Algérie-France : une nouvelle phase dans des relations axées sur l’économique

Algérie-France : une nouvelle phase dans des relations axées sur l’économique

Algériens et Français ont ouvert lundi et mardi une nouvelle phase dans leurs relations à l’occasion d’un Forum de partenariat à Alger rassemblant 700 entreprises des deux pays et avec la signature de deux accords en négociations depuis des années.

Les qualificatifs tels que “période où les relations sont à la fois apaisées, pragmatiques, opérationnelles” ou “nouvelle étape de coopération” prononcées par l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin et envoyé spécial du président Nicolas Sarkozy pendant ses deux jours de visite témoignent de la satisfaction française. Symbole fort du côté algérien: pour la première fois depuis 1962, année de l’indépendance de l’Algérie après de longues années de guerre contre le colonisateur français, un Premier ministre, en l’occurrence Ahmed Ouyahia, a accepté mardi une invitation à déjeuner à la résidence de l’ambassadeur de France. M. Ouyahia et quatre de ses ministres étaient les invités de M. Raffarin venu à Alger avec le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur Pierre Lellouche. Les discussions ont duré plus de trois heures et demie “dans un climat de grande franchise et de vraie amitié, tout cela dans un partenariat qui augure d’une nouvelle étape dans les relations franco-algériennes”, a déclaré M. Lellouche dans une conférence de presse. Dans ce contexte, Français et Algériens ont collaboré à l’organisation du Forum du partenariat a drainé jusqu’à mardi soir 700 entreprises françaises et algériennes et a permis la prise de 4.500 rendez-vous. “Depuis deux ou trois ans c’est l’opération la plus importante qu’on ait faite”, a déclaré à l’AFP Christophe Lecourtier, directeur général d’Ubifrance, l’agence française pour le développement international des entreprises, co-organisatrice avec les autorités algériennes, MM. Raffarin et Lellouche de cette opération. “Une fois les flon flon de la fête terminés… il reste à faire que les petites pousses qui ont germé durant ce forum puissent grandir”, avec le concours de la partie algérienne, a ajouté M. Lecourtier. Dans un communiqué, les Français ont indiqué que les échanges “les plus importants et les plus fructueux avaient été enregistrés dans huit filières”, dont le BTP, l’agroalimentaire, l’équipement industriel, les TIC. Pour l’heure, les gros dossiers dont était chargé M. Raffarin sont presque bouclés et il a fini sa mission qui l’a mené à trois reprises en Algérie depuis sa nomination à la fin de l’an dernier. A l’occasion de cette dernière visite, les deux parties ont signé deux accords en négociations depuis des années, le rachat par Saint-Gobain de leader de la verrerie algérienne Alver, lundi, et un accord de partenariat faisant entrer Axa sur le marché algérien. Reste trois dossiers “stratégiques” qui devraient être conclus “dans les mois qui viennent”, selon le communiqué. Celui de Renault, en négociation sur les aspects commerciaux, pour produire 150.000 voitures. Le projet avec Lafarge, qui a élargi le champ de son partenariat avec le groupe public GICA, notamment dans le béton prêt à l’emploi. Enfin Total Pétrochimie, qui s’est mis d’accord avec le groupe public des hydrocarbures Sonatrach notamment pour un projet de vapocraqueur d’éthane à Arzew, dans la préfecture d’Oran, à environ 400 km à l’ouest d’Alger. Ce projet est susceptible de créer près de 30.000 emplois et de créer une nouvelle filière industrielle (pétrochimie et plasturgie) particulièrement structurante pour l’avenir.

Selon M. Lellouche, les projets réalisés et en cours dépassent largement les 5 millards d’euros d’investissements annoncés par le président Sarkozy lors de sa visite à Alger en 2007: 2,5 mds d’euros sont déjà investis et avec les autres projets en cours, il faut y ajouter “au moins 4 ou 5 mds EUR supplémentaires”. Mais il a appelé à de la transparence de la prévisibilité pour les entreprises se demandant si les partenariats devaient être fixés par la loi des 49/51. “Il faut laisser le plus possible de flexibilité”, a-t-il plaidé. Par Béatrice KHADIGE pour l’AFP