En Algérie, une grève ou un mouvement de protestation a lieu chaque jour pour dénoncer les injustices sociales. Depuis janvier, régulièrement, des Algériens tentent de se suicider par le feu. Les jeunes sont au cœur de la contestation. Chaque samedi, ils bravent la peur et se ressemblent à Alger.
Indépendante depuis 1962, l’Algérie s’est construite contre le colonialisme français. La colonne vertébrale du pouvoir a toujours été l’armée. Aujourd’hui encore, ce sont l’armée et les services de sécurité qui contrôlent largement le pays. Dans le deuxième plus grand pays d’Afrique, personne n’est vraiment capable de définir leur emprise sur la société. Après la révolte d’octobre 1988, et le coup d’état militaire de 1992, les Algériens savent que le président de la République algérienne continue d’être l’émanation d’un régime autoritaire. Difficile à appréhender. Difficile à identifier.
Pour durer, ce pouvoir a savamment utilisé les divisions de l’opposition, distribué prébendes et privilèges et acheté la paix sociale grâce aux pétrodollars.
Cette réalité explique en grande partie les réticences du peuple à descendre en masse dans la rue, contrairement à leurs voisins libyens, tunisiens ou égyptiens. Les Algériens ont peur de revivre la décennie noire du terrorisme des années 1990 et ses 200 000 morts, selon l’ONG Amnesty International. Peur de replonger dans un nouveau cycle de violence. Et ce n’est pas la levée récente de l’état d’urgence en vigueur depuis février 1992 qui pourra faire changer les choses.
Et pourtant. Jamais peut-être la société algérienne n’a été autant en ébullition. Pas un jour sans une grève, une protestation où une route coupée pour dénoncer les injustices sociales. Depuis le début de l’année, une vingtaine d’Algériens ont tenté de se suicider par le feu. À ce jour, cinq personnes sont décédées. C’est plus qu’en Égypte et en Tunisie.
« Pour que l’Algérie change de système », disent-ils. Ce sont les jeunes Algériens, qui représentent environ 70 % de la population, qui sont au coeur de la contestation.
Depuis le 12 février 2011, Abdou, Soufiane et Marwane participent chaque samedi, malgré l’interdiction, à l’organisation des rassemblements dans la capitale algérienne. Ils ont beau crier leur haine du pouvoir, ils n’arrivent pas à mobiliser la population empêtrée dans son quotidien.
Notre reporter, Luc Auberger, est parti à la rencontre de cette jeunesse qui rêve de se débarrasser d’un régime en place depuis presque cinquante ans. L’Algérie peut-elle être le prochain domino ?