Une fois encore, l’armée Algérienne a manqué son rendez-vous avec l’histoire et avec son peuple. Au moment même où de nombreux pays arabes sont en ébullition par la magie et la grâce de la révolte d’une rue désireuse d’instaurer la démocratie pour en finir à jamais avec l’absolutisme, en Algérie, un nouveau décret, publié dans le Journal officiel du 5 juin dernier, redonne de larges prérogatives aux troupes militaires et place carrément sous la tutelle de l’armée tous les autres corps des services de sécurité ! Et tout ça pour quoi faire ? Et ben, les sous-entendus politiques de ce nouveau décrit ne laissent rien présager de meilleur pour l’Algérie. Jugeons-y.
Désormais, «des unités et formations de l’Armée nationale populaire» seront autorisées à intervenir «en zone urbaine en cas de nécessité» pour lutter contre le terrorisme et la subversion !
La Subversion ? Ce mot qui n’a certainement pas la même définition selon les dictionnaires des peuples et des régimes n’a nullement interpellé la Presse pseudo indépendante. Celle-ci, acquise de fait pour la défense des intérêts des autorités militaires, n’a, à aucun moment, osé émettre une interrogation sur le bien-fondé et la justesse de cette nouvelle mesure ?
Ainsi, les Algériens sont tout de même en droit de se demander pourquoi l’armée impose son contrôle à tous les services de sécurités dont certains relèvent d’une autorité civile comptable de ses actions devant le Peuple Algérien ! Et puis une émeute déclenchée par des jeunes pour protester contre la corruption et la dictature est-elle une subversion ?
Demain, allons-nous assister à un défilé militaire dans nos rues lorsque des étudiants ou des travailleurs décideront de manifester sur les Places Publiques pour réclamer le changement du régime ?
A toutes ces questions, toutes aussi légitimes les unes que les autres, le gouvernement n’a daigné fournir aucune réponse. Et pourtant, au nom de la lutte contre le terrorisme, de nombreuses bavures et violations des libertés publiques ont été commises en Algérie. Souvenons-nous de l’état d’urgence qui a bridé les libertés des Algériens pendant plus d’une décennie au nom du combat contre la terreur. Et aujourd’hui encore, la terreur politique tisse sa toile au détriment de la société Algérienne au nom de la sacro-sainte lutte contre la terreur terroriste ? Mais, voilà, en 2011, printemps arabe oblige, le régime Algérien ne semble pas vouloir changer de musique. Et pour l’énième été, il cherche à nous imposer ce Tube devenu désuet et démodé : «Touchez pas à l’armée, elle vous protège du terrorisme» !
Aujourd’hui, il est clair que face à la vague déferlante de la révolte populaire, le régime militaire Algérien a choisi son camp : il créé pour les nouvelles circonstances sociopolitiques «un état-major mixte présidé par le commandant du secteur opérationnel de l’ANP comprenant le commandant territorial de la Gendarmerie nationale, le chef de sûreté de wilaya, le représentant du Département du renseignement et de la sécurité et le délégué à la sécurité de la wilaya», comme nous l’explique ce nouveau décret.
On croyait que «l’époque des Chars pour mâter le Peuple» était révolue en Algérie. Et ben non chers compatriotes ! La grande muette est sortie de sa réserve et de ses casernes. Demain, il est fort probable que vous apercevrez ses blindés sous vos fenêtres pour vous apprendre qu’il ne faut pas «subvertir» l’ordre établi ! Et qui osera s’opposer à ce nouveau diktat des cercles obscurs du régime ? Enfin une chose est sûre : «la Presse Indépendante» ne pipera mot….
Amine Malik