Algérie – France : Des relations exceptionnelles à condition…

Algérie – France : Des relations exceptionnelles à condition…

Pour autant, le RND, à travers ladéclaration finale de la 3e session ordinaire, lance une sérieuse mise en garde contre tous ceux qui voudraient troubler l’ordre public.

Le document final souligne ainsi que le RND «refuse de se taire par confort politique, devant la résurgence de certains phénomènes auxquels l’Algérie a payé déjà un prix très grave», et cite notamment «le recours répété à des revendications locales par des voies anarchiques n’ayant pour effet que de porter atteinte à la quiétude de la majorité de la population», «ou de l’abus dans le recours aux grèves, en dépit des acquis sociaux par des travailleurs concernés dans certains secteurs de la Fonction publique, détournant le droit constitutionnel à la grève, et prenant en otage la population privée du service public notamment de l’Education».



Le RND n’omet pas, également, d’épingler «les pratiques spéculatives dans la sphère commerciale, qui rognent sur le pouvoir d’achat des citoyens, génèrent des rentes mal acquises», et tance, dans la même foulée, «des tentatives de certains milieux politiciens de renouer avec les campagnes insidieuses, visant à nuire à l’image du pays, ou à jeter le doute au sein de la population».

Bien sûr, la déclaration finale de cette session revient sur la nécessité de la lutte contre la corruption, et salue à ce propos «la résolution de l’Etat, sous la conduite du président de la République, à combattre toute atteinte aux deniers publics et d’abord le fléau de la corruption». Au plan international, il était attendu que la déclaration finale du parti de M. Ouyahia revienne un peu sur la triste affaire de la libération par le Mali de quatre dangereux terroristes contre celle d’une personne de nationalité française.

Le message du RND est clair : «Le conseil national dénonce vigoureusement le double langage de certains Etats dans la lutte contre le terrorisme pourtant déclarée comme une cause solidaire par toute la communauté internationale, et même codifiée par des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies».

Sans citer nommément ni le Mali, encore moins la France, le conseil national du RND «condamne les compromissions à courte vue avec le terrorisme, à travers la libération de criminels condamnés par la justice de leur pays, en violation de conventions judiciaires, et à travers le paiement de rançons aux terroristes, en négation de la résolution pertinente du Conseil de sécurité prohibant de tels actes».

C’est là une autre occasion pour le parti de l’alliance présidentielle de réaffirmer ses constantes en matière de lutte contre le terrorisme, en exprimant sa «profonde préoccupation devant la propagation du danger terroriste dans la région du Sahel voisine de l’Algérie», avant d’appeler les forces politiques et les gouvernements de la région du Sahel à «soutenir la lutte contre le terrorisme (…) et contribuer à une solidarité régionale contre ce fléau».

D’autre part, le conseil national du RND a demandé à la France et aux Etats-Unis de retirer l’Algérie de la liste des pays dont les ressortissants sont astreints à des mesures restrictives à leur entrée dans les territoires de ces deux pays. Le RND, en fait, «exige des gouvernements concernés la révision sans délai de ces mesures diffamatoires pour le peuple algérien», avant de rappeler à la France que «toute volonté proclamée de bâtir une relation approfondie de coopération avec le peuple algérien ne saurait aboutir sans le préalable de la reconnaissance par la France des crimes qu’elle a perpétrés pendant son occupation de l’Algérie».

CRIMINALISATION DU COLONIALISME, LE PEN ET LE MALI

S’exprimant lors d’une conférence de presse à l’issue des travaux de la 3ème session du conseil national, Ouyahia a déclaré que «les relations algéro-françaises existent depuis le 5 juillet 1962 et leur passage à l’exception, comme cela a été demandé par la France, a un prix et il est connu.

Il y a la question du passé qui doit faire l’objet d’une reconnaissance». Le rehaussement des relations algéro-françaises à un niveau «exceptionnel» passe, ainsi selon le secrétaire général du RND, par la reconnaissance du passé colonial de la France en Algérie et par la question de «l’égalité dans les relations, les intérêts et tout le reste».

S’agissant du projet de loi criminalisant le colonialisme, Ouyahia dira qu’il a été déposé au niveau du gouvernement qui donnera sa réponse dans un délai de 60 jours.

A propos de l’affiche électorale du Front national de Jean-Marie Le Pen, portant atteinte à l’emblème national, Ouyahia a rappelé que ce même parti a été derrière l’attentat à l’explosif perpétré en 1973 contre le consulat algérien à Marseille, ainsi que l’attentat meurtrier contre des émigrés algériens dans cette ville à la même période.

«Le défunt président Houari Boumediene avait décrété alors l’arrêt de l’émigration des Algériens vers la France après ces attentats», a-t-il encore rappelé. «Est-ce que vous vous attendez à mieux de la part d’un criminel ? Subitement, on s’étonne devant ce que fait le FN», s’est-il interrogé. M. Ouyahia a rappelé aussi que Le Pen s’était engagé dans l’armée d’occupation en Algérie durant la guerre de libération nationale, au moment où il était député et qu’»il assimilait cet engagement à un acte de bravoure, lui qui était officier parachutiste et tortionnaire».

«Il est dans une situation où il est rejeté même par les siens», a-t-il fait remarquer. S’agissant des relations avec le Mali, suite à la libération de deux terroristes algériens, M. Ouyahia, tout en relevant le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Bamako pour consultation, a souligné que «les relations entre les deux pays sont très anciennes».

«Ne pensez pas qu’on est entré en guerre contre ce pays voisin avec lequel nous partageons des intérêts très importants», a-t-il dit.

Il a précisé, dans ce cadre, que le problème qui s’est posé avec le Mali, est dû à la libération de «deux terroristes qui ont été arrêtés au moins depuis une année et dont l’Algérie avait demandé l’extradition à maintes reprises».

«Bien que l’Algérie soit liée au Mali par une convention de coopération judiciaire, elle n’a pas eu de réponse à sa demande», a déploré M. Ouyahia.

Yazid Alilat