Somme toute, le début du «nouvel âge» entre la France et l’Algérie souhaité par François Hollande, lors de son premier déplacement à Alger en décembre dernier, semble se concrétiser, avec les visites des ministres et autres hauts responsables français ainsi que des délégations d’hommes d’affaires et de parlementaires qui ont suivi.
Plus que des signatures portées pour parapher les protocoles d’accords entre les deux pays, sans fanfares, des actions concrètes inscrites dans le moyen et long terme ont été engagées dans le cadre Document cadre de partenariat (DCP) signé en décembre 2012 pour la période 2013-2018, définissant les grandes orientations de la coopération algéro-française et les objectifs à atteindre.
C’est ainsi que concernant le premier volet dudit document qui comprend l’appui au système éducatif algérien et à la formation des cadres ainsi que le soutien à l’enseignement de la langue française et au développement des relations culturelles, deux programmes d’action détaillant les objectifs de la coopération éducative entre les deux pays pour les années à venir ont été signés par le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, Mohamed Mebarki et le ministre français de l’Education, Vincent Peillon, à Alger. Les deux parties ont ainsi exprimé leur volonté d’«ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations» et de placer les enjeux d’éducation et de formation au cœur de leur coopération, notamment à travers la généralisation des technologies de l’information et de la communication à tous les actes de gestion du secteur de la formation, le renforcement des capacités nationales dans le domaine de la formation destinée aux formateurs dans des filières considérées prioritaires, notamment l’agriculture, le bâtiment et les travaux publics (BTPH), l’art graphique et aux gestionnaires des établissements de la formation. En outre, la coopération dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement professionnel entre les deux pays, l’évaluation de l’expérience suivie par les deux pays en matière pédagogique et jeter les bases d’une coopération plus approfondie pour une meilleure prise en charge des élèves, ainsi que privilégier les échanges des expériences dans les domaines d’évaluation et de modernisation des outils pédagogiques et de formation ont été l’essentiel des axes abordés par M. Peillon lors de l’entretien que lui a accordé le Premier ministre Abdelmalek Sellal.
D’autre part, un programme d’actions communes définissant les mécanismes de coopération algéro-française dans le domaine de la formation des formateurs, des cadres et fonctionnaires des collectivités, a été signé hier à Alger par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, et la ministre française de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique. Outre la modernisation de l’administration et des services publics, un protocole de coopération portant sur l’échange de formation des diplomates a également été signé hier entre l’Algérie et la France. Ce protocole «porte sur l’échange de formation des diplomates formés avant de choisir leurs grandes orientations», a déclaré à la presse
Mme Lebranchu. Sur le plan économique, un comité mixte algéro-français (Comefa), a été créé fin mai lors de la visite de Mme Nicole Bricq, ministre française du Commerce extérieur venue à Alger pour renforcer la coopération économique entre les deux pays et suivre les projets de partenariat, notamment dans le secteur de l’industrie.
La ministre qui a réaffirmé la volonté des autorités françaises à maintenir et diversifier les investissements français en Algérie, avait alors indiqué que l’Algérie doit redevenir «une destination naturelle des entreprises françaises», appelant ces dernières à «se saisir immédiatement des opportunités qui leur sont proposées». Toutefois, faut-il souligner que bien que la France demeure le premier partenaire commercial et économique de l’Algérie avec plus de 600 entreprises présentes sur le territoire national dans différents secteurs, il n’en demeure pas moins que les opérateurs économiques français n’affichent pas un grand engouement pour l’investissement direct en Algérie, ce qui vient nettement contredire le discours officiel français qui clame haut et fort sa volonté de développer encore les relations de partenariat et les opportunités d’investissement. Sur le plan sécuritaire, les relations algéro-françaises qui ont montré un certain froid durant de nombreuses années, ont connu une nouvelle dynamique avec la visite à Alger de Claude Baland, directeur général de la police française dont l’objectif principal est «l’échange d’expériences» et le «renforcement de la coopération» entre les polices des deux pays.
Ceci étant, du côté algérien l’on s’attend à plus de réalisations, d’investissements permettant réellement la création de valeurs ajoutées à travers l’emploi, le transfert de technologie et de savoir-faire.
Par Lynda Naili Bourebrab