Les grandes entreprises industrielles et les sous-traitants devraient dépasser le stade des relations commerciales et s’engager dans une démarche conventionnée, de façon à bâtir un partenariat durable qui soit profitable au tissu industriel national, a indiqué dimanche à Alger le président de la Bourse algérienne de sous-traitance et de partenariat Kamel Agsous.
« Nous avons introduit une demande auprès du ministère de l’Industrie et des mines pour proposer la signature de conventions entre les donneurs d’ordres (ou grandes entreprises), notamment publiques, et les sous-traitants nationaux pour dépasser le stade des relations commerciales entre les deux parties et aller vers un partenariat stratégique permettant de développer le tissu industriel national » a expliqué M. Agsous lors de son passage au Forum d’El-Moudjahid.
M. Agsous a souligné que ces conventions permettraient aux sous-traitants nationaux « d’avoir des marchés et de développer leurs activités en Algérie ce qui augmentera forcément le taux d’intégration national dans les différentes filières de l’industrie ».
« Les donneurs d’ordres procèdent à des appels d’offres nationaux et internationaux pour l’attribution des marchés. Ces appels d’offres sont souvent décrochés par des entreprises étrangères, donc, il faudrait changer de méthode et privilégier la sous-traitance nationale pour l’encourager à émerger à travers un partenariat stratégique entre les donneurs d’ordres et les sous-traitants » a-t-il suggéré.
Faisant un état des lieux, l’intervenant a indiqué que le nombre total des entreprises algériennes activant dans la sous-traitance industrielle ne dépasse pas les 900 entreprises, soit 10% du tissu industriel, un taux « faible » et est « très en deçà » des opportunités qu’offre cette activité en Algérie, en notant au passage qu’en Tunisie ce taux est de 20% et 28% au Maroc où il y a 2.000 entreprises de sous-traitance sur 7.000 sociétés industrielles.
Il a souligné que la nouvelle loi d’orientation sur la petite et moyenne entreprise (PME), adoptée début 2017, était un « atout majeur » pour la promotion du réseau des PME et le développement de la sous-traitance nationale.
Cette loi, a-t-il ajouté, contient des mesures incitatives à la promotion de la sous-traitance qui fait partie d’une stratégie globale de l’industrialisation du pays, et qui vient combler les insuffisances relevées dans l’ancienne loi, déplorant en ce sens « l’échec » du programme de mise à niveau de 20.000 PME mis en œuvre par l’Agence nationale de développement de la PME (ANDPME).
L’intervenant a relevé aussi que sur les 15 dernières années, l’Algérie avait importé pour 240 milliards de dollars de produits manufacturés de l’Union européenne.
M. Agsous a souligné aussi la nécessité de développer la sous-traitance dans l’industrie automobile locale naissante pour « augmenter le taux d’intégration et améliorer la maitrise nationale à travers des partenariats entre opérateurs nationaux et étrangers, permettant la mise à niveau d’abord des entreprises algériennes, mais aussi le transfert de la technologie ».
Il a également appelé les sous-traitants à s’organiser dans des clusters pour « accroître la production de leurs entreprises et garantir l’attractivité de l’industrie nationale », en dépit des contraintes sur le terrain, notamment « le caractère familial des entreprises algériennes et la rivalité qui existent entre elles ».