Algérie – France : nouveau dérapage d’un ministre français au sujet de la colonisation

Algérie – France : nouveau dérapage d’un ministre français au sujet de la colonisation
Philippe Tabarot ministre france Algérie

Invité ce vendredi sur CNEWS, Philippe Tabarot, ministre français des Transports, a pris position sur la question sensible de la mémoire coloniale et sur la possible remise en cause des accords de 1968. Ses propos, tranchants et assumés, ont relancé la discussion sur la nature du lien entre Paris et Alger.

« On n’a pas à s’excuser du passé, ni du présent », a déclaré Philippe Tabarot dans La Grande Interview sur CNEWS. Interrogé sur la pertinence de maintenir les accords franco-algériens de 1968, le ministre a jugé que la France n’avait pas à « se justifier de ce qu’elle est », ni à entretenir une diplomatie fondée sur la repentance.

Cette prise de parole intervient dans un contexte où plusieurs responsables politiques, à droite comme au centre, demandent une révision de ces accords jugés déséquilibrés. Certains estiment qu’ils confèrent aux ressortissants algériens un statut migratoire plus avantageux que celui des autres étrangers. Philippe Tabarot a, pour sa part, défendu une ligne de fermeté et de « clarté », considérant que la France devait assumer son histoire sans pour autant « s’en excuser éternellement ».

Il a également précisé que ce type de dossier, bien qu’extraterritorial à son ministère, « s’inscrit dans une logique de souveraineté nationale », et qu’il est légitime pour tout membre du gouvernement d’exprimer une position sur un sujet aussi structurant pour les relations internationales.

Les accords de 1968 entre la France et l’Algérie : qu’est ce que c’est ?

Signés le 27 décembre 1968, les accords franco-algériens ont pour objectif d’encadrer la circulation, le séjour et le travail des ressortissants algériens en France. À cette époque, l’Algérie venait d’obtenir son indépendance depuis six ans et les flux migratoires restaient importants entre les deux pays.
La France, confrontée à un besoin de main-d’œuvre, souhaitait maintenir un cadre légal pour l’arrivée de travailleurs algériens tout en conservant un lien privilégié avec son ancienne colonie. L’Algérie, de son côté, tenait à garantir à ses citoyens un accès facilité au marché du travail français et à la réunion familiale, éléments essentiels dans un contexte de reconstruction nationale.

Cet accord a donc posé les bases d’un régime dérogatoire au droit commun de l’immigration. Contrairement aux autres étrangers, les ressortissants algériens relèvent encore aujourd’hui d’un statut particulier, régi par cet accord et non par le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA).

Au fil des décennies, les accords de 1968 ont été modifiés à plusieurs reprises notamment en 1985, 1994 et 2001 afin d’adapter leurs dispositions aux évolutions sociales et économiques. Ces révisions ont introduit des ajustements sur les conditions de regroupement familial, la délivrance des cartes de résident ou encore la mobilité professionnelle.

Cependant, ce régime spécifique continue de susciter le débat. Certains responsables politiques français estiment qu’il crée une inégalité juridique par rapport aux ressortissants d’autres pays et réclament sa révision. D’autres y voient un symbole des relations historiques entre Paris et Alger, une forme de reconnaissance mutuelle qui dépasse les simples considérations administratives.

Aujourd’hui encore, ces accords incarnent la complexité du lien franco-algérien : entre mémoire partagée, enjeux migratoires et équilibres diplomatiques. Plus d’un demi-siècle après leur signature, ils demeurent un pilier discret mais essentiel des relations entre les deux rives de la Méditerranée.