Le terme « Harraga », qui signifie dans le dialectealgérien l’émigration clandestine, désigne ceux qui brûlent leurs papiers officiels une fois arrivés à la rive nord de la mer Méditerranée. Une pratique visant à n’être pas reconnus par les autorités et éviter ainsi d’être expulsés dans leurs pays d’origine.
Ce phénomène, qui se répète au cours de la saison estivale chaque année, a pris des proportions alarmantes ces derniers jours en Algérie.
La semaine dernière, 21 migrants clandestins ont été interceptés au large des côtes de la province de Mostaganem, à 340 km à l’ouest d’Alger, tandis que les garde-côtes d’Annaba (550 km à l’est d’Alger) ont révélé que pas moins de 111 candidats à l’émigration clandestine ont été appréhendés depuis juillet dernier à l’est du pays.
Pour rappel, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a fait état au début de l’année de 1.500 migrants clandestins morts ou portés disparus en 2011 au nord des côtes de la Méditerranée.
Des organisations humanitaires espagnoles ont révélé que 1.464 jeunes algériens avaient tenté de rejoindre clandestinement les côtes espagnoles, dont quelque 800 interceptés par les garde-côtes algériens.
Cependant, 69 migrants clandestins algériens ont été portés disparus, dont cinq cas confirmés morts, selon les mêmes sources.
La multiplication d’embarcations de fortune, qui s’explique en quelque sorte par l’amélioration des conditions de navigation que les migrants essayent de mettre à leur profit dans la recherche d » ’la terre promise », traduit l’angoisse des jeunes sans perspective dans leur pays.
« Le phénomène de l’émigration clandestine doit être perçu comme un signal d’alarme de la part d’une jeunesse désespérée de la vie qu’elle mène », a indiqué le sociologue algérien Nacer Djabi, dans une déclaration au journal arabophone El Khabar.
« Cet état de désespoir poussent ces jeunes à prendre le risque de mourir en mer plutôt que de rester chez eux et endurer une situation qui leur est insupportable », a poursuivi M. Djabi.
Dans le même ordre d’idées, le sociologue a estimé qu »’il y a beaucoup de raisons que je peux résumer dans les conditions de vie difficiles que vivent ces jeunes. Ils ne sont pas rassurés quant à leur avenir dans le pays. Aussi, il y a l’échec des plans successifs des pouvoirs publics, des partis politiques et de la société civile à prendre ce phénomène en considération ».
En 2011, le chômage a atteint un taux de 10% en Algérie, selon l’Office national des statistiques (ONS).
Pour endiguer ce phénomène préoccupant, le gouvernement a légiféré une nouvelle loi qui inflige de deux à six mois de prison, assortie d’une amende de 20.000 à 60.000 dinars (266 à 800 dollars) contre toute tentativealgérienne de manière illégale de quitter le pays par voie terrestre, maritime ou aérienne.