Il y a quarante-cinq (45) ans, le 29 mai 1967, les unités de l’Armée nationale populaire (ANP) prenaient possession de la base de Reggane, évacuée par les derniers techniciens et militaires français.
Ce fait historique est peu connu par les nouvelles générations dans la mesure où à l’évocation de Reggane, les esprits des Algériens sont tournés vers les essais nucléaires que la France effectuait dans cette région et surtout des conséquences dramatiques de ces essais sur les populations algériennes.
L’évacuation de la base, conformément aux dispositions des accords d’Evian qui concédaient celle-ci à la France pour une période de 5 ans, expirant le 1er juillet 1967, est intervenue quelque peu avant terme.
En effet, dans les Accords d’Evian, l’article 4 de la déclaration de principes relative aux questions militaires, stipule que « la France utilisera pour une durée de 5 ans les sites comprenant les installations d’In Ekker, Reggane et de l’ensemble de Colomb-Béchar-Hamaguir, dont le périmètre est délimité dans le plan annexé, ainsi que les stations techniques de localisation correspondantes… ».
Dans un entretien accordé à l’APS à la veille du 50ème anniversaire des Accords d’Evian, le porte-parole de la délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) à Evian, Redha Malek, a expliqué le fait que la partie algérienne ait toléré que la France utilise les sites de Reggane et Hamaguir pour une période de 5 ans, en soulignant que le GPRA « avait réussi à arracher la reconnaissance par la France de la souveraineté algérienne sur le Sahara ».
La délégation du GPRA, a précisé M. Malek, savait que le président français à l’époque de Gaulle voulait gagner du temps, en menaçant de rompre carrément les négociations, à cause de ces bases militaires que « la France voulait garder sous son contrôle ».
Pour le porte-parole de la délégation algérienne à Evian, « il y avait des compromis à obtenir pour faire avancer les choses et il y avait la question de la souveraineté qu’il fallait continuer à défendre ».
Il s’agissait d’une « grande » négociation au cours de laquelle le GPRA avait accepté une présence française à Reggane et Hammaguir de cinq ans. « La France a quitté ces sites avant l’expiration de la durée initiale », a-t-il fait remarquer.
La date initiale de l’évacuation de la base de Reggane par les techniciens et militaires français était le 1er juillet 1967.
Sur les raisons qui ont poussé les Français à quitter cette base avant terme, M. Malek a tenu à rappeler qu’ »à partir du moment où la France avait tenté de faire exploser une bombe nucléaire après l’indépendance, nous avions protesté et le Nigeria, un grand pays africain, avait rompu ses relations avec la France », a-t-il dit.
D’ailleurs, a-t-il ajouté, c’est cette affaire qui avait précipité le départ des Français de Reggane avant même l’expiration de la durée de leur présence comme c’est stipulé dans les Accords d’Evian.
Le Sahara algérien a été le théâtre de dix-sept essais nucléaires français dont treize essais à In Ikker et quatre à Reggane, selon des études réalisées par des chercheurs algériens.
30.000 victimes sont recensées jusqu’à présent mais ce chiffre n’est pas définitif car les effets des essais se font encore ressentir dans les régions qui les ont abrités.
Le 13 juin 2010, un décret exécutif est promulgué en France en application de la loi Morin sur les conditions et modalités d’indemnisation des victimes des explosions et essais nucléaires français, conditions pour la plupart rédhibitoires quand il s’agit des victimes algériennes, a estimé l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM).
Le peuple algérien attend, dans le cadre de sa relation avec l’ancien Etat colonisateur (France), des excuses et des indemnisations « à la mesure des préjudices qu’il a subi », avait indiqué l’ONM à l’occasion de la commémoration du 52ème anniversaire des essais nucléaires français dans la région de Reggane.
APS