Au déficit de l’offre (17 millions de tonnes/an pour un besoin annuel de 20 millions de tonnes) s’ajoutent la spéculation et les arrêts intempestifs des cimenteries « pour maintenance ». Autant de facteurs expliquant les pénuries de ce matériau de construction, surtout entre avril et octobre, période de grande activité sur les chantiers. Le gouvernement semble favorable à l’idée d’autoriser les opérateurs à importer eux-mêmes leurs besoins mais il n’en a pas encore précisé les modalités. En revanche, il promet de sévir contre les spéculateurs.
La demande sur le ciment augmente durant la période allant du mois d’avril au mois d’octobre car les chantiers de construction se redynamisent. Les particuliers également profitent des vacances pour effectuer des travaux d’aménagement. C’est l’argument souvent avancé par les officiels pour expliquer « un fait ordinaire » selon eux, qui cause néanmoins de sérieuses difficultés aux entreprises du secteur de la construction.
Pour le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, la « forte » demande sur le ciment durant la période estivale est, certes, à l’origine des « pénuries récurrentes » de ce matériau, mais à elle seule, tout le problème et ce d’autant que ce « fait ordinaire » est prévisible.
Il faut reconnaître qu’il y a un important déficit au niveau de l’offre. Il est évalué à 3 millions de tonnes en moyenne par an, selon Mustapha Benbada, s’appuyant sur un besoin annuel évalué à 20 millions de tonnes pour une capacité de production ne dépassant pas 17 millions de tonnes annuellement.

Les opérations d’importation d’appoint apparaissent comme une nécessité pour combler ce déficit. Cependant, elles n’ont pas été suffisantes. « L’année dernière nous avons importé 1,2 millions de tonnes de ciment. Durant les cinq premiers mois de l’année en cours nous en avons importé 750.000. C’est insuffisant », reconnaît le ministre du Commerce. Ce déficit non comblé, juge-t-il, installe les pénuries, aggravées par des pratiques spéculatives très lucratives et les arrêts intempestifs des cimenteries en activité pour des raisons de maintenance.
Répondre favorablement à la demande des opérateurs
Le triptyque « déficit de l’offre-spéculation-arrêts intempestifs des cimenteries » doit être combattu selon Mustapha Benbada. Pour régler le problème de la disponibilité, le ministre semble répondre favorablement à une des recommandations des entreprises de réalisation, à savoir autoriser les importations de ciment par les opérateurs eux-mêmes. S’adressant aux opérateurs du secteur de la construction, il appelle notamment ceux engagés dans les grands chantiers à « importer des quantités manquantes », sans préciser explicitement les modalités. Pour l’heure, c’est le Groupe industriel des ciments d’Algérie (GICA) qui effectue les opérations d’importation. « Ce sont des opérations limitées », reconnaît-il.
S’agissant du phénomène de la spéculation, le ministre du Commerce opte pour « l’intensification du contrôle et des procédures réglementaires ». Il a rappelé que des instructions ont été données aux services de contrôle « pour ouvrir des enquêtes sur toutes les usines de ciment ». « Il nous a été permis de constater, après les premières opérations de contrôle, que des sociétés virtuelles ou qui ont des projets virtuels s’approvisionnent auprès des cimenteries. D’autres encore demandent des quantités 2 ou 3 fois supérieures à leurs besoins, pour les écouler ensuite sur le marché parallèle. Le travail continue, et ce sont des dizaines d’entreprises qui sont poursuivies en justice », a-t-il révélé.
Concernant les arrêts pour maintenance, Mustapha Benbada a indiqué que ce problème sera pris en charge prochainement par le ministère de l’Industrie pour programmer les opérations de maintenance hors période de forte demande.