Algérie : La facture alimentaire dépasse les 6 milliards de dollars

Algérie : La facture alimentaire dépasse les 6 milliards de dollars

L’Algérie subit le contrecoup de l’envolée des produits de base sur le marché mondial. Le renchérissementdes cours du blé, de la poudre de lait et des huiles végétales a encore alourdi sa facture alimentaire qui a franchi la barre de 6 milliards de dollars en 2010, contre 5,86 milliards durant l’exercice 2009

Les fortes importations du pays concernent s’une part les laits et les produits laitiers qui ont enregistré un bond de 15,11 % en passant de 862,5 millions de dollars à 992,8 millions de dollars, d’autre part les sucres et sucreries dont les importations se sont accrues de 19,28 %, sont passées de 568,9 millions de dollars à 678,6 millions de dollars.

Les dépenses en céréales – le blé, la farine et la semoule viennent toujours en tête de liste dans la structure des produits alimentaires importés – restent encore élevées malgré une baisse de 15,32 %, sans doute à cause de la hausse des prix mondiaux au cours du deuxième semestre 2010. Leur facture se monte à 1,985 milliard de dollars, contre 2,344 milliards durant 2009. L’Algérie a également accru ses dépenses en légumes secs (+14,14 %) dont le montant est passé de 261,6 millions à 298,6 millions de dollars.

Les statistiques douanières révèlent par ailleurs une diminution appréciable des importations nationales en café et thé de l’ordre de 7,51 % totalisant un montant de 240,2 millions de dollars, contre 259,7 millions en 2009. Les importations des viandes fraîches et congelées ont également enregistré une légère diminution de 1,97 % en passant de 172,2 millions de dollars à 168,8 millions. «Mais cette baisse ne prouve pas une autosuffisance du pays en production des viandes compte tenu de la ration alimentaire moyenne des Algériens en protéines animales», commente slimane Badrani, directeur de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD)

Structurellement déficitaire

Pour cet économiste, l’Algérie restera structurellement déficitaire en produits alimentaires du fait de ses conditions climatiques. Mais des progrès substantiels pourraient être faits pour atténuer la dépendance du pays vis-à-vis du marché mondial. Il a cité l’exemple des légumes secs que l’Algérie importe «alors que les conditions naturelles du pays conviennent parfaitement à la culture de ces produits».

«Cependant les rendements actuels de la production agricole sont encore très faibles, particulièrement dans les zones irriguées, du fait de politiques peu efficaces en matière d’utilisation des intrants, de diffusion des progrès agro-techniques et organisationnels dans l’agriculture», a-t-il fait constater.

Quant au progrès des productions agricoles annoncés de façon «récurrente» par le ministère de l’Agriculture, M.Badrani, estime qu’aucun système fiable des statistiques agricoles n’a encore été mis en place pour les évaluer d’autant que le secteur agricole peine toujours à tirer sa la croissance vers le haut, avec un taux de mois de 4%, même en cas de récolte céréalière exceptionnelle comme celle de la campagne 2009-2010 avec ses 6 millions de tonnes.

Aussi, cette dépendance accrue en matière de produits alimentaires fragilise le même le secteur agroalimentaire qui subit de plein fouet la forte volatilité des prix des matières premières sur les marchés internationaux, étant donnée que bon de ces importations sont des intrants (blé, poudre de lait, sucre roux, concentré de jus de fruits, huiles…) qui servent de matière première pour les entreprises du secteur