Abdelmadjid Sidi Saïd, patron de l’UGTA, connu pour sa démarche conciliante avec le gouvernement et le patronat, vient de franchir un nouveau pas. Il a assisté à l’assemblée générale qui a donné naissance à une « coordination patronale ».
Le secrétaire général de l’UGTA, M. Abdelmadjid Sidi-Saïd, a assisté à l’assemblée générale qui a débouché sur la création de la Coordination patronale algérienne, le 30 septembre. Selon le procès-verbal de la réunion, dont Maghreb Emergent a obtenu une copie, le secrétaire général de l’UGTA a signé le PV de réunion, en compagnie de sept autres patrons d’organisations patronales. Son nom a été ajouté au stylo, au bas de la page, où figure également sa signature.
M. Sidi Saïd a également participé au débat, comme l’atteste le procès-verbal, qui souligne que « les organisations patronales saluent la présence de Monsieur le secrétaire général de l’UGTA et le remercient de sa contribution ».
La réunion a abouti à l’adoption de quatre résolutions, dont la première « déclare solennellement la création d’une coordination patronale algérienne, en vue de contribuer au dialogue économique et social au profit d’un renforcement des conditions de la croissance, du développement des entreprises et de la stabilité sociale du pays».
Le parti pris de l’UGTA
La présence du patron du plus puissant syndicat des travailleurs algériens à une assemblée générale d’organisations patronales, parait à priori incongrue. Mais M. Saïd est très conciliant avec les patrons d’entreprises, et soutient ouvertement le président Abdelaziz Bouteflika et le gouvernement de M. Abdelmalek Sellal. Sa participation à une réunion patronale semble indiquer sa préférence dans le conflit, né entre organisations patronales, alors que l’Algérie prépare la réunion tripartite prévue pour jeudi 10 octobre.
Les organisations patronales voulaient présenter un front uni en vue de la tripartite. Neuf d’entre elles ont organisé une série de rencontres préparatoires pour coordonner leur action. Les divergences et les ambitions étaient toutefois trop grandes, et ce front a fini par voler en éclats. M. Rédha Hamiani, patron du Forum des Chefs d’Entreprises (FCE), l’organisation patronale la plus en vue, a annoncé mercredi qu’il quittait les négociations à cause précisément de la création de cette coordination du patronat, à laquelle le FCE ne veut pas adhérer.
Emiettement du patronat
M. Hamiani a présenté la création de cette coordination comme un coup de force de la part de M. Abdelouahab Rahim, président de l’Union Nationale des Investisseurs, une organisation de création récente mais dont le président apparait comme le porte-parole d’une nouvelle vague de patrons qui veulent s’affirmer. M. Rahim a d’ailleurs hébergé la réunion du 30 septembre, qui l’a chargé de préparer les assistes de la nouvelle organisation patronale.
En assistant à cette réunion, M. Sidi Saïd semble prendre ses distances avec le FCE et se rapprocher d’autres organisations patronales. Il contribue ainsi à l’émiettement du front patronal, qui souffre depuis toujours de ses propres contradictions. Sa démarche semble également appuyée discrètement par le gouvernement. M. Ali Slimani, président de l’Union nationale des entrepreneurs publics (directeurs d’entreprises publiques), organisation qui exprime traditionnellement la volonté gouvernementale, a également assisté à la réunion.