Algérie-France : Quel sort pour le canon « Baba Merzoug » ? 

Algérie-France : Quel sort pour le canon « Baba Merzoug » ? 
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Dans son rapport sur « les questions mĂ©morielles portant sur la colonisation et la guerre d’AlgĂ©rie »,  l’historien français Benjamin Stora n’a pas Ă©voquĂ© le sort de l’emblĂ©matique canon « Baba Merzoug » (La Consulaire), volĂ© Ă  Alger en 1830 et Ă©rigĂ© Ă  Brest en France. 

Le rapport de Benjamin Stora sur « les questions mĂ©morielles portant sur la colonisation et la guerre d’AlgĂ©rie », remis le 20 janvier passĂ© au PrĂ©sident Emmanuel Macron, a abordĂ© la question du cĂ©lèbre canon « Baba Merzoug », volĂ© Ă  Alger au lendemain de la colonisation française en 1830, et dressĂ©, depuis, au port de Brest en France, et a recommandĂ© la « crĂ©ation d’une commission franco-algĂ©rienne d’historiens chargĂ©s d’Ă©tablir l’historique de ce canon et de formuler des propositions partagĂ©es quant Ă  son avenir ».

Dans un entretien accordĂ© au mĂ©dia Ouest France, l’historien français Jean-Yves Guengant a fait part de quelques hypothèses relatives Ă  l’avenir de cette emblĂ©matique pièce d’artillerie.

Pour l’historien, la première hypothèse s’articule autour de la mise en valeur de ce symbole historique Ă  Brest. « Il faut mettre en valeur le monument en dĂ©gageant sa visibilité », a-t-il estimĂ© en rajoutant qu’ « il faudrait adjoindre des panneaux explicatifs sur le boulevard Jean-Moulin, et renforcer la prĂ©sentation qui en est faite au musĂ©e de la Marine ».

LG Algérie

En effet, le canon « Baba Merzoug » pèse pas moins de douze (12) tonnes de bronze et mesure sept (7) mètres de long, Ă  l’Ă©poque, il pouvait projeter des boulets de quatre-vingts (80) kilos Ă  près de cinq (5) kilomètres de portĂ©e.

La seconde hypothèse de l’historien Jean-Yves Guengant suggère « la concession d’une parcelle du territoire national Ă  l’AlgĂ©rie », ainsi, « l’AlgĂ©rie deviendrait propriĂ©taire du canon mais pour le prĂŞter Ă  la France et donc Ă  la Marine. Ă€ charge pour elle d’en assurer l’entretien ». Pour appuyer sa proposition, l’historien a avancĂ© l’exemple du monument amĂ©ricain installĂ© cours Dajot.

Enfin, Jean-Yves Guengant a Ă©voquĂ© le retour du canon « Baba Merzoug » en AlgĂ©rie, et a estimĂ© qu’ « il est temps de rendre le canon et de voir ensemble ce qui se fera ici en compensation ». « Pourquoi pas avec une rĂ©plique qui resterait Ă  Brest ? », a-t-il suggĂ©rĂ©.

Me Benbraham appelle à la restitution de « Baba Merzoug »

Lors d’un entretien accordĂ© au mĂ©dia Arab News en français, Me Fatma-Zohra Benbrahem, PrĂ©sidente du ComitĂ© National pour la restitution de « Baba Merzoug », est revenue une nouvelle fois sur la question de sa restitution, jugeant que « l’AlgĂ©rie est en droit de demander cette pièce ».

Dans ce mĂŞme sens, l’avocate a affirmĂ© que « c’est un dossier extrĂŞmement important sur plusieurs plans. Tout d’abord sur le plan historique, sur le plan culturel mais aussi sur le plan mĂ©moriel ».

Par ailleurs, la PrĂ©sidente du ComitĂ© National pour la restitution de « Baba Merzoug » a rappelĂ© qu’ « au lendemain de la colonisation de l’AlgĂ©rie, l’amiral DuperrĂ© et le gĂ©nĂ©ral de Bourmont l’ont transportĂ© en France tel un vĂ©ritable « trophĂ©e de guerre », rebaptisĂ© « La Consulaire », le canon a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©, en 1833, en colonne sur un socle de granit dans le port de Brest, avec un coq placĂ© en son sommet pour symboliser la France ».

Me Benbraham n’a pas manquĂ© de souligner que « ce canon a aussi servi Ă  humilier dĂ©libĂ©rĂ©ment la France », rajoutant que « la marine française de l’époque ne voulait pas introduire cet ennemi redoutable dans ses bâtiments », c’est pourquoi  il a Ă©tĂ© Ă©rigĂ© « en dehors des bâtiments de la marine, sur un parking, alors que, gĂ©nĂ©ralement, les pièces prestigieuses sont placĂ©es dans la cour ».