Entre l’Algérie et la France, c’est le chaud et le froid. Depuis un peu plus de trois ans, et après l’échec de la signature d’un traité d’amitié entre l’Algérie et la France, tout ne roule pas comme il le faut entre deux pays qui, de l’avis de nombreux experts, ont beaucoup de choses en commun.
Certes, les signes de bonne volonté existent. Mais, concrètement, le rythme des relations politiques et économiques entre les deux pays n’est pas celui qu’il doit être. Depuis 2005 en fait, de gros nuages assombrissent le ciel des relations entre les deux Etats. L’assimilation par la France officielle de la colonisation comme ayant été « positive » dans ses colonies, notamment en Algérie, a rouvert à Alger de vieilles plaies, d’anciennes douleurs. C’était à un moment crucial, celui qui devait, sous l’ère Chirac, booster les relations plurielles entre l’Algérie et la France.
Mais la bourde avait été faite, et à Alger, on ne parvenait pas à comprendre une telle attitude, même si le Président d’alors, Jacques Chirac, avait voulu recoller les morceaux. Peine perdue. A Alger, on assimile cela à de la provocation et, dès lors, on laisse aller les choses en « roue libre ».
C’est une fin des années 80 pénible que les partisans d’une difficile refondation vécurent. A Paris comme à Alger, les clignotants perdent de leur intensité, et les visites de ministres deviennent rares, sinon confinées au strict nécessaire. Et les relations économiques restent en fait le seul vrai lien de coopération entre les deux pays.

Le séjour de deux jours de la garde des Sceaux et des Libertés démocratiques française Michèle Alliot-Marie, au-delà de la coopération judiciaire entre les deux pays, a-t-il un autre sens qui voudrait qu’il soit porteur d’un message de « paix » de la part de l’Elysée envers Alger ? A Alger, peu d’indices montrent un réel dégel des relations avec la France. La preuve ? Plus d’un mois après la nomination par Sarkozy d’un Monsieur Algérie pour les questions économiques bilatérales entre les deux pays, Alger, pourtant favorable à cette initiative, n’a toujours pas désigné l’homologue de J.-P. Raffarin. Ce retard a-t-il une autre lecture que celle qui voudrait qu’à Alger on attend des signaux positifs de la France, comme par exemple une politique de circulation des ressortissants algériens plus souple, un volume plus consistant des investissements français en Algérie et, surtout, un signe d’apaisement sur le passé colonial de la France.
Les relations algéro-françaises resteront toujours marquées par cette équation, celle qui voudrait que la France fasse son mea culpa pour les horreurs commises en Algérie. C’est ainsi qu’à Alger, on se presse doucement pour aller à la rencontre d’une France plus soucieuse de ses intérêts, économiques surtout.
Yazid Alilat