« Le projet du président Sarkozy, c’est clair, c’est de construire une relation durable et où on se fait confiance pour mettre en oeuvre un partenariat de manière concrète et pragmatique. »
C’est ce qu’a affirmé dimanche la secrétaire d’Etat française chargée du Commerce extérieur, en visite à Alger pour deux jours. Dans un amphithéâtre plein à craquer d’étudiants de l’Ecole supérieure algérienne des Affaires, Anne-Marie Idrac a souligné la disponibilité de la France à soigner sa relation avec l’Algérie.
« C’est pour cela, a-telle dit, que le président Sarkozy a désigné, une personnalité pragmatique comme M. Raffarin. » Par la voix de sa secrétaire d’Etat au Commerce, Paris estime aussi, que « l’Algérie est pour nous, une très grosse partie d’exportations vers l’Afrique mais aussi de création de PME. » La responsable française a fait savoir au passage que « le ministre du Commerce m’a confirmé le souhait de l’Algérie à adhérer à l’OMC, c’est-à-dire que c’est un choix clair du gouvernement algérien. » Elle fera part surtout de la volonté de la France à vouloir investir en Algérie.
« Notre message, nous voulons investir en Algérie sur le long terme, les projets qui m’accompagnent sont tout à fait en écho avec ce que nous disent les responsables algériens, à savoir réduire la dépendance du marché algérien vis-àvis des produits importés, c’est tout à fait normal, c’est tout à fait légitime (…) »
Le gouvernement français prend donc acte des demandes algériennes en matière de partenariat et le fait savoir par l’intermédiaire de sa secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. « Nous connaissons les atouts de l’Algérie, vous connaissez les capacités et les atouts de la France (…).
Les grosses entreprises françaises qui m’accompagnent ont des projets dans le tuyau pour plusieurs milliards d’euros et plusieurs milliers d’emplois. » Anne-Marie Idrac insistera sur les capacités des Français à former les Algériens et leur assurer l’expertise nécessaire pour manager leurs entreprises. A cet effet, des accords seront signés entre les parties algériennes et françaises entre autres avec les services de douane et le ministère des Finances. Il est aussi prévu la création d’une école de trésor algérienne. « On peut faire du gagnant-gagnant, nous pouvons faire profiter l’Algérie des transferts technologiques, des expertises et de la formation, » a indiqué la responsable française.
Ancienne responsable de la SNCF (Société nationale des chemins de fer), Anne-Marie Idrac est rompue au travail en milieu d’entreprise et en connaît ainsi les exigences de la performance et du rendement économique.
« Les entreprise françaises ne sont pas là pour faire passer un message de récrimination ni de doléances, encore moins de jugement, c’est un message pragmatique tourné vers les projets, » a-elle répondu lorsqu’il lui a été demandé si les dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009, reconduites dans celles de 2010, ne freinent pas l’élan des investisseurs français qui veulent travailler avec l’Algérie.
« LES QUESTIONS POLITIQUES SE RÉGLERONT »
« Nous ne sommes pas là pour apprécier la politique économique du gouvernement algérien, ce qui nous intéresse, et je pense que c’est ce que va faire M. Raffarin – je vais d’ailleurs demander au Premier ministre comment il voudrait travailler avec lui- c’est d’avoir une approche pragmatique sur la manière avec laquelle telle ou telle entreprise voudrait développer son projet. Tout le monde a besoin de stabilité, » a-t-elle souligné.
Elle tiendra à rappeler que « la France est le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie avec plus de 400 entreprises, 30.000 emplois directs et on peut dire près de 100.000 indirects. » Elle annoncera la tenue, au premier semestre 2011, d’un forum d’hommes d’affaires des deux pays. « J’ai déjà mobilisé en France, notre agence des exportations pour ça, » a-t-elle dit.
Pensez-vous que l’Algérie et la France pourraient travailler ensemble sur des questions économiques tout en élaguant les questions politiques qui ne sont pas résolues alors qu’elles sont le socle même de leurs relations ? Lui avions-nous demandé. « Nous sommes pragmatiques, il y a des questions politiques, elles se régleront, » se contentera-t-elle de répondre.
LA FRANCE POUR UN NOUVEAU BRETTON WOODS
« Cette école est l’une des meilleures du continent, » a-t-elle commencé par dire, tout à fait au début de son intervention, devant les élèves de l’Ecole supérieure algérienne des Affaires. Elle s’est même vue comme étant la marraine de la promotion de cette année parce que, a-telle indiqué aux élèves, « j’inaugure votre rentrée scolaire. »
Elle leur a fait savoir que les Français sont prêts à « former les managers et les techniciens de manière à contribuer au développement de l’Algérie. Je sais que nous avons des concurrents dans cette zone, Chinois, Indiens, Amérique Latine, mais nous avons la chance d’avoir la meilleure école du continent, » a-t-elle encore dit.
Elle leur parlera longuement du G20 présidée actuellement par la Corée « mais que la France présidera à partir du 12 novembre prochain. » Anne-Marie leur rappellera que « l’Algérie est associée au G20 par l’intermédiaire du Nepad qui regroupe les puissances économiques de l’Afrique.
» La France, a-t-elle, affirmé « est ouverte à toutes les participations pour qu’il y ait d’autres partages de responsabilités en terme de droits et de devoirs. » Pour elle, les priorités du G20 sont la réforme du système monétaire international
« même en créant un nouveau Bretton Woods comme l’a dit le président Sarkozy », mettre en place des instruments pour lutter contre la volatilité des monnaies « pas par un taux fixe de change » et lutter contre la volatilité des matières premières « c’est-à-dire avoir la visibilité qu’il faut pour pouvoir investir, y compris pour ce qui est du gaz et du pétrole. » Tout en rappelant que le G20 est un forum qui traite de questions économiques et financières et dans lequel « on pourrait associer d’autres pays comme l’Algérie », elle reconnaîtra quand même qu’« il n’y a pas de solution miracle » pour corriger les nombreux dysfonctionnements de l’économie mondiale.
La responsable française estime qu’il serait peut-être préférable « de créer un secrétariat pour écrire les textes et pour mâcher le travail pour pouvoir prendre de bonnes décisions. »
Elle appelle à cet effet, en même temps à une coopération institutionnelle entre le G20, l’OMC, la FAO, l’OMS … La secrétaire d’Etat française a voulu rassurer en affirmant hier, que « nous avons l’intention de continuer à travailler sur des projets de développement, la France continue d’être très en avant concernant l’Afrique, que ce soit pour la sécurité ou le développement. »