Algérie : Le gouvernement s’apprête légaliser le trabendo

Algérie : Le gouvernement s’apprête légaliser le trabendo

Plutôt que de l’éradiquer, le légaliser. Le gouvernement algérien compte donner un encrage légal et juridique à l’activité informelle, autrefois appelée « Trabendo ». Un programme national pour le « traitement » du commerce informel sera mis en œuvre avant la fin de l’année, a estimé dimanche 20 février à Alger le ministre du Commerce, Mustapha Benbada.

Le programme en question sera chapeauté par les départements du Commerce et celui de l’Intérieur et des collectivités locales. Benbada s’est défendu, en marge, d’une réunion avec les cadres centraux et régionaux du ministère, de vouloir légaliser l’activité informelle. « Il ne s’agira pas de légaliser l’informel mais de le traiter et de l’intégrer à travers plusieurs mesures et facilitations gouvernementales », a-t-il ajouté, cité par APS.

Le ministre feint d’oublier que faciliter l’économie parallèle c’est lui donner un caractère légale.

Un groupe de travail composé des cadres des deux ministères a été mis en place en octobre dernier pour identifier ces mesures. Parmi les mesures proposées, M. Benbada a cité « l’autorisation des jeunes commerçants à occuper des espaces aménagés même sans registre de commerce », la délivrance par la commune d’une « carte » qui « peut provisoirement substituer ce registre ».

En outre, et en direction des commerçants activant dans l’informel, le ministre a évoqué « une exemption fiscale temporaire » pour les encourager à intégrer le marché formel.

Le premier à avoir cédé, sous l’emprise de l’ébullition sociale suite au émeutes de janvier 2011, est le président Bouteflika. Lors d’un conseil des ministres, il a donné consigne au gouvernement d’ « alléger » les formalités et procédures destinées au transfert du commerce informel sur la voie publique vers des sites aménagés.

Une enquête récente du Forum des chefs d’entreprises (FCE) établit que « le secteur informel constitue une partie importante de l’économie ».

Cette enquête montre d’ailleurs qu’en 2007 l’emploi informel représentait 32% des 8,25 millions de personnes employées en Algérie. Dans le secteur du commerce, cette proportion passe à plus de la moitié: 592 000 personnes sur 1 140 000.

Les revenus du secteur informel « totaliseraient 17% de l’ensemble des revenus primaires nets des ménages » et se situeraient entre trois et six milliards d’euros, d’après les conclusions du FCE. Le bâtiment, le commerce, les transports et l’artisanat sont les domaines les plus concernés.

L’enquête du FCE note également que ces pratiques encouragent la corruption et suscitent chez le « bon contribuable » un risque de défiance àl’endroit de l’administration fiscale.

Dernière concession en date au profit de ce que les Algériens appellent le business du trabendo? Le 5 janvier 2011, trois jours après le début des troubles qui ont fait cinq morts et 800 blessés, le gouvernement a dû surseoir à imposer aux grossistes l’usage des chèques pour les paiements importants.