- Le patronat propose une modulation de la TVA pour maitriser les importations

Le patronat algérien est favorable au retour du crédit à la consommation, mais hostile à la formule d’autorisation d’importation. Rédha Hamiani, patron du Forum des chefs d’entreprises (FCE), évoque les grands dossiers, dix jours avant la tripartite.

Le président du Forum des Chefs d’entreprises (FCE), principale organisation patronale algérienne, M. Rédha Hamiani, a affirmé mercredi sa préférence à une révision de la TVA pour maitriser les importations. Intervenant au cours d’une émission de radio, M. Hamiani a taclé l’UGTA (Union générale des Travailleurs algériens, principal syndicat des travailleurs), qui avait proposé le retour à la formule de l’autorisation d’importation, en vigueur en Algérie jusque dans les années 1980.

Reconnaissant qu’il est nécessaire de « mettre de l’ordre dans le marché » algérien pour faire face à la «concurrence déloyale » des produits asiatiques, M. Hamiani a affiché sa préférence pour une modulation de TVA plutôt que pour « les mesures administratives ». A l’inverse, il a affirmé son « soutien total » au retour du crédit à la consommation en faveur des produits locaux, une formule également préconisée par l’UGTA. « Le pouvoir d’achat a augmenté, il faut le préserver », mais « au profit de quels produits ?», s’est demandé M. Hamiani. Selon lui, à l’exception de l’industrie automobile, inexistante en Algérie, il est possible d’étendre la formule à tous les autres produits pour encourager la production locale.

M. Hamiani a exposé les positions du patronat en pleine période de préparation de la 15ème tripartite, devant réunir le gouvernement, les syndicats des travailleurs et les organisations patronales. Cette rencontre est prévue à la dernière semaine de septembre ou le 3 octobre, a indiqué M. Hamiani, qui s’est félicité d’un début de coordination entre les organisations patronales. Une rencontre a réuni neuf d’entre elles mardi au siège du FCE, « une première », pour aborder la tripartite en rangs unifiés, a-t-il indiqué.

Deux documents

Le patronat présentera deux documents à la tripartite, a indiqué M. Hamiani. Le premier, « de portée générale », avec un aspect « politique », porte « sur une vision, une organisation de l’économie », pour notamment définir « le rôle de l’industrie et la place des importations ». Le second est « plus opérationnel ». Il contient un « ensemble de mesures » pour, entre autres, « relancer la croissance et améliorer le climat des affaires », a-t-il dit.

M. Hamiani a affirmé la nécessité de « lever les ambigüités sur le rôle de l’Etat » et clarifier « ses interventions » dans l’économie ». Gouvernement et patronat doivent « se mettre d’accord sur le cadre général de l’activité économique », a-t-il déclaré, ajoutant : « On a besoin d’une vision à moyen et long terme ».

Le président du FCE a aussi déploré le traditionnel poids de la bureaucratie. « Le gros problème qui caractérise la gestion des affaires politiques et économiques (en Algérie), c’est le décalage criant entre les annonces et la situation sur le terrain ; entre une volonté politique affichée et les pratiques d’une administration, peut-être pas convaincue », a-t-il déclaré.

Chiffres à vérifier

Cette administration « bloque » les décisions gouvernementales, a-t-il dit, rendant hommage au premier ministre Abdelmalek Sellal. « On apprécie énormément le style Sellal » et son « pragmatisme », a déclaré M. Hamiani, affirmant qu’un « tournant a été pris avec le gouvernement Sellal » avec qui « l’entreprise est réhabilitée ». Avec M. Sellal, « l’emploi, la croissance, la création de richesses, c’est l’entreprise ».

Le patron du FCE a par ailleurs demandé « une reprise, sur de nouvelles bases », du programme de mise à niveau des entreprises. Un plan de quatre milliards de dollars, touchant 20.000 entreprises avait été annoncé. Son application est toutefois restée sans incidence sur les entreprises. Il a aussi contesté le chiffre de 30 milliards de dollars de transferts illicite de devises vers l’étranger. « Ce n’est pas le bon chiffre », a-t-il dit, se déclarant disposé à aborder cette question si le gouvernement le souhaite.