Les chiffres donnés hier par les participants à la journée d’étude sur la protection de l’économie nationale organisée par la commission de défense de l’APN au cercle des militaires ont de quoi donner le tournis.
Il s’agit notamment des flux d’argent qui sont transférés vers l’étranger de manière frauduleuse, des gains tirés de la vente de produits contrefaits ou encore de produits bloqués au niveau des ports parce que non réclamés par leurs propriétaires qui s’avèrent être des prête-noms.
En matière de blanchiment d’argent uniquement, on apprendra de la bouche d’Abdelmadjid Amghar, président de la Cellule du traitement du renseignement financier (CTRF), que la structure qu’il dirige a reçu pas moins de 130 déclarations de soupçons qui lui ont été transmises par des banques et des établissements financiers pour les trois premiers mois de l’année en cours.
Un chiffre apparemment appelé à augmenter puisque, au cours de l’année dernière, la même cellule a reçu 233 déclarations.
Les 363 dossiers douteux représentent près de 7,8 millions de dollars. Des déclarations de soupçons faisant état de mouvements bancaires douteux ou encore de l’incapacité d’identifier la provenance de l’argent de tel ou tel client.
En d’autres termes, de l’argent blanchi qui pourrait être le produit d’un crime (corruption, trafic de drogue). Toujours en matière de blanchiment d’argent, les communicants, lors de cette journée parlementaire, nous apprendront que 400 containers sont bloqués actuellement au niveau des différents ports du pays parce que leurs propriétaires ne se sont pas manifestés, démontrant ainsi qu’en fait ils ont servi de simples prête-noms.
Ce blanchiment d’argent provient aussi du produit de trafic de stupéfiants, de cigarettes et de produits pyrotechniques introduits avec la complicité de douaniers indélicats. Les produits contrefaits représentent à eux seuls la bagatelle de 600 millions de dollars.
Concernant le transfert de capitaux, le représentant de la douane a indiqué qu’en 2008, ses services ont saisi 10 millions de dollars sur des voyageurs. Aussi a-t-il été décidé d’instaurer un système de gestion des risques en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.
Un système qui consiste dans la sélection des opérateurs intègres qui ont pignon sur rue auxquels toutes les facilitations seront accordées.
Le but étant, bien entendu, de se concentrer sur ceux des fraudeurs porteurs de risques. Tout comme il a été décidé d’assainir le corps des commissionnaires en douane, généralement complices dans les fraudes commerciales.
D’ailleurs 900 d’entre eux ont vu leurs activités arrêtées et 100 importateurs ont également vu leurs activités suspendues pour non-paiement d’impôts. Ajoutez à cela la tricherie sur les valeurs, les faux documents ainsi que le paiement d’une partie de la marchandise (par les importateurs) par le circuit bancaire et l’autre partie par la valise.
Le phénomène de la contrebande a été largement évoqué lors de cette journée parlementaire, très instructive au demeurant. Cheptel, carburants, cigarettes, produits alimentaires subventionnés, autant de créneaux qui se sont révélés porteurs et rentables pour les criminels et dont la connexion avec le terrorisme n’est plus à démontrer.