Frappés de plein fouet par une crise mondiale, les Occidentaux voient en notre pays une des solutions à leurs sérieux problèmes économiques.
Qualifié de pays “non fréquentable” durant les années 1990, notre pays redevient aujourd’hui, un membre incontournable. Cette réhabilitation à l’international, rendue possible après avoir payé un lourd tribut, marqué par des pertes en vies humaines et en matériel, a ravivé la flamme de l’amitié et de la fraternité dans l’esprit des autres nations.
Ce qui a poussé souverains, présidents, chefs du gouvernement, ministres et hauts responsables… à multiplier les visites en direction d’Alger. Forums, réunions de commissions mixtes, sessions de conseils d’affaires, colloques, symposiums… les rencontres entre délégations étrangères et leurs homologues algériennes se suivent à un rythme soutenu depuis au moins trois ans.
Une concurrence s’est même imposée entre les pays des quatre continents pour la conquête du marché algérien. Chacun use de tous ses atouts pour tenter de convaincre notre pays à finaliser des accords de partenariat et des protocoles d’accord dans la quasi-totalité des secteurs d’activité. En matière d’investissement, la destination Algérie est ressuscitée si l’on se fie aux récentes arrivées de dirigeants et autres hommes d’affaires de plusieurs pays. Grande-Bretagne, Italie, Espagne, Portugal, Serbie, France… se livrent une bataille diplomatique pour la conquête du marché national, devenu l’attraction de l’heure. Fait nouveau de ce regain d’intérêt pour l’Algérie : les investisseurs n’insistent pas trop sur le secteur des hydrocarbures. Ils tentent, au contraire, de diversifier les domaines d’intervention afin de lancer des projets de partenariat gagnant-gagnant.
C’est le cas des Américains qui, outre les hydrocarbures, réorientent leurs investissements vers la santé où il est prévu la création d’un pôle des biotechnologies dont un accord vient d’être signé avec le ministère de la Santé.
Alger : passage “obligé” des délégations
Le Royaume-Uni, également, veut diversifier ses projets en s’éloignant petit à petit du Sud pour s’approcher davantage du nord du pays. La Grande-Bretagne propose ses services en matière de formations, un domaine qui offre des chances à ce pays comme le fait le pétrole algérien. Même état d’esprit chez les Italiens qui comptent élargir leur coopération à d’autres secteurs.
Ils souhaitent donner une autre dimension aux relations bilatérales. L’envoyé spécial du ministre italien des Affaires étrangères pour la Méditerranée et le Moyen-Orient, Maurizio Massari a, à ce propos, annoncé récemment la tenue, dans le courant de l’année 2012, d’un sommet algéro-italien. L’Espagne n’a pas hésité à envoyer, il y a quelques jours, son chef de la diplomatie, José Manuel Garcia-Margallo, accompagné par le ministre de l’Industrie, de l’Énergie et du Tourisme.
Cette visite s’inscrit dans le cadre de “l’approfondissement” de la coopération bilatérale entre les deux pays. La Serbie, aussi, n’est pas en reste.
À l’issue de la 19e session de la commission mixte algéro-serbe, quatre accords de coopération, dans les domaines de l’investissement, de l’agriculture, de l’eau et du stockage des produits alimentaires, ont été signés, à Alger. Les deux parties avouent que les résultats obtenus au terme de cette rencontre sont à la hauteur des espérances. Les objectifs tracés lors de la précédente session tenue en 2009 ont été atteints. À l’instar de tous les pays européens charmés par l’évolution positive des choses en Algérie, le Portugal veut y concrétiser un bon business. Un groupe d’hommes d’affaires s’est rendu la semaine dernière à Alger afin d’y développer au mieux leurs activités. Conduits par le ministre de l’Économie et de l’Emploi, Alvaro Santos Periera, les opérateurs portugais veulent saisir les opportunités que leur offre le marché national.
Les raisons d’un regain d’intérêt
C’est dire que l’on assiste ces dernières semaines à un véritable défilé de délégations en provenance d’outre-mer. Cela va sans dire que les pays du Vieux Continent ont besoin de nouvelles “aventures” en matière de business. Soumis à une crise financière dont on ne voit pas le bout, ces pays cherchent des solutions pour sauver leur économie en perte de vitesse. Et l’Algérie semble être l’une des pistes les plus prisées actuellement. Ils fondent beaucoup d’espoir sur notre pays afin de redorer le blason, terni par les rapports accablants des agences de notation. Le Vieux Continent en a pris pour son grade… Les USA, également, ont subi le même verdict. L’on a relevé, en effet, la baisse de la note souveraine des États-Unis qui ont perdu leur triple A et la récession dans de nombreux pays d’Europe du Sud.
Après avoir essuyé un affront de la part des États occidentaux les plus industrialisés, qui exprimaient une certaine répugnance pour des échanges commerciaux et exerçaient une sorte de blocus sur notre pays, ne voilà-t-il pas que l’Algérie devient subitement cet eldorado tant convoité ! Pourtant, à l’époque, personne ne donnait cher de la peau d’une Algérie mise en quarantaine.
Or, l’évolution de la situation, caractérisée par une stabilité politique et cuirassée par une flambée inouïe des cours du pétrole, a renversé la vapeur. Ce qui a permis à notre pays de se prélasser sur un matelas de réserves de changes trop confortable de l’ordre de 176 milliards de dollars. Du coup, l’Algérie est devenue un pays solvable grâce à sa manne pétrolière. Il faut reconnaître aussi que le comportement des pays occidentaux n’est pas fortuit. Plusieurs investisseurs étrangers ont été séduits, il faut le dire, par une alléchante enveloppe financière débloquée pour le prochain quinquennat 2010-2014 d’un montant de plus de 286 milliards de dollars.
Le cadre juridique un obstacle ?
Outre les facilitations et autres avantages fiscaux et parafiscaux, le processus de réformes engagées par le gouvernement constitue autant de facteurs qui ont convaincu les étrangers à jeter leur dévolu sur Algérie. Le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, a indiqué récemment que des mesures importantes devant améliorer le cadre juridique de l’investissement en Algérie seraient prochainement prises afin d’accompagner les opérateurs étrangers dans leurs investissements. “Le gouvernement s’attelle, à la lumière du dernier discours à la nation du président Bouteflika, à la mise en place d’une véritable refonte du système juridique afin d’améliorer le climat des investissements et des affaires, en Algérie”, a-t-il assuré, lors d’une rencontre des représentants d’entreprises françaises et algériennes. Pour leur part, les étrangers voient en l’Algérie un marché “potentiellement attractif” et un pays à fort potentiel avec “des ressources excédentaires pour 20 ans, un désendettement remarquable et un tissu économique en pleine expansion”. Pour peu que, nuancent-t-ils, l’environnement réglementaire soit moins complexe. Soit.
Mais l’on est tenté de se poser la légitime question de savoir où étaient ces pays au moment où l’Algérie vivait les pires moments de son existence ? Ces nations, abstraction faite de l’Italie qui a maintenu sa présence en Algérie, la majorité des pays a fui le pays par crainte du terrorisme. Mais comme dit l’adage, en diplomatie il n’y a pas d’amis mais seulement des intérêts !
B K